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noms donnés aux églises ou temples des premiers chrétiens. On sait qu’on les appelloit ainsi, parce que quand une maison étoit confisquée au domaine de l’empereur, la formalité que les officiers de justice observoient, étoit d’attacher au-devant de cette maison une toile où étoit le portrait de l’empereur, ou son nom écrit en gros caracteres, & cette toile s’appelloit titre, titulus : la formalité s’appelloit l’imposition du titre, tituli impositio. Or, comme cela marquoit que cette maison n’étoit plus à ses premiers maîtres, mais appartenoit à l’empereur, les Chrétiens imiterent cette maniere de faire passer une maison, du domaine d’un particulier, au service public de Dieu. Lorsque quelque fidele lui consacroit la sienne, il y mettoit pour marque une toile, où aulieu de l’image ou nom de l’empereur, on voyoit l’image de la croix ; & cette toile s’appelloit titre, comme celle dont elle étoit une imitation. De-là les maisons mêmes où étoient attachées les croix, furent appellées titres.

Il y a quelques auteurs qui aiment mieux faire venir le nom de titre, de ce que chaque prêtre prenoit son nom & titre de l’église dont il étoit chargé pour la desservir ; mais la premiere origine est plus vraissemblable, car on lit que le pape Evariste partagea les titres de Rome à autant de prêtres, l’an 112 de J. C. ce qui semble indiquer que les églises s’appelloient titres avant qu’elles fussent partagées aux prêtres. Il faut seulement remarquer que dans la suite, toutes les églises ne furent plus appellées titres ; & que ce nom fut seulement réservé aux plus considérables de Rome. (D. J.)

Titre, (Poésie dramatiq.) ce que les Latins nomment titre, titulus, les Grecs l’appellent διδασκαλία, enseignement, instruction. C’étoit autrefois la coutume de mettre des titres ou instructions à la tête des pieces de théatre ; & cet usage apprenoit aux lecteurs dans quel tems, dans quelle occasion, & sous quels magistrats ces pieces avoient été jouées. Cependant on ne mettoit de titres qu’aux pieces qui avoient été jouées pour célébrer quelque grande fête, comme la fête de Cérès, celle de Cybèle, ou celle de Bacchus, &c. La raison de cela, est qu’il n’y avoit que ces pieces qui fussent jouées par l’ordre des magistrats. Mais il ne nous reste point de titre entier d’aucune piece greque ou latine, non pas même de celles de Térence ; car on n’y trouve point le prix, c’est-à-dire l’argent que les édiles avoient payé à Térence pour chacune de ces pieces : & c’est ce qu’on avoit grand soin d’y mettre.

On poussoit même, dans la Grece, cette exactitude si loin, qu’on y marquoit les honneurs qu’on avoit faits au poëte, les bandelettes dont on l’avoit décoré, & les fleurs qu’on avoit semées sur ses pas. Mais cela ne se pratiquoit qu’en Grece, où la comédie étoit un art honnête & sort considéré ; au lieu qu’à Rome ce n’étoit pas tout-à-fait la même chose.

Il ne nous reste plus qu’à donner un exemple d’un des titres latins, mais tronqué ; c’est celui de l’Andrienne, la premiere comédie de Térence.

Titulus, seu didascalia.

Acta ludis Megalensibus, C. M. Fulvio & M. Glabrione ædilibus curulibus ; egerunt L. Ambivius Turpio. L. Attilius Prænestinus. Modos fecit Flaccus Claudii, tibiis paribus dextris & sinistris, & est tota græca. Edita M. Marcello. C. Sulpicio Coss.

« Titre, ou la didascalie ».

« Cette piece fut jouée pendant la fête de Cybèle, sous les édiles curules Marcus Fulvius & Marcus Glabrio, par la troupe de Lucius Ambivius Turpio & de Lucius Attilius de Preneste. Flaccus affranchi de Claudius fit la musique, où il employa les flûtes égales, droites & gauches. Elle est toute

greque. Elle fut représentée sous le consulat de M. Marcellus & de C. Sulpicius ». (D. J.)

Titre, terme d’Imprimeur ; c’est un petit trait qu’on met sur une lettre pour marquer quelque abreviation. (D. J.)

Titre, terme de manufacture ; c’est la même que la marque que tout ouvrier est tenu de mettre au chef de chaque piece de sa fabrique. (D. J.)

Titre, à la Monnoie ; on appelle ainsi en fait d’or & d’argent le degré de finesse & de bonté de ces métaux. Ce titre varie selon les degrés de la pureté du métal, il appartient aux souverains de fixer les especes d’or & d’argent.

Les souverains ordonnent sagement aux orfevres & aux autres ouvriers tant en or qu’en argent, de ne donner que de l’or à 24 carats, & de l’argent du titre de 12 deniers : le but de cette précaution est d’empêcher les ouvriers d’employer les monnoies courantes à la fabrique des ouvrages de leurs professions ; la perte qu’ils souffriroient en convertissant des matieres de moindres titres en des ouvrages de pur or, ou d’argent fin, a paru le plus sûr moyen pour leur éviter une tentation qui auroit été capable de ruiner le commerce par la rareté des especes : mais en prescrivant des lois séveres aux orfévres pour les obliger à donner du fin, & aux monnoyeurs, pour les engager après l’affinage, & la fabrique d’une quantité de matieres, de rendre tant d’especes de tel poids & de tel titre ; on a remarqué qu’il étoit presque impossible aux ouvriers d’atteindre, sans perte de leur part, au point prescrit par les lois. Il y a toujours quelques déchets dans les opérations, quelque perte de fin parmi l’alliage ou les scories qui demeurent ; on a cru qu’il étoit juste d’avoir quelque indulgence à cet égard, & de regarder le titre & le poids comme suffisamment fourni, lorsqu’ils en approchent de fort près ; & afin qu’on sût à quoi s’en tenir, les lois ont réglé jusqu’où cette tolérance seroit portée.

Par exemple, un batteur d’or qui fournit de l’argent au titre de 11 deniers 18 grains, est censé avoir fourni du fin, de l’argent d’aloi, quoiqu’il s’en faille 6 grains qu’il ne soit au titre de 12 deniers ; & qu’ainsi cet argent contienne 6 grains d’alliage : cette indulgence est ce qu’on appelle remede, c’est-à-dire moyen, pour ne point faire supporter à l’ouvrier des déchets inévitables.

Il y a deux sortes de remedes, celui qu’on accorde sur le titre, & celui qu’on accorde sur le poids. Le premier se nomme remede d’aloi ; l’autre remede de poids. Il y a pareillement foiblage d’aloi & foiblage de poids. C’est une diminution du titre ou du poids au-dessous du remede, ou de l’indulgence accordée par les lois ; c’est une contravention punissable. Quand l’or & l’argent sont considérablement au-dessous du titre prescrit par les lois, c’est de l’or bas & de bas argent ; quand l’or est au-dessous de dix-sept carats, on le nomme encore tenant or, s’il tire sur le rouge, & argent tenant or, s’il tire sur le blanc ; quand l’or est au-dessous de douze carrats, & l’argent au-dessous de six deniers, c’est-à-dire, que l’or contient douze parties d’alliage avec douze de sa matiere, & que l’argent contient six parties ou plus de matieres étrangeres avec six d’argent véritable, ces métaux s’appellent billon, nom qu’on donne aussi à la monnoie de cuivre mêlée d’un peu d’argent, & à toutes les monnoies, même de bon titre & de bon alloi, mais dont le cours est défendu pour leur substituer une nouvelle fonte.

Titre, terme de Chasse ; c’est un lieu ou un relais, où l’on pose les chiens, afin que quand la bête passera, ils la courent à-propos ; ainsi mettre les chiens en bon titre, c’est les bien poster. (D. J.)

TITRE-PLANCHE, s. m. terme de Libraire ; c’est