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Après Vénus, Castor & Pollux étoient les deux divinités les plus honorées ; ils avoient excellé dans les exercices cultivés à Sparte ; ils étoient des modeles d’un courage héroïque, & d’une amitié généreuse.

Les Lacédémoniens mêloient à leurs exercices des chants & des fêtes. Ces fêtes étoient instituées pour leur rappeller le souvenir de leurs victoires, & ils chantoient les louanges de la divinité & des héros.

On lisoit Homere, qui inspire l’enthousiasme de la gloire ; Lycurgue en donna la meilleure édition qu’on eût encore vue.

Le poëte Terpandre fut appellé de Lesbos, & on lui demanda des chants qui adoucissent les hommes. On n’alloit point au combat sans chanter les vers de Tirtée.

Les Lacédémoniens avoient élevé un temple aux Graces, ils n’en honoroient que deux ; elles étoient pour eux les déesses à qui les hommes devoient la bienfaisance, l’égalité de l’humeur, les vertus sociales ; elles n’étoient pas les compagnes de Vénus & des muses frivoles.

Lycurgue avoit fait placer la statue du Ris dans le temple des Graces, la gaieté régnoit dans les assemblées des Lacédémoniens, leur plaisanterie étoit vive ; & chez ce peuple vertueux, elle étoit utile, parce que le ridicule ne pouvoit y tomber que sur ce qui étoit contraire à l’ordre ; au-lieu que dans nos mœurs corrompues la vertu étant hors d’usage, elle est souvent l’objet du ridicule.

Il n’y avoit à Sparte aucune loi constitutive ou civile, aucun usage qui ne tendît à augmenter les passions pour la patrie, pour la gloire, pour la vertu, & à rendre les citoyens heureux par ces nobles passions.

Les femmes accouchoient sur un bouclier. Les rois étoient de la postérité d’Hercule : il n’y avoit de mausolées que pour les hommes qui étoient morts dans les combats.

On lisoit dans les lieux publics l’éloge des grands hommes, & le récit de leurs belles actions. Il n’y a jamais eu de peuple dont on ait recueilli autant de ces mots qui sont les saillies des grandes ames, & dont les monumens attestent plus la vertu. Quelle inscription que celle du tombeau des trois cens hommes qui se dévouerent aux Termopiles ! Passant, vas dire à Sparte que nous sommes morts ici pour obéir à ses saintes lois.

Si l’éducation & l’obéissance s’étendoient jusque dans l’âge avancé, il y avoit des plaisirs pour la vieillesse ; les vieillards étoient juges des combats, juges de l’esprit & des belles actions ; le respect qu’on avoit pour eux, les engageoit à être vertueux jusqu’au dernier moment de la vie, & ce respect étoit une douce consolation dans l’âge des infirmités. Nul rang, nulle dignité ne dispensoit un citoyen de cette considération pour les vieillards qui est leur seule jouissance. Des étrangers proposoient à un général lacédémonien de le faire voyager en litiere. Que les dieux me préservent, répondit-il, de m’enfermer dans une voiture, où je ne pourrois me lever si je rencontrois un vieillard.

La législation de Lycurgue si propre à faire un peuple de philosophes & de héros, ne devoit point inspirer d’ambition. Avec sa monnoie de fer, Sparte ne pouvoit porter la guerre dans des pays éloignés ; & Lycurgue avoit défendu que son peuple eût une marine, quoiqu’il fût entouré de la mer. Sparte étoit constituée pour rester libre, & non pour devenir conquérante ; elle devoit faire respecter ses mœurs, & en jouir ; elle fut long-tems l’arbitre de la Grece, on lui demandoit de ses citoyens pour commander les armées ; Xantippe, Gilippe, Brasidas en sont des exemples fameux.

Les Lacédémoniens devoient être un peuple fier & dédaigneux ; quelle idée ne devoient-ils pas avoir d’eux-mêmes lorsqu’ils se comparoient au reste de

la Grece ? Mais ce peuple fier ne devoit pas être féroce, il cultivoit trop les vertus sociales, & il avoit beaucoup de cette indulgence, qui est plus l’effet du dédain que de la bonté. Des Clazomeniens ayant insulté les magistrats de Sparte, ceux-ci ne les punirent que par une plaisanterie : ses éphores firent afficher, qu’il étoit permis aux Clazoméniens de faire des sottises.

Le gouvernement & les mœurs de Sparte se sont corrompus, parce que toute espece de gouvernement ne peut avoir qu’un tems, & doit nécessairement se détruire par des circonstances que les législateurs n’ont pu prévoir ; ce fut l’ambition & la puissance d’Athènes qui forcerent Lacédémone de se corrompre, en l’obligeant d’introduire chez elle l’or & l’argent, & d’envoyer au loin ses citoyens dans des pays, dont ils revenoient couverts de gloire & chargés de vices étrangers.

Il ne reste plus de Lacédémone que quelques ruines ; & il ne faut pas, comme le Dictionnaire de Trévoux, en faire une ville épiscopale, suffragante de l’archevêché de Corinthe.

SPARTE-GENET, s. m. (Hist. nat. Bot.) genista-spartium, genre de plante qui ne differe du spartium & du genet que par ses pointes. Voyez Genet & Spartium. Tournefort, I. R. H. Voyez Plante.

SPARTIVENTO, le cap, (Géog. mod.) cap d’Italie, au royaume de Naples, à l’extrémité de la Calabre ultérieure. Magin dit que c’est Herculis promontorium des anciens. (D. J.)

SPARTIUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur papilionacée. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite une silique courte, arrondie, & un peu gonflée, & renferme une semence dont la forme ressemble le plus souvent à celle d’un rein. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort en distingue quatre especes, dont la principale est le spartium monospermon, flore luteo, semine reni simili, I. R. H. 645. Cette espece d’arbrisseau pousse une tige à la hauteur de deux ou trois piés, se divisant en plusieurs rameaux qui jettent de petites verges semblables à celles du jonc. Ses fleurs sont légumineuses, petites, jaunes, d’une odeur de jonquille, attachées à des pédicules qui sortent des côtés des petites verges. A cette fleur succede une capsule fort courte, qui ne contient qu’une seule semence dure, noire, & faite en petit rein. L’espece de spartium que nous venons décrire, se nomme communément en françois genêt-jonquille. (D. J.)

SPARTON, s. m. (Marine.) c’est un cordage de genêt d’Espagne, d’Afrique & de Murcie, dont l’usage est fort bon, soit qu’il aille dans l’eau salée ou dans l’eau douce.

SPASME, s. m. (Médec. Patholog.) ce mot est pris assez ordinairement, sur-tout par les auteurs grecs & latins, comme synonyme à convulsion, & dans ce sens il est employé pour désigner la contraction non-naturelle de quelque partie. Quelques médecins françois ont évité de confondre ces deux mots, appellant spasme la disposition des parties à la convulsion, & convulsion le complément de cette disposition, ou ce qui revient au même, un spasme plus fort & plus sensible : il me semble qu’on pourroit en distinguant ces deux états, établir la distinction sur des fondemens moins équivoques, & pour cela je remarque que deux sortes de parties peuvent être le sujet ou le siege du spasme, ou de la convulsion : les unes ont un mouvement considérable, mais soumis à l’empire de la volonté ; tels sont les muscles destinés à exécuter les mouvemens animaux : les autres ont une action plus cachée, un mouvement moins remarquable, mais indépendant de l’arbitre de la volonté ; de ce nombre sont tous les organes qui servent aux fonctions vitales & naturelles. Le spasme ou la convulsion ne sauroient s’évaluer de la même façon dans