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lait, & se retirer en arriere pour le pousser dans le gosier.

Excepté ce dernier cas, la bouche dans l’action de teter fait le double office de pompe aspirante & foulante. Le bout antérieur de la langue, en se retirant, fait le piston de la premiere pompe, & attire le lait contenu dans le mamelon ; ensuite la partie postérieure de la langue en pressant le lait contre le fond du palais, la cloison du gosier & le gosier même, & en se retirant sur l’embouchure de l’œsophage sait le piston de la pompe foulante. Cette double action de la langue s’exécute presque dans le même instant, sa racine n’ayant point achevé son coup de piston foulant pour avaler, que déja son bout a commencé celui de piston aspirant pour sucer.

Par tout ce qui a été dit jusqu’ici, il est clair, suivant M. Petit, qu’un enfant né sans palais non seulement peut exprimer le lait du mamelon par la simple compression des levres, ainsi qu’on l’a expliqué, mais encore que sa bouche peut faire la fonction d’une pompe aspirante. Cette pompe à la vérité sera plus courte que dans l’état naturel, puisqu’elle n’aura que la longueur du canal charnu formé par l’avance des levres, mais son jeu sera toujours le même. Ainsi l’enfant qui manque entierement de palais ne mourra point faute de pouvoir exprimer ou sucer le lait du mamelon ; mais si la bouche n’est point capable de faire l’office de la pompe foulante, il doit nécessairement périr faute de pouvoir avaler.

Il n’en est pas de même lorsque les narines ne sont ouvertes dans la bouche que par le seul écartement des os, qui forment la voûte du palais ; cette mauvaise conformation n’empêche point entierement les enfans d’avaler. En effet, dans ce cas, la langue en s’appliquant au palais en bouche la fente, & agit ensuite sur chacune des portions du palais, comme elle feroit sur le palais entier. Quand la cloison charnue se trouve aussi séparée en deux, il est bien vrai qu’une portion plus ou moins considérable du lait passe par le nez ; mais cela n’empêche pas que la racine de la langue, sur-tout lorsqu’elle se retire précipitament, ne fasse rentrer une partie du lait dans le canal de l’œsophage. On sent que dans ces différens vices de conformation l’enfant est obligé pour teter de faire des mouvemens extraordinaires auxquels il ne peut pas toujours s’habituer, ce qui le met en danger de périr. On a vu plus d’une fois, dans de semblables cas, rechapper des enfans en leur donnant le pis d’une chevre.

Pour le rendre propre à cette fonction, on le vuide à demi avant que de le présenter à l’enfant ; la grosseur, la longueur & la flaccité ou la mollesse de ce pis font qu’il supplée au vice des organes en remplissant le vuide du palais & des narines. Le pis s’ajuste si bien à toutes ces partie, & les ouvertures en sont même si exactement bouchées, qu’à chaque instant on est obligé de retirer le pis pour laisser respirer l’enfant.

Il vient aussi quelquefois au monde des enfans qui ne peuvent pas teter, en conséquence de quelque cohérence de la langue au palais. Dans ce vice de conformation, il ne s’agit que de débrider la langue, la détacher, la tenir abaissée avec une spatule, faire insensiblement cette opération avec prudence, & oindre la plaie avec du miel rosat le plus souvent qu’il est possible, pour empêcher la réunion des parties qu’on a divisées.

Après avoir exposé la maniere dont se fait l’action de teter, on conçoit sans peine comment les paysannes, en tirant le pis de la vache ou d’autre quadrupede femelle, en font sortir le lait, & qu’il ne sort pas de lui-même. Il ne sort pas de lui-même, parce que les tuyaux excrétoires étant ridés par plusieurs filets ligamenteux & élastiques, ces rides, comme

autant de valvules, s’opposent à la sortie du lait, dont les conduits laiteux sont remplis. Ajoutez qu’en tirant avec un peu de force le bout du pis ou mamelon, on alonge en même tems le pis de l’animal, d’où résulte un retrécissement latéral qui pousse le lait vers les tuyaux ouverts ; souvent dans une femme, en comprimant légerement la mamelle & en pressant le lait vers le mamelon, on le fait sortir par les tuyaux laiteux, sans qu’il soit besoin d’employer la succion. (Le chevalier de Jaucourt.)

TETHYE, tethya, s. f. (Hist. nat.) zoophyte couvert d’une peau dure semblable à du cuir, comme les holothuries, & qui reste toujours attaché aux pierres ou aux rochers de la mer, voyez Holothurie. Les tethyes ont à chacune de leur extrémité une ouverture pour prendre & rejetter l’eau. L’espece de cuir qui les recouvre est brun & dur au toucher ; elles ont à peu-près une figure ovale. Rondelet, Hist. des insectes & zoophytes, chap. xix. Voyez Zoophyte.

TÉTHYS, (Mythol.) fille du ciel & de la terre, & femme de l’Océan. Son char étoit une conque d’une merveilleuse figure, & d’une blancheur plus éclatante que l’ivoire. Ce char sembloit voler sur la face des eaux.

Quand la déesse alloit se promener, les dauphins en se jouant, soulevoient les flots. Après eux venoient des tritons qui sonnoient de la trompette avec leurs conques recourbées. Ils environnoient le char de la déesse trainé par des chevaux marins plus blancs que le neige, & qui fendant l’onde salée, laissoient loin derriere eux un vaste sillon dans la mer. Leurs yeux étoient enflammés, & leurs bouches étoient fumantes. Les Océanides, filles de Téthys, couronnées de fleurs, nageoient en foule derriere son char ; leurs beaux cheveux pendoient sur leurs épaules, & flottoient au gré des vents.

Téthys tenoit d’une main un sceptre d’or pour commander aux vagues ; de l’autre elle portoit sur ses genoux le petit dieu Palémon son fils pendant à la mammelle. Elle avoit un visage serein & une douce majesté qui faisoit fuir les vents séditieux, & toutes les noires tempêtes. Les tritons conduisoient ses chevaux, & tenoient les rênes dorées. Une grande voile de pourpre flottoit dans les airs au-dessus du char. Elle étoit plus ou moins enflée par le souffle d’une multitude de petits zéphirs qui la poussoient par leurs haleines.

Eole, au milieu des airs, inquiet, ardent, tenoit en silence les fiers aquilons, & repoussoit tous les nuages. Les immenses baleines & tous les monstres marins, faisant avec leurs narines un flux & reflux de l’onde amere, sortoient à la hâte de leurs grottes profondes, pour rendre hommage à la déesse.

C’est Téthys qui délivra Jupiter, & le remit en liberté, dans le tems qu’il avoit été arrêté & lié par les autres dieux, c’est-à-dire que Jupiter trouva le moyen de se sauver par mer des embûches que lui avoient tendues les titans à qui il faisoit la guerre ; ou bien en prenant cette guerre du côté de l’histoire, une princesse de la famille des Titans employa des secours étrangers pour délivrer Jupiter de quelque péril. Mais Téthys, selon les apparences, n’est qu’une divinité purement physique, ainsi nommée de τιθήνη, qui signifie nourrice, parce qu’elle étoit la déesse de l’humidité qui est ce qui nourrit & entretient tout. Il ne faut pas confondre notre Téthys avec la Thétis mere d’Achille ; leur nom est écrit différemment. (D. J.)

TÊTIERE, s. f. en terme de Chirurgie, est un bandage de tête usité lorsque la tête a été blessée. Voyez Couvre-chef.

Têtiere, s. f. (terme de Bourrelier.) c’est la partie de la bride où se met la tête du cheval. La têtiere est