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tre la coëffe & les tresses de cheveux. Le premier se nomme ruban de tour, & l’autre ruban de plaque.

Ruban des canons des Missels, (Reliure.) les Relieurs mettent à chaque feuillet du canon des missels un ruban plié collé contre le feuillet avec un morceau de papier pour le soutenir. Ce ruban sert au prêtre à lever facilement le feuillet, & le tourner avec les doigts qu’il a en liberté.

Ruban, s. m. (Rubanier.) tissu très-mince qui sert à plusieurs usages, selon les matieres dont il est composé.

Il y a des rubans de toutes sortes de matieres, d’or, d’argent, de soie, de fleuret, de laine, de fil, &c. on en fait de plusieurs largeurs, de larges, d’étroits, de demi-larges. On en fabrique de façonnés, d’unis, à deux endroits, à un envers ; de gauffrés, à réseau, de doubles en lisse & de simples, & dans toutes sortes de goûts & de desseins, tels qu’on les commande aux ouvriers.

Les rubans d’or, d’argent, de soie, &c. servent aux ornemens des femmes ; ceux de capiton, qu’on appelle padous, servent aux Tailleurs, Couturieres, &c. & les rubans de laine & de fil sont employés par les Tapissiers, &c.

Les rubans se tissent avec la navette sur le métier ; savoir ceux qui sont façonnés à la façon des étoffes d’or, d’argent & de soie, & ceux qui sont unis, de même que les Tisserands fabriquent la toile, à-moins qu’ils ne soient à doubles lisses.

Les rubans de soie pure ne vont point à la teinture après qu’ils ont été fabriqués, mais on les tisse avec des soies toutes teintes.

Quoique la Rubanerie soit beaucoup tombée en France, il ne laisse pas que de s’y faire une grande consommation de rubans, & on en fait des envois considérables dans les pays étrangers. Les rubans de soie unis se fabriquent dans plusieurs villes de France ; mais ce n’est guere qu’à Paris qu’on fait des rubans façonnés.

Ruban gauffré, (Arts & métiers.) ruban sur lequel on imprime par l’art certains ornemens de fleurs, d’oiseaux, de ramages ou de grotesque. On donnoit autrefois ces ornemens avec des fers ou des plaques d’acier gravés ; mais un maître tissutier rubanier inventa à Paris sur la fin du dernier siecle une machine tout autrement ingénieuse pour gauffrer les rubans. En voici l’histoire.

La mode des rubans gauffrés ayant commencé à s’établir vers l’an 1680, & la nouveauté leur donnant un grand cours, un nommé Chandelier, lassé d’être obligé de gauffrer ses rubans en y appliquant successivement, comme ses confreres, plusieurs plaques d’acier gravées de divers ornemens de fleurs, d’oiseaux & de grotesque, ainsi qu’il se pratique pour la gauffrure des étoffes, imagina une espece de laminoir assez semblable à celui dont on se sert à la monnoie pour applatir les lames des métaux, mais beaucoup plus simple.

Deux cylindres d’acier en faisoient les principales pieces : ces cylindres sur lesquels étoient gravées les figures dont il vouloit imprimer son ouvrage, étoient posés l’un sur l’autre entre deux autres pieces de fer plat d’un pié & demi de hauteur, placées perpendiculairement, & attachées sur une espece de banc de bois très-fort & très-pesant, qui soutenoit toute la machine.

Chaque cylindre qui tournoit sur les tourillons avoit à l’une de ses extrémités tous deux du même côté une roue à dents, qui s’engrenant l’un dans l’autre, se communiquoient le mouvement par le moyen d’une forte manivelle attachée à l’une des deux.

Cette machine ainsi préparée, lorsque l’ouvrier vouloit s’en servir, il mettoit au feu ses cylindres pour leur donner la chaleur convenable ; & plaçant

ensuite son ruban dans le peu d’espace qui restoit entr’eux, qu’il resserroit encore par le moyen d’une vis qui pressoit celui de dessus, il tiroit le ruban de l’autre côté ; & faisant tourner les cylindres avec la manivelle, une piece entiere de ruban recevoit la gauffrure en moins de tems que les autres ouvriers n’en employoient pour une seule aune. Le génie & l’invention de ce rubanier eurent leur récompense : les rubans gauffrés firent sa fortune. (D. J.)

Ruban de satin, (Rubanerie.) on appelle ruban de satin celui qui est fabriqué à la maniere de satin. Il y en a de simples & d’autres à double endroit.

Ruban, terme de Blason, c’est la huitieme partie d’une bande. Voyez les Planches de Blason, voyez aussi l’article Bande. Il est porté un peu coupé des lignes extérieures de l’écusson.

RUBANIER, s. m. (Rubanerie.) celui qui fait des rubans ; il y a à Paris une communauté de maîtres rubaniers, qui prennent la qualité de tissutiers-rubaniers de la ville & fauxbourgs de Paris. Ce sont ces fabriquans qu’on appelle aussi ouvriers de la petite navette, pour les distinguer des marchands ouvriers en draps d’or, d’argent & de soie, qu’on nomme ouvriers de la grande navette, ce sont, dis-je, les fabriquans de la petite navette, qui font toutes sortes de rubans & galons d’or, d’argent, de soie, de franges, frangeons, crépines, molets, padous, &c. & tous autres ouvrages dépendans de la rubanerie. Dict. de Savary. (D. J.)

RUBARBE, rhabarbarum, genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche & profondément découpée. Le pistil sort du fond de cette fleur, & il renferme une semence triangulaire, qui, étant mûre, adhere à une capsule, de façon qu’il n’est pas possible de l’en séparer ; cette capsule a la même forme que le fruit. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

RUBBE ou RUBBY, s. m. (Commerce.) en italien rubbia, est une mesure des liquides dont on se sert à Rome : il faut treize rubbes & demi pour faire la brante, qui est de 96 bocals, ensorte que chaque rubbe est d’environ sept bocals & demi. Voyez Bocal.

Rubbe, (Commerce.) est aussi un poids de vingt-cinq livres, que les Italiens appellent indifféremment rubbis & rubbia.

Rubbe, est encore la mesure dont on sert à Livourne pour les grains. Dix rubbes trois quarts font le last d’Amsterdam. Voyez Last. Dict. de Commerce & de Trévoux.

RUBEÆ-Promontorium, (Géog. anc.) Promontoire que Pline, l. IV. c. xiij. met à l’extrémité septentrionale de l’Europe. Mercator croit que c’est le cap de Livonie, appellé Dagerort ; Bécan le prend pour le cap septentrional de la Scandinavie, nommé aujourd’hui Wardhuis ; mais il y a beaucoup plus d’apparence que Rubeæ-Promontorium est le cap le plus septentrional de la Norwege, connu présentement sous le nom de Nort-cap : c’est le sentiment d’Ortelius, & du P. Hardouin. (D. J.)

RUBÉFIANS, adj. médicamens qui ont la vertu de rougir la peau. Tels sont les sinapismes. On s’en sert pour attirer l’humeur goutteuse sur une partie, & la rappeller de l’intérieur à l’extérieur. Le bain de piés dans de la lessive très-chaude, est un remede rubéfiant. La poudre de graine de moutarde dans le vinaigre rougit la peau, & la dispose à inflammation. (Y)

RUBELINE, voyez Gorge rouge.

RUBÉOLE, rubeola, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleurs monopétales en forme d’entonnoir divisées en quatre parties ou légerement découpées. Le calice de ces fleurs est ou simple ou double : celles qui ont un calice double sont stériles, & le calice simple des autres fleurs devient dans la suite un fruit