Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

payé pour quelqu’un avec lequel on est en compte ouvert. Voyez Compte, Livres, &c. Dictionn. de commerce.

Tirer l’oiseau, terme de Fauconnerie ; c’est le faire becqueter en le paissant.

TIRÉSIAS, s. m. (Mythol.) Hésiode, Homere, Hygin, & autres mythologues, ont pris plaisir à broder diversement l’histoire de ce fameux devin de l’antiquité, & à donner des causes merveilleuses à son aveuglement naturel. L’histoire dit, qu’il eut à Orchomene un oracle célebre pendant quelques siecles, mais qui fut réduit au silence, après qu’une peste eut désolé la ville. Peut-être que les directeurs de l’oracle périrent tous dans cette contagion. Il y avoit à Thebes un lieu appellé l’observatoire de Tirésias, c’étoit apparemment l’endroit d’où il contemploit les augures. Diodore ajoute que les habitans lui firent de pompeuses funerailles, & qu’ils lui rendirent des honneurs divins. (D. J.)

TIRET, s. m. (Gram.) c’est un petit trait droit & horisontal, en cette maniere -, que les imprimeurs appellent division, & que les grammairiens nomment tiret ou trait d’union.

Les deux dénominations de division & d’union sont contradictoires, & toutes deux fondées. Quand un mot commence à la fin d’une ligne, & qu’il finit au commencement de la ligne suivante, ce mot est réellement divisé ; & le tiret que l’on met au bout de la ligne a été regardé par les imprimeurs comme le signe de cette division : les grammairiens le regardent comme un signe qui avertit le lecteur de regarder comme unies les deux parties du mot séparées par le fait. C’est pourquoi je préférerois le mot de tiret, qui ne contredit ni les uns, ni les autres, & qui peut également s’accommoder aux deux points de vue.

M. du Marsais a détaille, article division, les usages de ce caractere dans notre orthographe : mais il en a omis quelques-uns que j’ajouterai ici.

1°. Dans son troisieme usage, il auroit dû observer que le mot ce après les verbes être ou pouvoir, doit être attaché à ces verbes par un tiret : qu’est-ce que Dieu ? étoit-ce mon frere ? sont-ce vos livres ? qui pourroit-ce être ? eût-ce été lui-même.

2°. Lorsqu’après les premieres ou secondes personnes de l’impératif, il y a pour complément l’un des mots moi, toi, nous, vous, le, la, lui, les, leur, en, y ; on les joint au verbe par un tiret, & l’on mettroit même un second tiret, s’il y avoit de suite deux de ces mots pour complément de l’impératif : dépêche-toi, donnez-moi, flattons-nous-en, transportez-vous-y, accordez-la-leur, rends-le-lui, &c. On écriroit faites-moi lui parler, & non faites-moi-lui parler, parce que lui est complément de parler, & non pas de faites.

3°. On attache de même par un tiret au mot précédent les particules postpositives ci, là, çà, dà ; comme ceux-ci, cet homme-là, oh-çà, oui-dà. On écrivoit cependant de çà, de là, il est allé là, venez çà, sans tiret ; parce que çà & , dans ces exemples, sont des adverbes, & non des particules. Voyez Particule. (B. E. R. M.)

Tiret, terme de Praticien ; c’est une petite bande de parchemin longue & étroite, qu’on tortille après l’avoir mouillée, & dont se sert pour attacher les papiers. (D. J.)

TIRETAINE, s. f. (Lainage.) sorte d’étoffe dont la chaine est ordinairement de fil, & la treme de laine. Savary. (D. J.)

TIRETOIRE, s. m. (Tonnelerie.) est un outil dont les tonneliers se servent pour faire entrer à force les derniers cerceaux des futailles. C’est un morceau de bois de cinq ou six pouces de grosseur, & long de près de deux piés ; il est arrondi par le côté qui lui sert de manche, & applati par l’autre bout & garni

de fer. Vers le milieu il y a une mortaise dans laquelle est attaché par une cheville de fer, un morceau de fer mobile d’environ 10 pouces de longueur recourbé par l’autre bout en-dedans. On accroche le cerceau par-dessus avec la piece de fer, & appuyant sur le jable le bout applati de l’instrument, on pese sur le manche. Cette opération attire le cerceau, & le fait entrer sur le jable, & on l’enfonce ensuite avec le maillet, en frappant dessus.

TIREUR, s. m. (Gram. Jurisprud.) est celui qui tire une lettre de change sur une autre personne, c’est-à-dire, qui prie cette personne de payer pour lui à un tiers la somme exprimée dans cette lettre. Voyez Change & Lettre de change. (A)

Tireur, (Commerce de banque.) c’est celui qui tire ou fournit une lettre de change sur son correspondant ou commissionnaire, portant ordre de payer la somme y contenue, à la personne qui lui en a donné la valeur, ou à celui en faveur duquel cette personne aura passé son ordre. Ricard. (D. J.)

Tireur, terme d’ouvrier, chez les ferrandiniers, gaziers, & autres ouvriers en étoffes de soie façonnées ou brochées, c’est le compagnon qui tire les ficelles du simblot qui servent à faire la figure, ou le brocher des étoffes. On dit une tireuse, quand c’est une femme qui tire. (D. J.)

Tireur, (Fonte de la dragée au moule.) on appelle ainsi l’ouvrier qui tire dans la chaudiere le plomb fondu, & qui le verse dans les moules pour en former des dragées ou des balles pour les armes à feu. Voyez B, fig. 1. Pl. de la fonte des dragées au moule, & l’article Fonte des dragées au moule.

Tireur, chez les Gaziers ; c’est un compagnon qui tire les ficelles du simblot qui servent à faire le brocher des gazes.

Pour savoir quelles ficelles il faut tirer, cet ouvrier doit avoir lu auparavant le dessein, c’est-à-dire, avoir passé autant de petites cordes à nœuds coulans que le lisseur en a nommé. Cette lecture du dessein est ce qu’il y a de plus curieux & de plus difficile dans la monture de ces métiers ; & l’on a besoin pour cela d’habiles ouvriers, principalement quand le dessein est fort chargé. Voyez Dessein.

Tireur d’or et d’argent, est un artisan qui tire l’or & l’argent, qui le fait passer de force à-travers les pertuis ou trous ronds & polis de plusieurs especes de filieres qui vont toujours en diminuant de grosseur, & qui le reduit par ce moyen en filets très longs & très-déliés, que l’on nomme fil d’or ou d’argent, ou de l’or ou de l’argent trait.

Les tireurs d’or & d’argent, sont aussi batteurs & écacheurs d’or & d’argent, parce que ce sont eux qui se mêlent de battre ou écacher l’or & l’argent trait, pour l’applatir ou le mettre en lame, en le faisant passer entre les deux rouleaux d’acier poli, d’une sorte de petite machine nommée moulin à battre ou à écacher. Voyez l’article Or.

Les statuts de la communauté des tireurs & batteurs d’or de Paris se trouvent insérés dans le recueil des statuts, ordonnances & privileges accordés en faveur des marchands orfévres-jouailliers. Ils prêtent serment à la cour des monnoies.

L’élection des jurés se fait le 3 Janvier, de même que celle des deux maîtres examinateurs des comptes ; & le premier Décembre s’élisent les maîtres ou couriers de la confrerie.

La communauté est reduite à 40 maîtres de chef d’œuvres, il est défendu de ne plus recevoir de maîtres de lettres.

Tout apprentif, même les fils de maîtres, doivent avoir 12 ans accomplis, & ne peuvent être reçus à la maîtrise, qu’ils n’aient fait un apprentissage de 5 ans, & qu’ils n’aient fini le chef-d’œuvre.