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étoient Jupiter, la Terre, le Soleil, la Lune, Cérès, Bacchus, Vénus, Flore, Minerve, &c. Les petits dieux étoient Fanna, Palès, Pomone, Silvain, Vertume, Priape, & sur tous les autres le dieu Pan. Quelques modernes y mettent aussi les Faunes, les Silenes & les Nymphes. (D. J.)

RUSTIQUER, v. act. (Architect.) c’est piquer une pierre avec la pointe du marteau entre les ciselures relevées.

RUSTONIUM, (Géog. anc.) ville de la Mauritanie césariense. Ptolomée, l. IV. c. ij. la place sur la côte, entre l’embouchure du fleuve Savus, & la ville Rusicibar. Elle est nommée Rusconia colonia par Pline, l. V. c. ij. Rungoniæ colonia par l’itinéraire d’Antonin, & Tite-Live, l. XXX. c. x. dit que les Africains l’appelloient Ruscinona. Les modernes ne s’accordent pas sur le nom que porte aujourd’hui cette ville. Elle est appellée Breca par Castald, Motafus & Temen de Fust par Marmol, suivant la remarque de Simler. (D. J.)

RUSTRE, terme de Blason ; losange percé en rond ; de sable à trois rustres d’or. Le P. Menetrier fait venir rustre de l’allemand rutten, qui signifie ces losanges percés à jour, dont on se sert pour arrêter les gros clous à vis des serrures & des happes des portes.

RUT, s. m. terme de Chasse ; ce mot se dit des bêtes fauves, pour désigner le tems où elles sont en amour : quelques-uns emploient le mot de chaleur en parlant des loups. Le rut des bêtes rousses, c’est depuis la mi-Septembre jusqu’à la fin de Novembre, & celui des bêtes noires, est au commencement de Décembre. L’amour des lievres se fait ordinairement dans les mois de Décembre & de Janvier. La chaleur des loups se tient dès la fin de Décembre jusqu’au commencement de Février. Voyez Salnove. (D. J.)

RUTÉNIENS, les, (Géog. anc.) Ruteni & Rhuteni ; ancien peuple des Gaules, qui tenoit le pays que nous nommons aujourd’hui le Rouergue & Rodès ; car ce nom convient aux peuples qui habitent maintenant ce pays. Voyez Rouergue.

Les Ruténiens aiderent les Eduens & les Arvéniens dans la guerre qu’ils eurent à soutenir contre Rome. Tous réunis, ils composoient une armée de deux cens mille combattans. Q. Fabius les attaqua l’an de Rome 631, vers le confluent de l’Isere & du Rhône ; il les tailla en piece, & César les soumit entierement aux Romains. (D. J.)

RUTH, livre de, (Théolog.) nom d’un des livres canoniques de l’ancien Testament, ainsi appellé parce qu’il contient l’histoire de Ruth, femme moabite, qui, après la mort de Mahalon son premier mari, ayant suivi Noemi sa belle-mere, à Bethléem, patrie de celle-ci, y devint l’épouse d’un riche israélite nommé Boos, qui fut bisayeul du roi David.

Ce livre est placé dans les bibles entre les livres des juges, & le premier livre des rois, comme étant une suite du premier, & une introduction au second. S. Jerome, Prolog. galeat. nous apprend que les Juifs le joignoient au livre des juges, parce que l’histoire qu’il renferme arriva au tems d’un des juges d’Israël, & plusieurs anciens peres, par la même raison, ne font qu’un livre des juges & de Ruth. Mais les Juifs modernes dans leurs bibles, placent ordinairement après le pentateuque les cinq mégilloth, qui sont 1°. le cantique des cantiques ; 2°. Ruth ; 3°. les lamentations de Jérémie ; 4°. l’Ecclésiaste ; 5°. Esther. Quelquefois le livre de Ruth est mis le premier des cinq, quelquefois le second, & quelquefois le cinquieme. Voyez Mégillat ou Mégilloth.

Le but de l’auteur de ce livre, est de nous faire connoître la généalogie de David, & il y a toute apparence que c’est le même auteur qui a composé le premier livre des rois, lequel ne pouvant pas commo-

dément placer cette généalogie de David, sans trop

déranger son récit, a mieux aimé la donner à part. L’écrivain remarque à la tête de cet ouvrage, que l’histoire qu’il va raconter arriva au tems que les juges gouvernoient ; ils ne gouvernoient donc plus du tems qu’il écrivoit ; de plus, il parle de David à la fin de son livre, il l’a donc écrit au plutôt sous le regne de David. Le P. Calmet, de qui nous empruntons cet article, remarque d’ailleurs deux manieres de parler, qui ne se trouvent que dans les livres des rois : la premiere hæc faciat mihi Deus & hæc addat, si, &c. & la seconde : je vous ai découvert l’oreille, pour signifier, je vous ai dit. Il ajoute que la canonicité du livre de Ruth n’est point contestée. Calmet, dictionn. de la Bibl. tom. III. p. 400.

RUTHWEN, (Géog. mod.) ville de l’Ecosse septentrionale, capitale de la province de Badenoth, sur la rive droite de la Spey. Long. 14. latit. 57. 20. (D. J.)

RUTIGLIANO, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Bari, au couchant de Conversano, & environ à 6 milles au midi oriental de la ville de Bari. Long. 34. 33. lat. 41. 2.

RUTLAND, (Géog. mod.) province méditerranée d’Angleterre, dans le diocese de Peterborough, avec titre de duché. C’est la plus petite province d’Angleterre, car elle n’a que 40 milles de tour ; mais elle est très-fertile, abondante en blé & en bétail ; elle a beaucoup de bois, de parcs, & est arrosée de plusieurs petites rivieres, ce qui fait qu’elle nourrit quantité de brebis, dont la laine est rougeâtre, ainsi que le terroir. Oakham est la principale ville de cette province.

Elle a été bien illustrée par la naissance de Jacques Harrington, fils du chevalier Sapcote Harrington. Il naquit en 1611, & donna dès sa tendre jeunesse de grandes espérances de ce qu’il deviendroit un jour. Après avoir étudié à Oxford, il quitta l’université pour aller voyager en Hollande, en France, en Italie, en Danemark & en Allemagne, & il apprit la langue de ces divers pays. Lorsqu’il fut de retour, le roi Charles I. le fit gentilhomme privé extraordinaire, & il accompagna le monarque en cette qualité dans sa premiere expédition contre les Ecossois. Il servit toujours ce prince fidelement, & il employa son crédit pour amener les choses à un accommodement général qui ne réussit pas. En 1661, après le rétablissement de Charles II. il fut arrêté par son ordre, ayant été accusé de trahison & de mauvaises pratiques ; mais comme les commissaires des deux chambres, ne purent jamais rien trouver à sa charge, on le mit en liberté. Il mourut à Westminster en 1677, âgé de 66 ans.

Entre ses ouvrages politiques, son oceana, ou la république qui parut à Londres en 1656, in-fol. est extrémement célebre en Angleterre. Lorsque l’auteur fit voir à ses amis le manuscrit de cet ouvrage, avant qu’il fût imprimé, il leur dit, que depuis qu’il avoit commencé à penser sérieusement, il s’étoit attaché principalement à l’étude du gouvernement, comme à un objet de la derniere importance pour le bonheur du genre humain ; & qu’il avoit réussi, du moins à son gré, s’étant convaincu qu’il n’y a aucune sorte de gouvernement qui soit aussi accidentel qu’on se l’imagine d’ordinaire, parce qu’il y a dans les sociétés des causes naturelles, qui produisent aussi nécessairement leurs effets, que celles de la terre & de l’air.

Fondé sur ce principe, il soutenoit que les troubles de l’Angleterre ne devoient pas être absolument attribués à l’esprit de faction, au mauvais gouvernement du prince, ni à l’opiniâtreté du peuple ; mais au défaut d’équilibre entre les différentes autorités ;