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nomme imposte ou coussinet, quand elle reçoit une ou deux retombées d’arcade. Daviler. (D. J.)

Tablette la (Fortification.) c’est dans la fortification le revêtement du parapet au-dessus du cordon. (q)

Tablette, (ustencile d’ouvriers.) la tablette du boulanger est un ais sur lequel il met le pain dans sa boutique.

La tablette du chandelier est une espece de petite table sur laquelle il pose le moule dont il se sert pour faire de la chandelle. (D. J.)

La tablette de la presse d’imprimerie est faite de deux planches de chêne, chacune environ de deux piés de long sur quatre pouces de large & seize à dix-huit lignes d’épaisseur, jointes l’une contre l’autre ; elles sont arrêtées par les deux extrémités (au moyen de deux especes de chevilles de bois quarrés, qui vont néanmoins un peu en diminuant d’une extrémité à l’autre ; leur longueur est de cinq à six pouces sur quatre pouces de diametre ; elles servent, & on les appelle aussi clé de la tablette), parce qu’elles entrent avec elles dans des mortaises prises dans l’épaisseur & dans le dedans de chaque jumelle : ces deux planches sont cependant entaillées quarrément dans leur milieu, pour donner passage à la boëte qu’elles entourent dans sa circonférence, & maintiennent dans un état fixe & stable, ainsi que la platine liée aux quatre coins de cette même boëte. Voyez Boete, Platine. Voyez les Planches de l’Imprimerie.

Tablette en cire, (Littérat.) en latin tabula cerâ linita ou illita ; on appelle tablettes de cire des feuillets ou planches minces enduites de cire, sur lesquelles on a longtems écrit, à l’exemple des Romains, avec une espece de stile ou de poinçon de métal. Ces sortes de tablettes étoient communément enduites de cire noire, & quelquefois de cire verte, pour l’agrément de la vue. On en faisoit un grand nombre de portatives de différentes grandeurs & largeurs, qu’on renfermoit dans un étui fait exprès, ou dans un coffre, ou même dans un sac.

Toutes ces sortes de tablettes ne sont pas encore perdues ; on en conserve à Paris dans la bibliotheque du roi, dans celle qui étoit au college des Jésuites, dans celle des Carmes déchaux, dans celle de Saint-Germain des prés & de Saint-Victor ; on voit encore des tablettes en cire à Florence & à Genève.

Les tablettes en cire de la bibliotheque du roi sont dans un maroquin rouge doré, & y sont conservées apparemment depuis long-tems, puisque le portefeuille a déja été coté trois fois, premierement 1272, ensuite 5653, & enfin 8727 B. Ce porte-feuille a huit tablettes, toutes enduites de cire noire des deux côtés, excepté une qui ne l’est que d’un côté, & qui est vraissemblablement la derniere du livre. Toutes ces petites planches sont détachées & sans numero. On y distingue cependant le folio recto d’avec le folio verso, par le moyen de la dorure qui est seulement du côté extérieur qu’on regardoit comme celui de la tranche.

Les huit tables dont nous parlons, contiennent les dépenses d’un maître d’hôtel ; mais elles sont assez difficiles à déchiffrer, à cause de la poussiere qui couvre la plûpart des mots. Il y a des articles pro coquinâ, pro pullis, pro avenâ : des articles pour les bains, ad balnea ; tout y est spécifié en latin ; les sommes sont toujours cottées en chiffres romains ; les jours que se sont faites les dépenses, y sont marqués ; ensorte qu’on s’apperçoit qu’il n’y a dans chaque tablette ou feuillet que la dépense de quatre ou cinq jours : ce qui fait que tous les huit ensemble ne renferment que la dépense d’un mois ou environ. L’écrivain n’y nomme jamais le lieu où s’est faite la dépense, non plus que l’année ; mais par la ressem-

blance pour la grandeur des formes & pour le caractere

de l’écriture avec d’autres tablettes, on peut conclure que ces tables de cire sont de la fin du regne de Philippe le hardi. Dans le haut d’une des pages se lit distinctement die lunæ, in festo omnium sanctorum : ce qui suffit pour désigner l’an 1283, auquel la toussaint tomba effectivement un lundi ; il y a des pages entieres qui paroissent avoir été effacées en les présentant au feu.

Les tablettes en cire qui étoient au college des Jésuites, forment, comme celles de la bibliotheque du roi, sept ou huit planches dont l’écriture est la même que celle des tablettes dont je vais bientôt parler. Ce sont des comptes de dépenses, autres que pour la bouche, mais toujours pour le roi ou pour la cour. L’année y est marquée simplement par anno LXXXIII. ce qui veut dire, selon les apparences ; l’an 1283 ; le comptable fait souvent des payemens à un Marcellus, lequel se trouve nommé fréquemment dans celles que les Carmes conservent, & qui sont certainement de l’année 1284.

Les tablettes écrites en cire, les moins mal conservées, & les plus dignes de l’attention des historiens par rapport au regne de Philippe le hardi, sont celles qui sont renfermées avec les manuscrits de la bibliotheque des Carmes déchaux de Paris. Elles consistent en 12 planches, dont il y en a deux qui contiennent la recette des deniers du roi, & dix autres qui contiennent la dépense. Lorsqu’on a lu les quatre pages de la recette, & qu’on veut lire les vingt pages de la dépense, il est bon de retourner les planches du haut en bas.

Les tablettes de Saint-Germain des prés sont fort gâtées ; dans les 16 pages qui les composent, & dont les feuillets sont séparés, sans avoir jamais été chiffrés, on apperçoit seulement qu’il y a des dépenses pour les achats de faucons, pour des messagers chargés d’aller présenter des cerfs à tels ou telles personnes ; & d’autres messagers qui acheterent des drogues à Orléans pour l’impératrice de Constantinople qui étoit malade.

Le docteur Antoine Cocchi Muchellani a publié une notice imprimée des tablettes de Florence. Elles contiennent les voyages d’été du roi Philippe le bel en 1301 ; & les tablettes de Saint-Victor, dont nous parlerons bientôt, contiennent les voyages d’hiver de la même année. Elles ont été écrites par le même officier qui a rédigé les précédentes, & n’en sont, à ce qu’on dit, qu’une continuation.

M. Cocchi a fait remarquer en général que dans ces tablettes, à chaque jour du voyage, il y a la dépense de la cour en six articles, savoir pour le pain, le vin, la cire, la cuisine, l’avoine & la chambre, & qu’après une traite d’un mois ou environ, le comptable donne l’état du payement des gages des officiers, puis des chevaliers & des valets pendant cet intervalle. Après cela, il continue les différentes stations du voyage ; & afin qu’on pût juger de l’utilité de ces tablettes, il rapporte les noms des officiers, chevaliers & valets qui furent payés, &c. M. Cocchi finit par quelques réflexions sur l’usage où l’on étoit alors d’user d’eau rose & de grenade après le repas, & cela à l’occasion de quelque dépense de cette nature.

Les tablettes de Saint-Victor ont été écrites par le même officier qui a rédigé les précédentes, & n’en sont qu’une continuation ; elles renferment 26 pages.

Les tablettes que la ville de Genève possede, sont des planches fort minces de la grandeur d’un in-folio, enduites de cire noire. Elles contiennent la dépense journaliere de Philippe le bel durant six mois, & la suite de celle de Saint-Germain des prés, ce qui forme onze pages. Les savans de Genève ont pris la peine de les déchiffrer, & d’en publier la notice dans la bibliotheque raisonnée, tome XXVIII. Ils en ont