Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& les autres souverains de l’Orient en portoient de différentes formes. Voyez Tiare, Art numism. (D. J.)

Tiare, (Art numism.) La tiare étoit d’un grand usage parmi les Orientaux. Celles dont les particuliers se servoient, étoient ou rondes ou recourbées par-devant, ou semblables au bonnet phrygien ; il n’étoit permis qu’aux souverains de les porter droites & élevées. Les rois de Perse étoient si jaloux de ce droit, qu’ils auroient puni de mort ceux de leurs sujets qui auroient osé se l’attribuer ; & l’on en faisoit tant de cas, que Demaratus le lacédémonien, après avoir donné un conseil fort utile à Xerxès, lui demanda pour récompense de pouvoir faire une entrée publique dans la ville de Sardes avec la tiare droite sur la tête.

Les médailles nous représentent ces différentes sortes de tiares. On y voit que celles des rois d’Arménie se terminoient par une espece de cercle surmonté de plusieurs pointes ; on y distingue communément celles des rois parthes de celles des rois de l’Osrhoène, par les divers ornemens dont les unes & les autres sont chargées ; enfin la médaille de Xercès fait présumer que les tiares des rois d’Arsamosate étoient fort pointues. Ces remarques toutes frivoles qu’elles paroissent, ont cependant un objet utile, puisqu’on peut en conclure 1°. que tout prince qui a pris la tiare sur ses médailles, a dû regner en Orient ; 2°. qu’en observant avec attention la forme de sa tiare, on connoitra à-peu-près l’endroit où il a regné. (D. J.)

Tiare du pape, (Hist. des papes.) ornement qu’a pris le pontife de Rome pour marquer sa dignité ; cet ornement est si superbe, qu’on a lieu de juger qu’il ne le tient pas de S. Pierre ; en effet c’est une espece de grand bonnet, autour duquel il y a trois couronnes d’or qui sont les unes sur les autres en forme de cercle, toutes éclatantes de pierreries, & ornées d’un globe avec une croix sur le haut de ce globe, & un pendant à chaque côté de la tiare.

Il est vrai néanmoins que la tiare papale n’étoit d’abord qu’un bonnet rond, entouré d’une simple couronne ; mais Boniface VIII. trouvant ce bonnet trop simple, l’embellit d’une seconde couronne, pour indiquer qu’il avoit droit sur le temporel des rois ; enfin Benoît XII. mit la troisieme couronne ; & cette triple couronne peut signifier tout ce qu’on voudra ; pour moi je crois qu’elle désigne l’église d’Italie qui est triomphante, militante & souffrante.

TIARIULIA, (Géog. anc.) ville de l’Espagne tarragonoise située dans les terres, au pays des Ilercaons, suivant Ptolomée, l. II. c. vj. le nom moderne est, à ce qu’on prétend, Teruel. (D. J.)

TIASUM, (Géogr. anc.) ville de la Dace ; Ptolomée, l. II. c. viij. la marque au voisinage de Nétindana & de Zeugma ; le nom moderne est Diod, selon Lazius. (D. J.)

TIBALANG, s. m. (Hist. mod. superstit.) nom que les anciens habitans idolâtres des Philippines donnoient à des fantômes qu’ils croyoient voir sur le sommet des arbres. Ils se les représentoient comme d’une taille gigantesque, avec de longs cheveux, de petits piés, des aîles étendues, & le corps peint. Ils prétendoient connoître leur arrivée par l’odorat, & ils avoient l’imagination si forte, qu’ils assûroient les voir. Quoique ces insulaires reconnussent un Dieu suprème qu’ils nommoient Barhala-may-capal, ou dieu fabricateur ; ils adoroient des animaux, des oiseaux, le soleil & la lune, des rochers, des rivieres, &c. Ils avoient sur-tout une profonde vénération pour les vieux arbres ; c’étoit un sacrilége de le couper, parce qu’ils étoient le séjour ordinaire des Tibalangs.

TIBARÉNIENS, les, (Géog. anc.) Tibareni,

peuples d’Asie, sur le Pont-Euxin, aux environs de la Cappadoce. Pomponius Méla, l. I. c. ix. Strabon, l. XII. p. 548. & Pline, l. VI. c. iv. en font mention ; ils sont appellés Tibrani par Eustathe ; la contrée qu’ils habitoient, est nommée Tibarania ou Tibarenia, par Etienne le géographe ; c’est d’eux dont parle Diodore de Sicile, l. XIV. sous le nom de Tibaris tribus.

Ces peuples mettoient ainsi que les Chalibes, le souverain bien à jouer & à rire, cui in visu lusuque, summum bonum est, dit Pomponus Méla, l. I. c. xix. De plus, dès que leurs femmes étoient délivrées du mal d’enfant, ils se mettoient au lit pour elles, & en recevoient tous les services qu’on rendoit ailleurs à des accouchées ; ils en usoient peut-être ainsi par cet esprit de plaisanterie qui les portoit à se divertir de tout. Quoi qu’il en soit, divers auteurs, Apollonius, Valerius Flaccus, & l’historien Nymphodore, leur attribuent cette coutume. Diodore de Sicile, l. V. c. xiv. dit que la même chose avoit lieu dans l’île de Corse. M. Colomiés nous assure que le même usage se pratiquoit autrefois chez les Béarnois, & qu’ils le tenoient des Espagnols. Théodoret observe une chose plus sérieuse, c’est que les Tibaréniens ayant reçu l’Evangile, abrogerent la cruelle loi qui régnoit chez eux, & qui ordonnoit de précipiter les vieilles gens. (D. J.)

TIBERE, marbre de, (Hist. nat.) marmor Tiberium ; les Romains appelloient ainsi un marbre verd rempli de veines blanches, qui se tiroit d’Egypte ; ils l’appelloient aussi marmor Augustum. Pline nous dit qu’Auguste & Tibere furent les premiers qui en firent venir à Rome ; il paroît que ce marbre est le même que celui que nous connoissons sous le nom de verd antique, ou de verd d’Egypte.

TIBERIACUM, (Géog. anc.) ville de la basse Germanie, selon l’itinéraire d’Antonin, qui la marque sur la route de Colonia-Trajana, à Colonia Agrippina, entre Juliacum, & Colonia-Agrippina, à huit milles de la premiere de ces villes, & à dix de la seconde. C’est aujourd’hui Bertheim, qui conserve en quelque sorte son ancien nom, dont il a perdu la premiere syllabe. (D. J.)

TIBERIADE, eaux de, (Hist. nat. Eaux minér.) source d’eaux chaudes qui sont près de Tibériade en Egypte ; le docteur Perry étant sur les lieux, a fait en physicien quelques expériences sur ces eaux minérales, pour en connoître la nature. Une demi-drachme d’huile de tartre versée dans une once & demie de cette eau, elle est devenue trouble & bourbeuse ; au bout de douze heures, les trois quarts de cette eau parurent comme de la laine blanche, laissant seulement une petite quantité d’une eau lympide au fond du vaisseau. Cette substance laineuse de couleur blanche ayant été séchée, a donné une fort petite quantité d’ochre jaune.

Une drachme & demie d’esprit de vitriol ayant été jettée dans cette eau, a produit beaucoup de sédiment blanc & onctueux. Une solution de sublimé ayant été versée dessus l’eau à la même dose d’une drachme & demie, l’eau est devenue trouble, jaunâtre, & a déposé un peu de sédiment terreux ; il paroît de-là que cette eau contient un sel nitreux. Le sucre de Saturne ayant été ajouté semblablement à la dose d’une drachme & demie, cette eau a déposé un peu de sédiment de brique. Mêlée avec de l’esprit de sel armoniac, elle se change en une liqueur trouble, d’un verd bleuâtre, & dépose enfin un sédiment cotonneux. Le sucre de violettes la change en couleur jaunâtre ; les rapures de noix de galle, la changent en un pourpre foncé, & en secouant la bouteille, elle devient aussi noire que de l’encre.

Il résulte de ces expériences, que l’eau minérale de Tibériade contient une assez grande quantité de sel