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Pour me recueillir en deux mots, je remarquerai qu’en général la tyrannie, les innovations en matiere de religion, la pesanteur des impôts, le changement des lois ou des coutumes, le mépris des privileges de la nation, le mauvais choix des ministres, la cherté des vivres, &c. sont autant de causes de tristes séditions.

Les remedes sont de rétablir les principes du gouvernement, de rendre justice au peuple, d’écarter la disette par la facilité du commerce, & l’oisiveté par l’établissement des manufactures, de reprimer le luxe, de faire valoir les terres en donnant du crédit à l’agriculture, de ne point laisser une autorité arbitraire aux chefs, de maintenir les lois, & de modérer les subsides. (D. J.)

SEDLITZ, (Géog. Hist. nat.) village fameux par ses eaux minérales, qui ont été découvertes en 1724. Il est situé en Bohême, à deux milles de Toeplitz ; les eaux de Sedlitz sont très-ameres, elles sont chargées d’un sel qu’on en retire par l’évaporation, & qui les rendent très-purgatives ; on les transporte fort loin, sans qu’elles perdent rien de leur vertu ; à un quart de lieu de Sedlitz, est un village appellée Seydschutz, où l’on trouve une source d’eau minérale, que l’on regarde comme plus efficace que la premiere.

SEDOCHÉSORI, (Géog. anc.) peuple du Pont, au voisinage du fleuve Cohibus. Tacite, hist. l. III. fait mention d’un roi de Sédochésores.

SÉDRE, s. m. (Hist. mod.) le grand-prêtre de la secte d’Haly, chez les Persans. Voyez Mahométisme.

Le sédre est nommé par le sophi de Perse, qui confere ordinairement cette dignité à son plus proche parent.

La jurisdiction du sédre s’étend à tout ce qui a rapport aux établissemens pieux, aux mosquées, aux hôpitaux, aux colleges, aux tombeaux & aux monasteres ; il dispose de tous les emplois ecclésiastiques, & nomme tous les supérieurs des maisons religieuses ; ses décisions en matiere de religion, sont reçues comme autant d’oracles infaillibles, il juge de toutes les matieres criminelles, dans sa propre maison, sans appel, & il est sans contradiction, la seconde personne de l’empire.

Néanmoins le caractere du sédre n’est pas indélébile, il quitte souvent sa dignité, pour occuper un poste purement séculier ; son autorité est balancée par celle du mudsitchid, ou du premier théologien de l’empire.

SÉDUCTEUR, s. m. (Morale) c’est celui qui dans la seule vue de la volupté, tâche avec art de corrompre la vertu, d’abuser de la foiblesse, ou de l’ignorance d’une jeune personne. Si j’avois à tracer le progrès que fait un séducteur, je pourrois dire qu’à la familiarité de ses discours libres, succède la licence de ses actions ; la pudeur encore farouche demande des ménagemens, l’on n’ose se permettre que des petites libertés, l’on ne surprend d’abord que de légeres faveurs, & forcées même en apparence, mais qui enhardissent bientôt à en demander, qui disposent à en laisser prendre, qui conduisent à en accorder de volontaires & de plus grandes ; c’est ainsi que le cœur se corrompt, au milieu des privautés, qui radoucissent, qui humanisent insensiblement la fierté, qui assoupissent la raison, qui enflâment le sang ; c’est ainsi que l’honneur s’endort, qu’il s’ensevelit dans des langueurs dangereuses, où enfin il fait un malheureux naufrage.

« La Prudence, dit le Bramine, va parler & l’instruire ; prête l’oreille, ô fille de la beauté, & grave ces maximes au fond de ton cœur ! ainsi ton esprit embélira tes traits, ainsi tu conserveras,

comme la rose à qui tu ressembles, un doux parfum après ta fraîcheur.

« Au matin de tes jours, aux approches de ta jeunesse, quand les hommes commenceront à prendre plaisir à lancer sur toi des regards, dont la nature te développe sourdement le mystere, le danger t’environne ; ferme l’oreille à l’enchantement de leurs cajoleries ; n’écoute point les douceurs de la séduction.

« Rappelle-toi les vues du Créateur sur ton être ; il te fit pour être la compagne de l’homme, & non l’esclave de sa passion ». (D. J.)

Le nom de séducteur ne se donne pas seulement à celui qui attente à la pudeur, à l’innocence d’une femme ou d’une fille, mais à quiconque en entraîne un autre par des voies illicites à une mauvaise action.

SÉDUCTION, s. f. (Jurispr. Gram.) est une tromperie artificieuse, que l’on emploie pour abuser quelqu’un, & le faire consentir à quelque acte ou démarche contraire à son honneur ou à ses intérêts.

La séduction d’une fille, ou d’un fils de famille, est regardée comme un rapt. Voyez ci-devant Rapt.

La séduction des temoins est appellée plus communément subornation. Voyez ci-après au mot Subornation. (A)

SEDUM, s. m. (Jardinage.) est une plante vivace, très-basse, qui croît sur les murailles & sur les toîts des maisons. On l’appelloit autrefois barba jovis, & maintenant grande joubarbe. Ses feuilles charnues sont attachées à leur racine, il s’éleve de leur milieu une tige haute d’un pié, divisée en plusieurs rameaux qui portent des fleurs de couleur purpurine, & disposées en rose ; elles sont suivies d’un fruit ramassé en maniere de têtes remplies de semence.

Pour la petite joubarbe, appellée trique-madame, Voyez Trique-madame.

SEDUNI, (Géog. anc.) peuple de la Gaule narbonnoise ; ils étoient voisins des Nantuates & des Veragri, avec lesquels ils occupoient le pays, depuis les confins des Allobroges, le lac Léman, & le Rhône, jusqu’aux hautes Alpes. Dans le moyen âge, ces peuples avoient une ville, oppidum, à laquelle on joignoit le nom national, & dans la suite on dit simplement Sedunum. C’est aujourd’hui la ville de Sion. (D. J.)

SÉDUSIENS les, Sedusii, (Géog. anc.) peuple de la Germanie. César, de bel. gal. l. I. les met au nombre des peuples qui combattoient sous Arioviste ; ce qui engage Spener, not. germ. ant. l. IV. c. ij. à fixer leur demeure entre le Mein & le Necker. Il ajoute qu’ils étoient originairement compris sous le nom général d’Istevons, & qu’après leur retour des Gaules, ils se confondirent avec les Marcomans.

SÉE la, (Géog. mod.) riviere de France, en Normandie, au diocèse d’Avranches. Elle a sa source près de Sourdeval, & se rend dans la mer, entre le mont saint Michel & le mont Tombelaine, après un cours de dix lieues. (D. J.)

Sée cap de, (Géog. mod.) cap d’Afrique, dans la haute Guinée, sur la côte de Grain, à sept lieues au-delà de Rio-Sestos. Les Portugais l’appellent Cabo-Baixos, à cause des bancs de sable qui sont autour de ce coteau. (D. J.)

SÉEZ, Sées, Sez, Saïs, (Géog. mod.) en latin du moyen âge, Saïum, Saïorum civitas, Sagiorum civitas, Sagium, &c. ville de France en Normandie, dans une agréable campagne, sur l’Orne ; elle est à cinq lieues d’Alençon au nord, à huit au sud-ouest de l’Aigle, & à quarante au couchant de Paris. Elle ressortit du parlement de Rouen, de l’intendance & de l’élection d’Alençon, & ne contient pas trois mille habitans ; elle a cinq paroisses, un seminaire, un college, & une riche abbaye de bénédictins. On croit que son évêché, qui est suffragant de Rouen,