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par les sollicitations de l’étranger, elle prit la plume & écrivit ce vers de Sophocle.

Γυναιζίν ἠ σιγἡ φέρει χόσμον.
Le silence est l’ornement des femmes.

Elle est morte au louvre en 1720, à 69 ans.

Superville (Daniel), se destina de bonne heure à l’étude de la Théologie, & sortit de France à la révocation de l’édit de Nantes. Les magistrats de Rotterdam le nommerent pasteur de l’église Walonne de leur ville, où il mourut en 1728, âgé de près de 71 ans. Il a écrit des livres de piété qui sont estimés, entre autres cinq volumes de sermons in-8°. outre un sage traité sur les vérités & les devoirs de la religion en forme de catéchisme ; ces deux ouvrages ont été imprimés plusieurs fois, en divers lieux. (Le chevalier de Jaucourt.)

SAUMURE, s. f. (Médecine.) c’est la liqueur qui reste dans les vaisseaux où l’on a salé le poisson ou la viande, & qui après la salaison parfaite de ces substances, est impregnée du sel des parties volatiles & huileuses des chairs qui y ont été comme macérées.

Cette saumure est détersive & produit les mêmes effets que le sel ; on la donne avec succès en forme de lavement à ceux qui ont la dyssenterie, & qui ont les intestins corrodés ; elle est bonne dans les douleurs sciatiques & dans les rhumatismes invétérés ; elle tient lieu d’eau de mer dans les fomentations.

L’acrimonie muriatique que contractent les viandes dans la saumure se communique à nos humeurs lorsque nous mangeons de ces viandes, & de-là vient l’acrimonie muriatique qui produit le scorbut dans les gens de mer, & dans tous ceux qui mangent des viandes salées.

SAUMUROIS, le, (Géog. mod.) petit canton de France, dans l’Anjou, & qui forme un gouvernement militaire particulier de petite étendue. Ce gouvernement a été établi par Henri IV. Il comprend Saumur, Richelieu, Mirebeau, Montreuil, Bellai.

SAUNAGE, f. m. (Gabelle.) marchandise de sel. Il n’appartient en France qu’à l’adjudicataire des gabelles de faire le commerce du sel gabellé ; & les particuliers dans les provinces & élections où sont établis les greniers à sel, soit d’imposition, soit de vente volontaire, ne peuvent s’en pourvoir ailleurs, sous des peines très-séveres, qui révoltent l’humanité. Savary. (D. J.)

Saunage faux, (terme de Gabelle.) l’on appelle faux-saunage, le trafic de sel qui n’est pas gabellé.

SAUNERIE, s. f. (terme de Gabelle.) endroit où sont les maisons, bâtimens, sources, puits, fontaines salées, cours, bernes, fonds, très-fonds, muries, magasins, & tous les instrumens pour fabriquer le sel.

SAUNIER, s. m. (terme de Gabelle.) ouvrier qui fait le sel. On appelle en France faux-saunier, celui qui trafique du faux-sel, c’est-à-dire du sel défendu par les ordonnances des gabelles.

SAUNIERE, s. f. (terme de Saline.) vaisseau où se conserve le sel : il y en a de deux sortes ; l’un est une petite boîte avec une ouverture pour y passer la main, qu’on pend à la cheminée : on y met le sel journalier ; l’autre est un baril rond, ou une caisse quarrée plus large par le pié, fermant à clé, où se reserve la provision de sel pour toute l’année. Savary. (D. J.)

SAVO, (Géog. anc.) fleuve d’Italie, dans la Campanie, auprès de Sinuessa. Il faisoit la borne du nouveau Latium. Pline, liv. III. ch. v. a parlé de ce fleuve, & Stace lui donne l’épithete de lent :


Et Literna palus pigerque Savo.

La table de Peutinger le marque entre Sinuessa & Vulturnum, dans cet ordre :

Sinuessa VII. Safo, Fl. XII. Vulturno.

Le nom moderne de ce fleuve est Saona. (D. J.)

SAVOCA, (Géog. mod.) petite ville de Sicile, dans le val Démona, sur la côte orientale de l’île, à l’embouchure d’une petite riviere de même nom, au nord de San Alexio. Long. 33. 10. lat. 38.

SAVOIE, la, ou SAVOYE, (Géog. mod.) duché souverain d’Europe, entre la France & l’Italie. Il est borné au nord par le lac de Genève, qui le sépare de la Suisse ; au midi par le Dauphiné ; au levant par le Piémont & le Valais ; au couchant par le Bugey & la Bresse. Il a environ 30 lieues du midi au nord, & 25 de l’orient à l’occident ; mais toute cette étendue n’offre aux yeux qu’un pays stérile & pauvre, dont ses souverains ne retirent guere plus de deux millions ; cependant l’histoire de ce pays nous intéresse.

Le mot Savoie vient du latin Sapaudia, qu’on ne trouve point en usage avant le iv. siecle. Ammien Marcellin est le premier qui ait fait mention du pays de Sapaudia. On appelloit ainsi la partie septentrionale du territoire des Allobroges. La Sapaudia s’étendoit au-delà du lac de Genève, & comprenoit le pays de Vaud, dont la plus grande partie appartenoit à la Belgique & à la province nommée maxima Sequanorum.

La Savoie fut ancienement habitée d’une partie des Allobroges, des Centrons, des Nantuates, des Garocelles, des Véragres & des Salasses : les Allobroges occupoient le pays qui est entre le Rhône, au sortir du lac Léman ; les Nantuates, les Centrons & l’Isere ; c’est cette île dont parle Tite-Live, où Annibal s’arrêta avant que de passer les Alpes ; elle renfermoit une partie du Dauphiné, le duché de Savoie, le Fossigny & le Génevois ; les Centrons demeuroient dans les vallées des Alpes grecques, qui forment à-présent la Tarentaise ; les Garocelles habitoient aux environs du mont-Cenis ; les Véragres étoient entre les Nantuates & les Salasses, dans cette partie du Valais où est Martigny ; & les Salasses occupoient les vallées des Alpes qu’on nomme aujourd’hui la val d’Aoste.

Tous ces peuples furent vaincus par Auguste, à la reserve des Salasses, que Terentius Varo subjugua. Ils furent compris dans la Gaule narbonnoise, & partagés de façon que les Allobroges furent placés dans la troisieme Narbonnoise, & les Véragres & les Salasses dans la cinquieme, qu’on nommoit autrement la province des Alpes grecques.

Leur pays étant devenu la proie des barbares après la dissipation de l’empire, fut occupé tantôt par les uns & tantôt par les autres ; les Bourguignons en demeurerent les maîtres, & l’incorporerent au royaume qu’ils formerent d’une partie de la Gaule celtique & de la Gaule narbonnoise. Boson, comte d’Ardenne, qui avoit épousé Ermengarde, fille de Louis II. empereur d’Italie, se fit elire roi de Provence par les états assemblés à Mentale, au mois d’Octobre de l’année 879. Louis son fils fut aussi roi d’Italie, & on l’a surnommé l’aveugle, parce que Berenger lui fit crever les yeux, comme il alloit prendre possession de ce royaume. Il laissa d’Adélaïs, Charles Constantin, prince de Vienne, qui eut de Theberge, Amé, pere de Humbert aux blanches mains, chef de la maison de Savoie, dont l’origine a été recherchée par plusieurs écrivains avec peu de succès, & avec beaucoup de prévention pour leurs sentimens.

Sans entrer dans cette discussion généalogique, je dirai seulement que l’empereur Conrard le salique, donna la propriété d’une partie de la Savoie, avec le titre de comte, à Humbert aux blanches mains. Ses descendans s’agrandirent peu-à-peu par leur mérite,