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courir toute sa longueur, & qui soutiennent un pannier assez grand pour qu’un homme puisse s’y coucher, en cas qu’il craigne les étourdissemens auxquels on peut être sujet en passant des rivieres qui sont quelquefois entre des rochers coupés à pic d’une hauteur prodigieuse. Les Indiens donnent d’abord une secousse violente au panier, qui par ce moyen coule le long de la tarabite ; & les Indiens de l’autre bord, par le moyen de deux cordes, continuent d’attirer le panier de leur côté. Quand il s’agit de faire passer un cheval ou une mule, on tend deux cordes ou tarabites, l’une près de l’autre ; on suspend l’animal par des sangles qui passent sous son ventre, & qui le tiennent en respect sans qu’il puisse faire aucun mouvement. Dans cet état, on le suspend à un gros croc de bois qui coule entre les deux tarabites, par le moyen d’une corde qui l’y attache. La premiere secousse suffit pour faire arriver l’animal à l’autre rive. Il y a des tarabites qui ont 30 à 40 toises de longueur, & qui sont placées à 25 ou 30 toises au-dessus de la riviere.

TARABOQUE, s. m. (Hist. ecclés.) ce fut ainsi qu’on appella dans le quatorzieme siecle quelques habitans d’Ancone qui tenoient le parti de Louis de Baviere, & qu’on accusoit d’hérésie & de débauche. Un frere mineur, inquisiteur, eut ordre de les faire arrêter en Esclavonie, où il paroît qu’ils se retirerent.

TARAC, s. m. (Hist. nat. Litholog.) nom d’une pierre qui nous est inconnue, & dont on ne nous apprend rien, sinon qu’elle avoit des vertus médicinales, & que l’on substitue le sang de dragon à sa place. Voyez Boëce de Boot.

TARAGALE, (Géog. mod.) ville d’Afrique au royaume de Tafilet, dans la province, sur la gauche de la riviere de même nom. Cette ville a pour défense un château fortifié, où on tient garnison. Son terroir est planté de palmiers, & fertile en pâturages. Long. 11. 48. lat. 27. (D. J.)

TARAGUICO-AYCURABA, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) nom d’une espece de lésard du Brésil, dont la queue est couverte de petites écailles triangulaires, marquetées de quatre taches brunes régulieres ; son dos est joliment ondé de rayeures brunes.

TARAGUIRA, s. m. (Hist. nat. Zoologie.) nom d’un lésard d’Amérique, qui est de la longueur d’un pié ; son corps est tout couvert de petites écailles triangulaires, grises-brunes : il est très-commun aux environs des maisons du sud de l’Amérique. Il court avec une grande rapidité, mais toujours en tortillant son corps ; & d’abord qu’il apperçoit quelque chose, il a une maniere singuliere de branler sa tête avec une extrême vitesse. (D. J.)

TARAIJO, s. m. (Hist. nat. Botan.) espece de laurier cerise du Japon, dont les fleurs sont à quatre pétales, odorantes, d’un jaune pâle, & ramassées en grand nombre sous les aisselles des feuilles. Son fruit, qui contient quatre semences, est rouge, de la grosseur & de la figure d’une poire ; on le cultive dans les jardins, où il conserve toujours sa beauté.

TARAMA, (Géog. mod.) province de l’Amérique méridionale, au Pérou, dans l’audience de Lima, à 24 lieues de la ville de ce nom : son terroir est fertile en maïs. (D. J.)

TARANCHE, s. f. terme de Vigneron, grosse cheville de fer qui sert à tourner la vis d’un pressoir par le moyen des omblets & des leviers. Trévoux.

TARANDE, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) c’est un animal sauvage gros comme un bœuf. Il a la tête plus grande que le cerf, est couvert d’un poil comme celui d’un ours, & naît dans les pays les plus septentrionaux, comme en Laponie. (D. J.)

TARANJA, s. m. (Hist. nat. Bot.) arbre d’Afrique & des Indes orientales. Il est petit & rempli

d’épines ; son fruit est rond & couvert d’une écorce jaunâtre ; le dedans est rouge & a le goût d’une orange, quoique sa chair soit plus ferme.

TARANIS, s. m. (Mythol. des Gaul.) nom que les Gaulois donnoient à Jupiter, & sous lequel ils lui immoloient des victimes humaines. Taranis répondoit au Jupiter tonnant des Romains, mais ce dieu n’étoit pas chez les Gaulois le souverain des dieux, il n’alloit qu’après Esus, le dieu de la guerre, & la grande divinité de ces peuples. (D. J.)

TARANTAISE, la, (Géogr. mod.) province de Savoie, avec titre de comté. Elle est bornée au nord par le duché de Savoie, au midi par le comté de Maurienne, au levant par le duché d’Aost, & au couchant encore par le comté de Maurienne. C’est le pays qu’habitoient les Centrons, peuples bien marqués dans César, au premier livre de ses Commentaires. Pline les place aussi dans les Alpes graïennes, qu’il nomme Centroniques, à cause de ses peuples, qui étoient, comme il dit, limitrophes des Octoduriens ou des Vallaisans, Octodurenses & eorum finitimi Centrones. Les Centrons étoient les premiers des Alpes graïennes. Leur capitale étoit nommée Forum Claudii : c’est le nom romain marqué par Ptolomée.

La ville des Centrons n’est plus qu’un village qui a conservé son nom. Darentasia ou Tarentaise, devint la capitale, non-seulement des Centrons, mais des Alpes grecques & pennines ; elle est marquée dans l’itinéraire d’Antonin, & dans la carte de Peutinger. Elle étoit alors évêché, & fut archevêché dans le neuvieme siecle. Cette ville de Tarentaise. en donnant son nom au pays, a perdu le sien elle-même, & s’appelle aujourd’hui Monstiers, Monasterium, à cause d’un monastere fondé en ce lieu, où les archevêques demeuroient. Voyez Monstiers.

La Tarentaise est un pays stérile & plein d’affreuses montagnes. La riviere d’Isere la traverse d’orient en occident, & y prend une de ses sources.

Innocent V. appellé Pierre de Tarentaise, parce qu’il étoit né dans la ville de ce nom en 1249, se fit religieux de l’ordre de saint Dominique, devint provincial de son ordre, archevêque de Lyon, cardinal d’Ostie, grand pénitencier de l’église romaine, & enfin pape après la mort de Grégoire X. Il fut élu à Arezzo le 21 Février 1276, & mourut au bout de cinq mois. Il a laissé des ouvrages que personne ne lit aujourd’hui, tant ils respirent la barbarie. (D. J.)

TARAPACA, vallée de, (Géogr. mod.) vallée de l’Amérique septentrionale, au Pérou, dans l’audience de Los-Charcas, près de la côte de la mer du Sud. On dit qu’il s’y trouve quelques mines d’argent. Au-devant du continent il y a une île nommée l’ile de Gouane, & que M. de Lisle marque à dix-neuf degrés quelques minutes. (D. J.)

TARARE, (Géog. mod.) nom commun à une montagne d’Afrique, au royaume de Tremecen, & à une montagne qui est à six lieues de Lyon, sur le chemin de Roanne, & dont on a rendu le passage très-commode. Cette derniere montagne a pris son nom du gros bourg qui est situé au-bas, dans une vallée, sur la petite riviere de Tordive. Tarare, en latin du moyen âge, Tararia, est encore une montagne de France, qui sépare le Lyonnois du Beaujolois. (D. J.)

TARAS, s. m. (Médailles.) fils de Neptune, passe pour le fondateur des Tarentins, qui le mettoient sur leurs médailles sous la forme d’un dieu marin, monté sur un dauphin, & tenant ordinairement le trident de son pere ; ou la massue d’Hercule, symbole de la force ; ou une chouette, pour désigner Minerve, protectrice des Tarentins ; ou bien une corne d’abondance, pour signifier la bonté du pays où il avoit bâti Tarente ; ou enfin avec un pot à deux anses,