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elle fleurit en Juin, & est de quelque usage aux teinturiers. (D. J.)

SERRETTE, s. f. (Teinture.) cette plante sert aux Teinturiers pour teindre en jaune ; elle ne fait pas une si belle couleur que la gaude, & conséquemment il ne faudroit l’employer que pour les verds, pour les feuilles mortes, & autres couleurs composées où entre le jaune ; elle peut aussi servir pour les jaunes des couvertures de laine les plus grossieres, & des étoffes d’un très-bas prix. (D. J.)

SERRION, s. m. (Hist. mod.) espece de litiere ou de voiture d’une grande magnificence, dans laquelle le roi de Pégu se fait porter les jours de cérémonies, lorsqu’il paroît en public. Cette voiture est une espece de bâtiment ou de maison carrée, couverte par le haut, & ouverte par les côtés ; elle est revêtue de lames d’or, & garnie de rubis & de saphirs, elle est portée par 16 ou 18 hommes.

SERROIR, s. m. en terme de Vergettier, c’est un cylindre de bois autour duquel on entortille la ficelle qui est engagée dans le pli de la soie, pour la mieux serrer.

SERROT ou SAROT, terme d’Oiseleur, c’est un bâton long d’un pié, qui tient ou serre une machine qui sert à prendre des oiseaux.

SERRUM ou SERHIUM, (Géog. anc.) promontoire & montagne de Thrace, sur la mer Egée. Hérodote, l. VII, nous apprend que la ville Zona étoit située sur ce promontoire. Pomponius Mela, l. II, c. 2. Pline, l. IV, c. 11. & Appien, l. IV, parlent aussi de ce promontoire. Il paroît qu’il étoit sur la côte des Doriques, & qu’il formoit l’embouchure de l’Hébrus, du côté de l’occident. (D. J.)

SERRURE, s. f. (Serrur.) sorte de machine de fer, de cuivre ou de bois, qui s’ouvre avec une clé, & qu’on applique à une porte, une armoire, &c. pour les fermer. Les pieces dont elle est composée sont un péne qui la ferme, un ressort qui le fait agir, un foncet qui couvre ce ressort, un canon qui conduit la clé, & plusieurs autres pieces renfermées dans sa cloison, avec une entrée ou écusson au-dehors. Anciennement les serrures s’attachoient en-dehors ; & il y a encore des endroits où les ouvriers en serrurerie sont obligés d’en faire de semblables pour leur chef-d’œuvre, quand ils se font passer maîtres. Il y a plusieurs sortes de serrures, que nous allons définir dans des articles séparés.

Serrure à bosse. Serrure qui sert pour les portes des caves. On la noircit à la corne, pour la garantir de la rouille.

Serrures à clanches, serrure qu’on met aux grandes portes des maisons, & qui sont ordinairement composées d’un grand pêne dormant à deux tours, avec un ressort double par derriere.

Serrure à deux fermetures, serrure qui se ferme par deux endroits dans le bord du palastre.

Serrure à houssette. C’est une serrure qui est ordinairement pour les coffres simples, qui se ferme à la chûte du couvercle, & qui s’ouvre avec un demi-tour à droite.

Serrure à pêne dormant, serrure qui ne se ferme & s’ouvre qu’avec la clé.

Serrure à ressort, serrure qui se ferme en tirant la porte, & qui s’ouvre par le dehors avec un demi-tour de clé, & en-dedans avec un bouton qui se tire avec la main.

Serrure à un pêne en bord, serrure où le pêne est plié en équerre par le bout, & recourbé en demi-rond, pour faire place au ressort.

Serrure bénarde, serrure qui s’ouvre de deux côtés. Elle est garnie d’une, de deux ou de trois planches fendues qui passent par la clé.

Serrure treffiliere, serrure qui ne s’ouvre que d’un

côté. V. l’art. Serrurerie. & les Pl. de cet art. (D. J.)

Serrures de la Grece moderne, (Hist. des Arts.) il n’y a presque dant toute la Grece que des serrures de bois ; voici quelle en est la fabrique. Ils font un trou à la porte, à-peu-près comme celui de nos serrures, & attachent par-derriere vis-à-vis du trou, & proche de la gâche deux petits morceaux de bois percés, que nos menuisiers appellent des tourillons. Ces deux petites pieces de bois en soutiennent une autre qui a des dents, & qui coule en liberté par le trou des tourillons pour entrer dans la gâche, & pour en sortir. Nos artisans appellent cette petite piece une crémillere. Chaque habitant porte sur soi un crochet, tantôt de fer, tantôt de bois, & le passe par le trou de la serrure, afin de lui faire attraper une de dents de la petite crémillere qui, par ce moyen, joue en liberté dans la gâche, selon que le crochet la conduit pour ouvrir ou fermer la porte ; s’ils n’étoient honnêtes gens, il leur seroit aisé de se voler les uns les autres, & il ne faudroit pas de ces serrures chez les Magnotes.

Remarquons en passant, que les serrures dont se servoient ordinairement les anciens Romains, n’étoient point appliquées aux portes comme les nôtres, mais elles ressembloient assez aux serrures des Grecs modernes ; & pour ouvrir la porte, on agitoit une cremillere qui entroit dans la gâche ; d’où vient qu’Ovide dit excute forte peram. (D. J.)

SERRURERIE, s. f. (Architect.) l’art de connoître le fer & de le travailler. La principale partie convient à l’art de bâtir ; la seconde forme un art particulier sur lequel nous renvoyons aux principes d’architecture, de sculpture, &c. de M. de Felibien ; & nous ajouterons seulement, qu’on peut à présent exécuter toutes sortes d’ouvrages de serrurerie pour l’ornement des églises, des palais, des jardins & des maisons ; on a, pour se modeler à cet égard, un grand ouvrage donné au public par Louis Fordrin, serrurier des bâtimens du roi : cet ouvrage, gravé en tailles douces, en 1724, in-folio, forme d’Atlas, est intitulé nouveau livre de Serrurerie ; les tailles-douces, au nombre de cinquante, sont d’une grande beauté. (D. J.)

SERRURIER, s. m. (Corps de jurande.) artisan qui travaille à divers ouvrages de fer, & particulierement en serrures, d’où il a été appellé serrurier. Il y a à Paris une communauté de maîtres serruriers, dont les anciens statuts sont du mois de Novembre 1411, sous le regne de Charles VI. Les principaux outils qui servent à la serrurerie & à la forge des serruriers, sont le soufflet, l’auge de pierre pour mettre l’eau de la forge, l’archet ou arson avec ses forets, & les boîtes ; l’écouvette, les bigornes, les broches rondes ou carrées, les burins de diverses sortes, les brunissoirs, les clouïeres, les chasses carrées, rondes, & demi-rondes ; les limes de toutes especes depuis les gros carreaux jusqu’aux carrelettes ; les coins à fendre, les chevalets pour forer, & pour blanchir les calibres ; les crochets, les ciselets, les ciseaux à divers usages & de diverses formes, les compas, les enclumes, l’équerre, les étaux, les échopes, l’établi, les étampes, la fourchette, les fraises, les filieres ; plusieurs sortes de gratoires, quantité de marteaux, divers mandrins pour percer à chaud, faire les yeux des marteaux, & autres outils ; ou pour former & resserrer les trous quand ils sont percés ; les poinçons ronds, carrés, plats ; les perçoires aussi de toutes figures & à divers ouvrages ; la palette à foret, les tisonniers, les rifloirs, le rochoir, le rabot, le repoussoir, le tranchet, & la tranche ; plusieurs tenailles de fer, droites, crochues, rondes, & d’autres seulement de bois ; les tassaux, les taraux le tourne-à-gauche, le villebrequin & les valets. Outre ce grand nombre d’outils, & quelques autres de