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SOEST, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, dans la Westphalie, au comté de la Marck, à quatre lieues au sud-ouest de Lippstad. Elle passe pour une des plus grandes & des plus riches de la Westphalie ; elle a été impérial, & appartient présentement au roi de Prusse. Ses habitans sont en partie calvinistes, en partie catholiques ; le pays de ses environs est très-fertile. Long. 25. 48. lat. 51. 42.

Asselman, théologien moderé, naquit à Soest. Il a mis au jour un traité de ferendis hæreticis, non auferendis. Ce titre tient un peu du jeu de mots, mais l’ouvrage part d’un esprit tolérant & raisonnable.

Gropper (Jean) controversiste du seizieme siecle, naquit à Soest en 1501, & mourut à Rome en 1558, ayant refusé trois ans auparavant le chapeau de cardinal. Son principal ouvrage est intitulé, Institutio fidei catholicæ. Il avoit une idée si folle de la pureté, qu’ayant trouvé une servante qui faisoit son lit, il la chassa, & fit jetter le lit par la fenêtre ; j’imagine que cette servante étoit huguenotte. (D. J.)

SŒUR, s. f. (Gram. & Jurisprud.) est une personne du sexe féminin qui est issue de mêmes pere & mere, ou de même pere ou de même mere qu’une autre personne, mâle ou femelle dont on parle ; car la qualité de sœur peut être relative à deux sœurs, ou à une sœur & un frere.

La sœur germaine est celle qui est issue de même pere & mere que son frere ou sa sœur. On appelle sœur consanguine, celle qui est issue de même pere seulement ; sœur utérine est celle qui est née de même mere, mais non pas de même pere. Voyez Frere. (A)

Sœur, (Critiq. sacrée.) ce mot dans le style des Hébreux, outre l’acception qui lui est commune à toutes les langues, a celle de signifier une proche parente, soit cousine-germaine ou niece. Dans l’Evangile de S. Matth. xiij 56. les sœurs de Jesus-Christ, sont ses cousines : ce mot se dit au figuré de la ressemblance des inclinations des peuples & des villes, ainsi le prophete appelle Jérusalem, sœur de Sodome & de Samarie, parce qu’elle a imité leur idolâtrie, Ezéchiel, xvj. 46. il s’emploie pour un terme de caresse ; vous avez blessé mon cœur, ma tendre sœur, dit l’époux à l’épouse, dans le Cantiq. iv. 9. Jesus-Christ tient pour ses plus proches parens, pour mere, sœurs & freres, tous ceux qui suivront les préceptes ; c’est sa bonté qui forme ces nœuds figuratifs. (D. J.)

SOFA, s. m. (terme de relation.) espece d’estrade qui est d’usage en Orient, & qui est élevée d’un demi-pié au-dessus du niveau de la chambre d’honneur. où l’on reçoit les personnes les plus remarquables. Chez les Turcs, tout le plancher est couvert d’un tapis de pié, & du côté des fenêtres, ils élevent une estrade, qu’ils appellent sofa. Il y a sur cette estrade de petits matelas, de deux à trois piés de large, couverts d’un petit tapis précieux. Les Turcs s’asseyent sur ce tapis comme les Tailleurs qui travaillent en France, les jambes croisées ; & ils s’appuient contre la muraille sur de grands carreaux de velours, de satin, & d’autre étoffe convenable à la saison. Pour prendre leur repas, on étend sur le tapis de l’estrade un cuir qui sert de nappe ; on met sur ce cuir une table de bois faite comme un plateau rond, & on la couvre de plats. Duloir. (D. J.)

SOFALA ou ZOFALA, (Géogr. mod.) royaume d’Afrique, dans la Cafrerie, sur la côte de la mer d’Ethiopie, vers le Zanquebar. M. Danville renferme ce royaume entre les états de Monomotapa au nord, la mer de Mosambique à l’orient, le royaume de Sabia au midi, & celui de Manica au couchant. La riviere de Tandanculo coule au nord de ce pays, & une autre riviere qu’on nomme Sofala, le traverse d’orient en occident. Le roi de Sofala se nom-

me Quiteve. Ses sujets sont negres pour la plûpart.

Ils ne se couvrent que depuis la ceinture jusqu’aux genoux, d’une pagne de coton ; quelques-uns parlent arabe, & sont mahométans ; les autres ne professent aucune religion. Le pays ne manque pas d’éléphans, de lions & d’ammaux sauvages ; mais vers l’embouchure du Cuama, c’est un pays fertile, & assez peuplé. Il se trouve même de riches mines d’or à quelque distance de la capitale du royaume, qui porte le même nom de Sofala, & que plusieurs savans prennent pour l’ophir de Salomon. Cette capitale est située sur le bord de la mer, un peu au nord de l’embouchure de la riviere Sofala. Les Portugais s’emparerent de cette ville vers 1508, & y bâtirent une forteresse qui leur est d’une grande importance, pour leur assurer le commerce qu’ils font avec les Cafres. Latit. mérid. de cette forteresse, 20. 30. (D. J.)

SOFFE, ou plutôt SOFIAH ou SOPHIE, (Géogr. mod.) ville de la Turquie européenne, capitale de la Bulgarie, que les Turcs appellent Sifiah Vilajeti, le pays de Sofiah, à cause de sa capitale. Elle est située sur la riviere de Bojana, dans une vaste plaine, à 96 lieues de Constantinople. Elle est sans murailles, au pié du mont Hæmus, & d’ailleurs aussi mal-bâtie que les autres villes de Turquie. L’air qu’on y respire, est si mauvais, que sans la résidence du beglierbey, elle ne se maintiendroit pas telle qu’elle est aujourd’hui. Les Juifs y ont quelques synagogues, & y font du commerce, parce que c’est un grand passage pour aller de Constantinople en Hongrie.

L’on croit que Soffe est l’ancienne Sardica, rebâtie par Justinien. Les Bulgares venus des pays septentrionaux, ayant occupé la Moesie, fatiguerent long-tems les empereurs grecs de ce côté-là, où la Moesie confinoit à la Thrace ; enfin ayant été subjugués par les Grecs, la plûpart se firent chrétiens, & la ville de Sardique ou Sophie, devint un archevêché, lequel a été disputé entre les papes & les patriarches de Constantinople, jusqu’à ce que le turc ait décidé leur querelle. Long. 41. 28. latit. 42. 30. (D. J.)

SOFI, s. m. (Science étymolog.) ce mot signifie proprement en arabe, un homme vêtu de laine ; car sof ou suf, veut dire de la laine. C’est pourquoi on donne ce titre chez les Mahométans, à celui qui vit retiré du monde, & qui par une espece de profession religieuse est grossierement habille. Ainsi sofi désigne un religieux mahométan, qui porte aussi le nom de dervis en turc & en persan, & que les Arabes appellent fakir. Shah-Ismaël, roi de Perse, est le premier qui prit de ses ancêtres le surnom de sofi ; & de-là vient que plusieurs de nos historiens & de nos voyageurs, donnent aux rois de Perse le nom de sofi ou de grand-sohi. (D. J.)

SOFITE ou SOFFITE, s. m. (Menuis.) nom général qu’on donne à tout plafond ou lambris de menuiserie, qu’on nomme à l’antique, fermé par des poutres croisées ou des corniches volantes, dont les compartimens, par renfoncemens quarrés, sont ornés de roses par compartimens, enrichis de sculpture, de peinture & de dorure, comme on en voit aux basiliques & au palais d’Italie. Dans l’ordre dorique, on orne ses sofites avec des gouttes au nombre de dix-huit, faites en forme de clochettes disposées en trois rangs, & mises au droit des gouttes, qui sont au bas des triglyphes.

On appelle aussi sofite, le dessous du plancher. Ce mot vient de l’Italien sofito, qui signifie soupente, galetas, plancher de grenier.

Sofite de corniche, rond. C’est un sofite contourné en rond d’arc, dont les naissances sont posées sur l’architrave, comme au temple de Mars, à la place des prêtres, à Rome. Daviler. (D. J.)