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donc leurs succès qu’à la frivolité d’esprit qui caractérise ce siecle. (D. J.)

Saillie ou Projecture, s. f. (Archit.) avance qu’ont les moulures & les membres d’architecture au-delà du nud du mur, & qui est proportionnée à leur hauteur. C’est aussi toute avance portée par encorbellement au-delà du mur de face, comme fermes de pignon, balcons, ménianes, galeries de charpente, trompes, &c. Les saillies sur les voies publiques sont réglées par les ordonnances.

On doit regarder toute saillie comme la mesure ou la distance de laquelle une partie d’un ordre & de chaque membre en particulier s’avance sur l’autre, en comptant depuis l’axe. Les saillies des membres sont proportionnées à leur hauteur, excepté dans les platebandes, auxquelles on donne pour saillies la hauteur du liteau, & excepté encore la platebande qui est une partie essentielle de la corniche, & qui a toujours une saillie extraordinaire. (D. J.)

Saillie, (Danse.) ou pas échappés de deux piés ; ce sont des pas de danse qui s’exécutent de la maniere suivante.

Il faut être élevé sur les deux pointes, les piés à la quatrieme position, le corps également posé. Je suppose que le pié droit soit devant vous : laissez échapper vos deux jambes comme si les forces vous manquoient, vous laissez glisser le pié droit derriere, & le gauche revient devant. En partant tous deux à-la-fois & en tombant les deux genoux pliés, vous vous relevez au même instant, & remettant le pié droit devant, le pié gauche revient derriere, ce qui vous remet à la même position où vous étiez en commençant. Comme vous êtes encore plié, vous vous relevez du même tems en rejettant le corps sur le pié gauche, & assemblant par ce mouvement sauté le pie droit auprès du gauche en vous posant à la premiere position : vous faites ensuite un pas du pié gauche, ce qui s’appelle dégager le pié, ce qui vous met dans la liberté de faire les pas qui suivent. Cet enchaînement de pas se fait dans l’étendue de deux mesures à deux tems légers.

Ces pas se font encore en tournant. Ayant les deux piés à la premiere position, & étant élevé sur la pointe, vous pliez en laissant échapper les deux piés à-la-fois à la distance de la seconde position en tombant plié ; vous vous relevez, & vous rapprochez les deux piés l’un près de l’autre à la premiere position, vous dégagez ensuite l’un ou l’autre des deux piés pour faire tels autres pas que vous souhaitez.

Saillies, (Géog. mod.) petite ville de France dans le Béarn, au diocèse de Lescar, à 12 lieues de Pau. Elle est remarquable par une fontaine salée qui s’y trouve, & qui fournit beaucoup de sel au Béarn. (D. J.)

SAILLIR, v. n. (Gram.) c’est faire une éminence remarquable. Faites saillir cette partie, détachez-la du fond. Il se dit aussi du mouvement rapide des eaux jaillissantes ; on voit saillir de cet endroit mille jets. Saillir, c’est la même chose que couvrir. Cette jument n’a point encore été saillie.

SAIN, adj. (Gram.) qui jouit d’une bonne santé, qui n’a rien d’alteré, de corrompu, de contagieux. Cette femme est saine, on peut en approcher sans danger. Il se dit aussi de l’air ; l’air de cette contrée est sain. Des choses qui contribuent à la santé ; la promenade est saine ; le métier des lettres est mal-sain ; les feves sont lourdes & mal-saines. Il étoit sain d’entendement. Il a les mœurs saines. Sa doctrine est saine. Il a le jugement sain.

Sain, (Critique sacrée.) ὑγιής ; ce mot dans l’Ecriture se prend au figuré pour ce qui est pur, vrai, conforme à la droite raison ; un discours sain, λόγος ὑγιής, à Tite, c. ij. 8. est une doctrine pure, honnê-

te, solide, utile, véritable ; ce mot ὑγιής a le même

sens dans les auteurs prophanes. Archidamas, roi de Lacédémone, voyant un vieillard étranger qui teignoit ses cheveux pour paroître plus jeune, se mit à dire : que nous proposera de sain un homme dont non-seulement l’esprit est faux, mais la tête même. Elian. Var. hist. lib. III. c. xx. (D. J.)

Sain, île de, ou Sayn, (Géog.) petite île située sur la côte méridionale de la basse-Bretagne, vis-à-vis la province de Cornouailles. M. de Valois prétendoit que Mercure y étoit anciennement adoré. Pomponius Mela, l. III. c. vj. qui parle de l’oracle de cette île, ne nomme pas la divinité qui le rendoit ; mais dom Martin a donné tant de demi-preuves que c’étoit la Lune, qu’on ne peut pas se refuser au sentiment de ce savant bénédictin. Au reste, c’étoient des druidesses qui rendoient l’oracle ; elles vouoient une chasteté inviolable à la déesse qu’elles servoient. Si l’on en croit les auteurs, ces vestales gauloises étoient souvent consultées pour la navigation. L’idée qu’on avoit qu’elles pouvoient s’élever dans les airs, disparoître à leur gré, & reparoître ensuite, ne contribuoit pas peu au grand crédit qu’elles avoient acquises. On les nommoit Senæ, soit parce qu’elles n’étoient d’abord qu’au nombre de six ; soit que ce nom fût celte d’origine, & signifiât respectable ; enfin c’est de ce nom que l’île où elles habitoient fut appellée l’île de Sain. (D. J.)

Sain et net, (Maréchal.) un cheval sain & net, est celui qui n’a aucun défaut de conformation, ni aucun mal.

SAIN-DOUX, s. m. (Chaircuiterie.) sorte de graisse très-molle & très-blanche que les chaircuitiers tirent de la panne du porc, en la faisant fondre dans une poëlle ou chaudiere ; les réglemens des manufactures de lainage défendent aux tondeurs de draps de se servir pour l’ensimage des étoffes, d’autres graisses que du sain-doux. (D. J.)

Sain-doux, (Diete, Pharm. Mat. méd.) Voyez Graisse, Chimie, &c.

SAINFOIN, s. m. (Hist. nat. Botan.) onobrycis, genre de plante à fleur papilionacée. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite une silique découpée comme une crête de coq, & hérissée de pointes dans quelques especes : cette silique renferme une semence qui a la forme d’un rein. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les fleurs sont disposées en épi fort serré. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort en distingue six especes, dont la principale est à fleurs rouges, & à gousses taillées en crête de coq ; onobrychis major foliis viciæ, fructu echimato, en anglois, the great vetch leav’d cocks head, with an ochinated fruit.

Sa racine est longue, médiocrement grosse, dure, vivace, garnie de quelques fibres, noire en-dehors, blanche en-dedans. Elle pousse plusieurs tiges longues d’environ un pié, droites, fermes, d’un verd rougeâtre ; ses feuilles sont assez semblables à celles de la vesce ou du dalega, mais plus petites, vertes en-dessus, blanches & velues en-dessous, pointues, attachées par paires sur une côte, qui se termine par une seule feuille, d’un goût amer, & d’une odeur légerement bitumineuse. Ses fleurs sont légumineuses, disposées en épis longs & fort serrés, qui sortent des aisselles des feuilles ordinairement rouges, soutenues par des calices velus. Quand les fleurs sont passées, il leur succede de petites gousses taillées en crête de coq, hérissées de pointes rudes. Ces gousses renferment chacune une semence qui a la figure d’un petit rein, grosse comme une lentille, & d’assez bon gout dans sa verdeur. (D. J.)

Sainfoin, (Agricult.) cette plante est nommée onobrychis par les Botanistes, sainfoin en françois,