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depuis long-tems sous un gouvernement populaire, & déliberent publiquement de tout ce qui concerne leurs intérêts. Ces deux peuples observent les mêmes mœurs ; ils ne reconnoissent qu’un seul Dieu qui a créé le monde, & qui lance le tonnerre : & ils lui sacrifient des bœufs & d’autres victimes. Bien loin de faire dépendre la vie des hommes de la destinée, ils n’avouent pas seulement qu’il y en ait ; mais lorsqu’ils se voient en quelque danger, soit par la violence d’une maladie ou par le sort des armes, ils promettent d’immoler une victime quand ils en seront échappés, & ils ne manquent pas d’y satisfaire ; alors ils croient tenir leur vie de la mort de la victime. Ils rendent aussi des honneurs aux rivieres, aux nymphes & à d’autres divinités, & ils leur présentent des sacrifices, d’où ils tirent des présages de l’avenir. Ils habitent dans de misérables chaumieres, éloignées les unes des autres, & dont ils changent souvent ; ils font la guerre à pié, tenant en leurs mains de petits boucliers, & de petits dards ; ils ne portent point de cuirasses, quelques uns mêmes ne portent ni tunique, ni manteau : mais ils se couvrent d’un haut de chausse, lorsqu’ils marchent contre l’ennemi. Ils parlent tous la même langue, & ont une taille & une mine toute semblable. Ils sont grands & robustes ; la couleur de leur visage n’est pas fort blanche, ni celle de leurs cheveux fort blonde : elle ne tire pas aussi sur le noir, mais plutôt sur le roux. Leur maniere de vivre est misérable comme celle des Massagetes, toujours dans la crasse. Leur esprit tient beaucoup de la simplicité des Huns, aussi-bien que du reste de leurs mœurs ; tel est le recit de Procope, mais il se trompe s’il a cru que tous les Slaves vivoient sous un gouvernement populaire ; car les Slaves Maharenses, les Slaves Bohêmes, les Slaves Wilzes, & les Slaves Obotrites étoient soumis a des rois ou chefs.

Les Slaves ou Sclavons passerent le Danube sous l’empire de Justinien, & inonderent l’Illyrie, où ils prirent des forts, qui jusqu’alors avoient été estimés imprenables. Ils se bornerent quelque tems à des courses passageres ; mais à la fin ils établirent dans l’Illyrie une demeure plus stable que dans leur propre pays. Ils donnerent entr’autres leur nom à cette partie de la Pannonie, qui est entre la Save & la Drave, qui fut appellée de-là, Pannonie Slavienne, & qu’on nomme encore présentement Esclavonie. (D. J.)

SLAUKAW, (Géog. mod.) petite ville de la haute-Pologne, au palatinat de Cracovie, à deux milles d’Ilkusch. Il y a dans ses environs quelques mines de plomb mêlé d’argent. (D. J.)

SLÉE, s. f. (Marine.) sorte de machine, avec laquelle les Hollandois tirent à terre un vaisseau, de quelque grandeur qu’il soit. Voici la description de cette machine, tirée de l’architecture navale de M. Witsen. C’est une planche d’environ un pié & demi de largeur, & dont la longueur est égale à celle de la quille d’un vaisseau de moyenne grandeur. Elle est un peu élevée par derriere, & un peu creuse au milieu ; ensorte que les côtés s’élevent en talud. Il y a dans ces côtés des trous pour y pouvoir passer des chevilles, & le reste est tout uni. Derriere est un crochet, qui reçoit une crampe avec une chaîne de fer, qui est attachée à une petite machine, où il y a un certain nombre de poulies.

Pour faire usage de cette machine, on la met sous la quille du vaisseau, & on l’attache à côté par derriere avec des crocs ; de sorte qu’elle est droite sous la quille. On la lie ensuite avec le vaisseau fortement, par le moyen des trous qui font dans les côtés : on met un gros barreau par-derriere dans le creux qui est contre l’étambord, & on l’arrête par le moyen d’une cheville qu’on met dans le trou qui est à ce creux, & qui passant de-là dans celui qui est

à l’extrémité de la planche, entretient fermement l’étambord.

Les choses étant en cet état, & ayant graissé & la machine, & la forme sur laquelle elle est appuyée, un homme, à l’aide des poulies & des cabestans, amene ou tire à lui un vaisseau.

SLEGO, (Géog. mod.) petite ville d’Irlande, dans la province de Connaught, capitale du comté de même nom, & la seule place remarquable de ce comté. Elle a le privilege de députer au parlement d’Irlande, & de tenir marché. Elle est défendue par un château, & a un assez bon port, mais d’un accès difficile, à cause d’une barre de sable qui le traverse. Long. 9. 20. latit. 54. 25. (D. J.)

SLEIDEN, ou SCHLIDEN, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans le duché de Juliers ; elle est un chef-lieu du comté de même nom, & a une citadelle pour sa défense.

Sturmius (Jean), philologue du xvj. siecle, naquit à Sleiden en 1507, & mourut en 1589, à 82 ans. Les meilleurs de ses ouvrages sont ses notes sur la rhétorique d’Aristote & sur Hermogene. Le P. Niceron a fait l’article de ce savant dans son histoire des hommes illustres. Il ne faut pas le confondre avec Sturmius (Jean), né à Malines, ni avec Sturmius (Jean-Christophle), né dans le duché de Neubourg, tous deux mathématiciens & connus par des ouvrages en ce genre. (D. J.)

SLESWICK, ou SLESWICH, (Géog. mod.) ville de Danemarck, capitale du duché de même nom, sur le golphe de Slie, à 6 milles d’Allemagne de Kiel, 11 de Gluckstad, 15 de Hambourg, 17 de Lubeck. Elle est grande, mais sans fortifications, & n’ayant d’autre église dans son enceinte que la cathédrale, où l’on voit les tombeaux des anciens ducs de Sleswick. Son évêché est suffragant de Lunden. Cette ville a perdu son état florissant, par les malheurs de toute espece qu’elle a éprouvés consécutivement & qu’elle n’a pu éviter à cause de sa situation, qui se trouve sur les frontieres des Danois, des Saxons & des Suédois, peuples qui se sont toujours fait la guerre, & qui tour à tour ont pris, pillé, brûlé cette malheureuse ville. Long. 45. 2. latit. 54. 33. (D. J.)

Sleswick, duché de, (Géog. mod.) pays de Danemarck, qui est proprement le Jutland méridional. Ce pays a le nord-Jutland pour bornes au septentrion, la mer Baltique à l’orient, le Holstein au midi, & l’Océan au couchant. Sa longueur est de quinze milles germaniques, & sa largeur à-peu-près de dix. Il est arrosé d’un grand nombre de rivieres, qui n’offrent dans sa partie occidentale que prairies & pâturages ; sa partie orientale consiste en de grandes plaines, qui abondent en toutes sortes de grains.

Ce duché est une ancienne dépendance du royaume de Danemarck. Il est partagé en plusieurs bailliages tous fort peuplés, & dans lesquels on compte quantité de villages, quelques forteresses, & quatorze villes ou bourgs. Sleswick en est la capitale. La noblesse de cette province est divisée en quatre cercles, dont le premier est celui d’Hadersleben : les trois autres sont ceux de Tondern, de Flensbourg & de Gottorp.

C’est dans un village de ce dernier cercle, qu’est né Kunckel (Jean), celebre chimiste du xvij. siecle, mort en Suede en 1702. Il se rendit fameux par ses nouvelles inventions, & particulierement par celle du phosphore d’urine, dont quelques-uns néanmoins lui ont disputé la découverte. Les principaux ouvrages qu’il a publiés sont, 1°. sur l’art de faire le verre ; 2°. observationes de salibus fixis, & volatilibus, auto & argento potabili ; nec non de colore metallorum mineralium, &c. Lond. 1678, in-8°. Ce dernier ouvrage avoit d’abord paru en allemand à Hambourg en 1676 ; 3°. plusieurs observations chimiques du