Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/737

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour ce qui regarde le cerveau, il n’est pas surprenant que certaines matieres comme l’héllebore, puissent causer des convulsions ; la communication de la cinquieme paire avec le nez explique ce phénomene : mais il y a une chose singuliere qui arrive très-souvent, c’est qu’on éternue en regardant fixement le soleil ; cela vient de ce que la branche nasale de l’ophtalmique donne un rameau qui rentre dans le crâne, & en sort avec l’olfactif, pour s’aller répandre dans la membrane pituitaire.

Sympathie des oreilles expliquée. Nous avons vu la liaison du cerveau avec les oreilles ; mais il reste à expliquer plusieurs phénomenes qui regardent d’autres parties.

1°. Wincler a dit qu’en faisant faire des mouvemens violens à un homme qui avoit une fluxion à l’oreille, il le délivra de cette incommodité ; c’est que par des mouvemens violens il agita les nerfs, & rendit le cours aux liqueurs arrêtées.

2°. Fabrice de Hildan rapporte d’une femme, que les douleurs qu’elle sentoit à l’oreille s’étendoient jusqu’au bras ; c’est que la portion dure communique avec la seconde & troisieme vertébrale, qui de leur côté, communiquent avec les nerfs brachiaux.

3°. Quelquefois les douleurs s’étendent à la cuisse ; ce symptome ne peut résulter que de la communication des nerfs lombaires avec l’intercostal ; le suc nerveux étant poussé par ce dernier nerf, retrécit les extrémités capillaires des vaisseaux, & par les engorgemens qu’il y forme, il y cause des douleurs.

4°. Dans les maux d’oreille, il arrive quelquefois une difficulté d’avaler ; cet effet procede de ce que les nerfs de la cinquieme paire, qui vont à la langue, communiquent avec la portion dure.

5°. Selon l’observation de Baglivi, la surdité qui survient dans les maladies, arrête le cours-de-ventre : quand il arrive des dérangemens dans les nerfs de l’oreille, l’intercostal étant secoué, envoie plus de suc nerveux dans les plexus mésentériques, & retrécit les extrémités capillaires des arteres.

6°. Les douleurs d’oreilles naissent souvent dans les maladies aiguës, & sont un bon signe ; c’est qu’alors la matiere qui cause la maladie, se dépose dans les glandes parotides ; plusieurs médecins font appliquer un cautere actuel à ces glandes, & cela reussit fort bien. Au reste, ce dépôt arrive par la facilité que trouve la matiere à s’arrêter dans les cellules glanduleuses.

Sympathie des dents expliquée. Les dents n’ont pas moins de liaisons que l’oreille avec plusieurs parties du corps. 1°. Le mal aux dents cause une tumeur & une inflammation ; nous le concevons en ce que les nerfs de la cinquieme paire qui vont aux dents, envoyent des rameaux aux joues, aux gencives, aux muscles du visage ; ainsi, quand la douleur de dents est violente, les nerfs contractent les extrémités artérielles ; les engorgemens qui arrivent alors, forment des inflammations, & font filtrer beaucoup de liqueur dans les interstices des fibres, soit des gencives, soit de la joue : en un mot, il arrive ici ce qu’on voit arriver quand on lie la jugulaire d’un chien, c’est-à-dire, que le voisinage se gonfle.

2°. La douleur des dents s’étend jusqu’aux oreilles, à cause de la communication de la portion dure avec la cinquieme paire.

3°. Les yeux souffrent du mal des dents ; quelquefois il survient une tumeur sous l’œil, & la paupiere paroit palpiter : la branche qui se porte aux dents de la mâchoire supérieure, envoie un rameau dans le canal qui est sous l’orbite, va se répandre aux tégumens du visage, & à la levre supérieure ; or ce nerf étant agité, le suc qui y coule contracte les ex-

trémités artérielles sous l’œil, & y cause une tumeur

par ce retrécissement. L’origine commune de cette branche & de l’olphtalmique de Willis, fait voir encore que l’œil doit pâtir du mal des dents.

4°. Quand les dents sortent aux enfans, ils éprouvent des diarrhées, des fievres, des vomissemens. Comme les nerfs de la cinquieme paire sont fort agités, la huitieme qui communique avec elle dans la bouche, & avec l’intercostal, qui tire son origine de la cinquieme, contracte à diverses reprises les extrémités artérielles des intestins, il doit donc s’exprimer une liqueur qui se filtrera dans les intestins ; si la contraction est telle que tout soit bouché, alors la fievre & des vomissemens succéderont.

5°. Il survient aux enfans des mouvemens épileptiques, l’agitation de la cinquieme, huitieme paire, & de l’intercostal, en donnent la raison ; d’ailleurs le sang arrêté dans les visceres, agite de tous côtés les nerfs par diverses secousses qu’il reçoit du cœur ; & de-là dépend l’observation d’Hippocrate ; savoir, que les convulsions ne surviennent pas aux enfans qui ont des diarrhées, car les vaisseaux se désemplissent.

6°. Les remedes qu’on met dans l’oreille, appaisent quelquefois le mal de dents ; on le conçoit par la communication de la cinquieme paire avec la portion dure.

7°. Les vésicatoires guérissent quelquefois l’odontalgie. C’est un principe constant que tout étant en équilibre dans le corps humain, l’effort se jette vers l’endroit où cet équilibre est interrompu ; or par les vésicatoires l’équilibre est interrompu dans un point, & alors l’effort se portant vers ce point-là, il est moindre aux environs des dents.

8°. Pour ce qui regarde la liaison du larynx & du pharynx, la paire vague y envoie des rameaux de dessous le corps olivaire, & le récurrent en donne à l’œsophage & à la trachée-artere.

Sympathie des poulmons expliquée. La poitrine nous offre plusieurs phénomenes curieux ; mais il y a beaucoup de faits qu’on rapporte à la sympathie, qui dépendent d’une autre cause. 1°. Les poumons étant attaqués, les nerfs intercostaux doivent produire des inspirations fréquentes ; car l’intercostal joint aux nerfs dorsaux, communique avec la huitieme paire.

2°. Les inflammations des poulmons font sentir de la douleur vers les clavicules & l’omoplate, parce que le nerf intercostal forme avec la seconde paire dorsale le nerf qui se porte au muscle souclavier.

3°. Les joues rougissent dans les phthisiques. Pour expliquer ce phénomene, il faut observer que le sang ne coulant pas librement dans les poumons, il se trouve arrêté dans la veine cave supérieure ; les arteres doivent donc nécessairement se gonfler, & envoyer plus de sang au visage. Autre remarque, c’est que le réseau est considérable aux joues ; or les parties venant à se sécher dans la phthisie, & le réseau du visage étant plus gros aux joues, il arrive que le sang s’y jette en plus grande quantité.

4°. Le cerveau souffre dans les maladies du poumon ; cela peut résulter de la communication de la huitieme paire avec la cinquieme, laquelle envoie des rameaux à la dure-mere ; mais il faut surtout avoir égard au sang qui ne peut pas descendre commodément du cerveau.

5°. Baglivi croit qu’il y a de la sympathie entre la poitrine & les testicules, parce que les maladies du poumon se jettent dans les bourses ; mais cet accident rare ne vient pas de leur liaison. Les matieres qui forment un abscès dans le tissu pulmonaire, se peuvent transporter dans tout le corps, soit par la disposition des parties, soit par quelque accident.

6°. En appliquant des vésicatoires aux jambes, on a soulagé quelquefois les pleurétiques. On a dit