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nion que Tollius a voulu faire revivre, est embrassée par les alchimistes.

Mais Bochart qui connoissoit le génie des langues de l’Orient, a cru trouver dans celle des Phéniciens le dénouement de la plûpart de ces fictions ; & comme il nous semble que personne n’a mieux réussi que lui dans l’explication de cette fable, ce sont des idées conjecturales que l’on va proposer.

Médée que Jason avoit promis d’épouser & d’emmener dans la Grece, sollicitée encore par Calciope sa sœur, veuve de Phryxus, qui voyoit ses enfans en proie à l’avarice d’un roi cruel, aida son amant à voler les trésors de son pere, soit en lui donnant une fausse clé ou de quelqu’autre maniere, & s’embarqua avec lui. Cette histoire étoit écrite en phénicien, que les poëtes qui sont venus long-tems après, n’entendoient que très-imparfaitement ; & les mots équivoques de cette langue donnerent lieu aux fables qu’on en a racontées. En effet, dans cette langue le mot syrien gaza signifie également un trésor ou une toison ; sam qui veut dire une muraille, désigne aussi un taureau ; & on exprime dans cette langue de l’airain, du fer & un dragon par le mot nachas ; ainsi au lieu de dire que Jason avoit enlevé un trésor que le roi de la Colchide tenoit dans un lieu bien fermé, & qu’il faisoit garder soigneusement, on a dit que pour enlever une toison d’or, il avoit fallu dompter des taureaux, tuer un dragon, &c.

L’amour de Médée pour Jason, ce grand ressort qu’Œlien croit avoir été inventé par Eurypide dans sa tragédie de Médée faite à la priere des Corinthiens n’a rien d’extraordinaire ; & cette princesse qui abandonna son pere & sa patrie pour suivre Jason, montre assez par sa conduite qu’elle en étoit amoureuse, sans qu’il soit besoin de faire intervenir Junon & Minerve dans cette intrigue qui fut l’ouvrage de Calciope. Cette femme pour venger la mort de son mari, & sauver ses enfans qu’Aëtès avoit résolu de faire mourir à leur retour de la guerre où il les avoit envoyés, favorisa de tout son pouvoir la passion que sa sœur avoit conçue pour Jason. On peut ajouter que les quatre jeunes princes que Jason avoit ramenés, & qui se voyoient exposés à la fureur de leur grand-pere, si les Grecs étoient vaincus, les secoururent de tout leur pouvoir.

Le même Bochart explique assez heureusement la circonstance de ces hommes armés qui sortirent de terre & s’entretuerent. Il devoit y avoir, selon lui, dans cette histoire une phrase composée à-peu-près des mots qui signifient : Jason assembla une armée de soldats armés de picques d’airain prêts à combattre, qu’on expliqua ainsi à l’aide des mots équivoques : il vit naître des dents de serpent une armée de soldats armés cinq à cinq, qui étoit la maniere ancienne, surtout chez les Egyptiens, de ranger & de faire marcher les troupes.

Il est permis de conjecturer que Jason, outre ses compagnons, avoit pris dans le pays quelques troupes auxiliaires, qu’on publia être sorties de terre, parce qu’elle étoient sujettes du roi de Colchide, & elles périrent toutes dans le combat qui fut donné, apparemment entre les Grecs & les Colcques ; car tout ce mystere poétique peut s’entendre d’un combat qui rendit les Grecs victorieux & maîtres de la personne & des trésors d’Aëtès. Cette explication semble préférable à celle de Diodore de Sicile, qui dit que le gardien de la toison d’or se nommoit Draco, & que les troupes qui le servoient, étoient venues de la Chersonnèse taurique, ce qui avoit donné lieu aux fables qu’on avoit débitées. (D. J.)

Toison, ordre de la, (Hist. des ordres.) ordre que confere le roi d’Espagne comme duc de Bourgogne. Ce fut en 1430 que Philippe le bon, duc de Bourgogne, après avoir épousé à Bruges en troisiemes no-

ces Elisabeth de Portugal, institua l’ordre de la toison en l’honneur d’une de ses maîtresses. Il eut quinze

bâtards qui eurent tous du mérite. L’amour des femmes, dit M. de Voltaire, ne doit passer pour un vice que quand il détourne les hommes de remplir leurs devoirs, & qu’il conduit à des actions blâmables. Anvers, Bruges & autres villes appartenantes à Philippe le bon, faisoient un grand commerce, & répandoient l’abondance dans ses états. La France dut à ce prince sa paix & sa grandeur.

Louis XI. qui ne lui ressembla point, eut d’abord intention de se rendre chef de l’ordre de la toison, & de le conférer à la mort de Charles le téméraire, comme étant aux droits de la maison de Bourgogne ; mais ensuite il le dédaigna, dit Brantôme, & ne crut pas qu’il lui convînt de se rendre chef de l’ordre de son vassal. Cet ordre a cependant continué de se soutenir jusqu’à ce jour, & se seroit soutenu bien davantage, si le nombre des chevaliers étoit borné comme au commencement à trente & un. Quoi qu’il en soit, il a fourni la matiere de trois volumes in-fol. publiés en 1756 par Julien de Pinedo y Salazar. (D. J.)

TOIT, s. m. (Archit.) c’est la charpenterie en pente & la garniture d’ardoises ou de tuiles qui couvre une maison. En Orient & en Italie la plûpart des toits sont en plate-forme. En France & autres pays de l’Occident, on donne aux toits différentes figures ; on les fait en pointe, en dos-d’âne en croupe, en pavillon. Nous avons aussi des toits à la mansarde, ainsi nommés de Mansard qui en a été l’inventeur ; ce sont des toits coupés qui ont une double pente de chaque côté, ce qui retranche de leur élévation & ménage plus de logement ; mais comme en architecture le toît d’une maison s’appelle aussi le comble ou la couverture d’une maison, voyez Comble & Couverture. (D. J.)

Toit, (terme de jeu de paume.) c’est la couverture d’une galerie qui y regne de deux ou trois côtés, sur laquelle se fait le service de la balle. On distingue au jeu de pomme trois sortes de toîts, le toît de la galerie, le toît de la grille & le toît du dedans. (D. J.)

TO-KEN ou SATSUKI, s. m. (Hist. nat. Bot.) c’est un cytise du Japon, dont on distingue plus de cent especes différentes. Il porte des lys, & ne fleurit qu’en automne. Ses fleurs sont rares, croissent une-à-une, & ne se ressemblent point. Les unes sont d’un bel incarnat, d’autres d’un écarlate un peu détrempé, d’autres blanches & doubles, d’autres d’un bel écarlate, d’autres couleur de pourpre tirant sur le blanc.

TOKKIVARI, s. m. (Hist. mod.) espece d’armoire à compartimens qui fait un des principaux meubles des Japonois, dans laquelle ils ont soin de placer le livre de la loi qu’ils ne montrent point aux étrangers, & qu’ils ne laissent jamais traîner dans leurs chambres.

TOKKO, (Hist. mod.) c’est le nom que les Japonois donnent à un coffre ou meuble dont ils ornent leurs appartemens. Il n’a qu’un pié de haut sur deux de large ; on le place contre la muraille d’une chambre, & l’on étend deux tapis au-dessous ; c’est-là que l’on fait asseoir les personnes à qui l’on veut faire honneur.

TOL, s. m. (Poids.) c’est le plus petit poids & la plus petite mesure dont on se serve sur la côte de Coromandel. Il faut vingt-quatre tols pour le céer. (D. J.)

TOLA, la, (Géog. mod.) riviere de la grande Tartarie, dans le pays des Mongales orientaux ; elle vient de l’orient se jetter dans la riviere d’Orchon, à environ deux cens cinquante werstes au sud-est de la ville de Sélirigiskoy. (D. J.)

TOLBIACUM, (Géog. anc.) ville de la Gaule belgique, aux confins du territoire de Cologne, se-