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Le P. Briet a divisé la Thessalie en cinq parties, qui sont les mêmes que celles du géographe d’Amasie. Larissa, aujourd’hui Larizzo, est la capitale de la Pélasgiotide ; les fleuves Pénée, Atrax, Pamise, & Tétarese, arrosent cette partie.

Tricala est la principale ville de l’Esthiatide ; Hypata & Thaumasi sont dans la Thessaliotide ; Pharsale, Thebes, aujourd’hui Zetton, ainsi qu’Héraclée, Trachinienne, sont les principaux lieux de la Phthiotide. Le mont Œta s’y trouve, & elle est arrosée par les fleuves Enipeus, Amphrysius, & Sperchius ; la Magnésie avoit Pheræ, Zerbeos, Démétrias ; les monts Ossa, Olympe, & Pélion, aujourd’hui Pétras.

Selon la notice d’Hiéroclès, la province de Thessalie comprenoit quatorze évêchés, & deux métropoles.

La Thessalie s’appelle aujourd’hui la Janna : nous avons vu que c’étoit une région de la Grece, entre la Macédoine & l’Achaïe. Les vallées de Tempé si vantées par les Poëtes, s’étendoient le long du fleuve Pénée, entre le mont Olympe au nord, & le mont Ossa au sud, dans la partie orientale de la Pélasgiotide, qu’occupoient les Perrébiens, vers le golphe Termaique, maintenant nommé le golphe de Salonique ; le Pénée est la Sélambrie.

La Janna est un excellent pays pour tous les fruits du monde : les figues, les melons, les grenades, les citrons, les oranges, s’y trouvent en abondance ; le raisin y est exquis ; le tabac y est fort ; & les oignons beaucoup plus gros que les nôtres y ont un meilleur goût. Les campagnes y sont couvertes de setanum & de petits arbres de coton ; les montagnes y produisent le cystus, de la lavande, de la marjolaine, du romarin, & plusieurs autres plantes aromatiques. Les planes sont aussi beaux du côté de la Macédoine, qu’ils l’étoient autrefois près d’Abdere, lorsque Hippocrate trouva sous l’ombrage épais d’un de ces arbres, son ami Démocrite occupé à considerer les labyrinthes du cerveau. (Le chevalier de Jaucourt.)

THESSALIENS, les, (Géogr. anc.) Thessali, Pline, l. VII. c. lvij. remarque que les Thessaliens, auxquels on avoit donné le nom de Centaures, habitoient au pié du mont Pélion, & qu’ils avoient inventé la maniere de combattre à cheval. Je ne crois pas, dit le P. Hardouin, qu’il faille entendre ce mot de combattre, des batailles que les hommes se livrent les uns aux autres : car l’usage de se battre à cheval, est plus ancien sans doute que l’invention dont Pline attribue la gloire aux Thessaliens. Je croirois plus volontiers, continue ce savant jésuite, qu’il seroit question des combats contre les taureaux à la chasse sur le mont Pélion, ce qui, selon Palæphatus, leur fit donner le nom de Centaures cette conjecture est vraissemblable. (D. J.)

THESSALONIQUE, ou Thessalonica, (Géogr. anc.) ville de la Macédoine, sur le golfe Thermaïque, auquel elle donna son nom ; car anciennement cette ville s’appelloit Therma. Etienne le géographe dit qu’elle fut nommée Thessalonique par Philippe de Macédoine, en mémoire de la victoire qu’il remporta près de Therma sur les Thessaliens.

Cette ville sous les Romains étoit la capitale de la Macédoine, & le siége d’un président & d’un questeur. Pline lui donna le titre de ville libre, Thessalonica liberæ conditionis. On la nomme aujourd’hui Salonichi ; elle est peuplée de mahométans, de chrétiens grecs & de juifs.

Il y avoit déjà dans cette ville, du tems de J. C. un assez grand nombre de juifs qui y possédoient une synagogue ; venerûnt Thessalonicam ubi erat synagoga judæorum, Act. 17. 1. S. Paul y vint l’an 52. de l’ere vulgaire ; & étant entré dans la synagogue, selon

sa coutume, il entretint l’assemblée des écritures & de J. C. durant trois jours de sabbat. Une multitude de gentils & quelques juifs se convertirent ; mais les autres juifs, poussés d’un faux zèle, exciterent du tumulte, & tenterent de se saisir de Paul & de Silas qui logeoient dans la maison de Jason, pour les traduire devant le magistrat romain. Paul se retira à Bérée, d’où il se rendit à Athènes, & d’Athènes à Corinthe ; c’est vraissemblablement de cette derniere ville qu’il écrivit sa premiere épître aux Thessaloniciens, dans laquelle il leur témoigne beaucoup de tendresse & une grande estime pour la ferveur de leur foi.

La ville de Thessalonique, métropole de la province d’Illyrie & de la premiere Macédoine, a été le siége du vicaire du pape jusqu’au schisme des Grecs ; & la notice d’Hiérocles met sous cette métropole une trentaine d’évêchés. Selon l’état moderne du patriarchat de Constantinople, publié par Schelstrate, le métropolitain de Thessalonique a sous lui neuf évêchés ; mais ce sont des évêques qui n’ont pas de pain.

Patrice (Pierre), célebre par son crédit & ses négociations sous l’empire de Justinien, étoit né à Thessalonique. Il fut revêtu par ce prince de la charge de maire du palais. On a des fragmens de son histoire des ambassadeurs sous le regne des empereurs romains ; & cette histoire étoit divisée en deux parties. La premiere commence à l’ambassade des Parthes à Tibere, l’an de J. C. 35. pour lui demander un roi, & finit par l’ambassade qui fut envoyée par les Barbares à l’empereur Julien. La seconde partie commence à l’ambassade de l’empereur Valérien à Sapor, roi de Perse, pour obtenir de lui la paix, en 258, & finit à celle que Dioclétien & Galere envoyerent à Narsès, pour traiter de la paix avec lui, l’an 297. Ces fragmens ont été traduits de grec en latin par Chanteclair, avec des notes auxquelles Henri de Valois a ajouté les siennes en 1648. On a imprimée ces fragmens au louvre dans le corps de la byzantine.

Gaza (Théodore), né à Thessalonique, passa en Italie après la prise de Constantinople par les Turcs, & contribua beaucoup par ses ouvrages à la renaissance des Belles-lettres. Il traduisit de grec en latin l’histoire des animaux d’Aristote ; celle des plantes de Théophraste. Il traduisit de latin en grec le songe de Scipion, & le traité de la vieillesse de Cicéron. Il donna lui-même une histoire de l’origine des Turcs, un traité de mensibus atticis, & quelques autres ouvrages. Il mourut à Rome en 1475, âgé d’environ 80 ans.

Andronicus, né pareillement à Thessalonique, fut encore un des grecs fugitifs qui porterent l’érudition en Occident au xve. siecle. Il passoit pour être supérieur à Théodore Gaza dans la connoissance de la langue grecque ; mais, comme il arrive ordinairement, ses lumieres dans la langue ne l’enrichirent pas. Il se flata sur la fin de ses jours de trouver en France plus de ressources ; il s’y transporta, & y mourut peu de tems après. Il ne faut pas le confondre avec un autre Andronicus qui enseignoit de son tems à Bologne, & qui étoit de Constantinople. (Le chevalier de Jaucourt.)

THESTIA, (Géogr. anc.) nom commun à une ville d’Epire, dans l’Acarnanie, & à une ville du Péloponnèse, dans la Laconie, sur l’Eurotas. (D. J.)

THESTIS, (Géog. anc.) nom commun, 1°. à une ville des Arabes ; 2°. à une ville de la Lybie ; 3°. & à une fontaine de la Cyrénaïque, près de laquelle les Cyrénéens remporterent une grande victoire sur les Egyptiens, selon Hérodote, l. IV. n°. 159. (D. J.)

THETA, (Littérature.) cette lettre grecque, qui est la premiere du mot θάνατος, la mort, servoit chez