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les bouillons amers ; on fait usage des bains d’eau tiede, & généralement de tous les remedes propres à humecter, à fondre & à évacuer les humeurs impures ; on passe quelquefois du cautere au seton pour détourner les humeurs de dessus les paupieres.

Quant aux topiques, on se sert d’abord de ceux qui humectent & amollissent les solides, & qui sont capables de tempérer la chaleur de la partie ; tels sont les fomentations avec la décoction des racines de guimauve, de feuilles de violier, de fleurs de camomille & de mélilot, des semences de lin & de fougere, &c. on passe ensuite aux remedes qui détergent & dessechent les ulceres. Voyez Argemon. (Y)

TRACHONITIDE, (Géog. anc.) Trachonitis, contrée de l’Arabie, entre la Palestine & la Caele-Syrie, au midi de la ville de Damas. Le nom de Trachonitide venoit sans doute des deux collines Trachones, que Strabon met au voisinage de Damas. Il ajoute qu’en tirant de-là vers l’Arabie & l’Iturée, on trouvoit des montagnes peu pratiquables, mais remplies de profondes cavernes. Ces cavernes étoient entre Adraa & Bozra, selon Guillaume de Tyr, qui dit que la Trachonitide faisoit une partie considérable du desert de Bostra, & que c’étoit une contrée aride, sans fontaines & sans ruisseaux. Les habitans ramassoient soigneusement l’eau de pluie dans de citernes, & conservoient leurs grains dans des cavernes faites exprès. (D. J.)

TRAÇOIR, s. m. sorte de petit poinçon d’acier trempé, très-aigu par le bout, dont les graveurs en relief & en creux sur métaux se servent pour tracer ou dessiner sur métalles figures qu’ils veulent graver. Voyez les Pl. de la Gravure.

Traçoir, (terme de Jardinier.) c’est un grand bâton droit, ferré par le bout d’en-bas, dont la pointe est triangulaire & applatie en langue de chat ; on y met un manche de quatre à cinq piés de long, & on s’en sert pour tracer, former & dessiner toutes les figures des jardins ; en un mot, c’est le porte-crayon du traceur sur le terrein. (D. J.)

TRACTION, s. f. (Méchan.) est l’action d’une puissance mouvante, par laquelle un corps mobile est attiré vers celui qui le tire. Ainsi le mouvement d’un chariot tiré par un cheval, est un mouvement de traction. La traction n’est proprement qu’une sorte d’impulsion dans laquelle le corps poussant paroît préceder le corps poussé ; ainsi dans la traction d’un chariot, le cheval pousse le harnois attaché à son poitrail, & cette impulsion fait avancer le chariot.

Traction se dit donc principalement des puissances qui tirent un corps par le moyen d’un fil, d’une corde, d’une verge ou autre corps semblable ; au-lieu qu’attraction se dit de l’action qu’un corps exerce, ou paroît exercer sur un autre pour l’attirer à lui, sans qu’il paroisse un corps visible intermédiaire, par le moyen duquel cette action s’exerce. Voyez Attraction, voyez aussi Tirage. (O)

TRACTOIRE, ou TRACTRICE, s. f. (Géom.) est une courbe dont la tangente est égale à une ligne constante.

On la nomme tractoire, parce qu’on peut l’imaginer comme formée par l’extrémité d’un fil que l’on tire par son autre extrémité le long d’une ligne droite. Mais il faut supposer pour cela que le frottement détruise à chaque instant la force d’inertie du petit corps ou point qui décrit la courbe ; car autrement la direction de ce point ne sauroit être celle de la tangente de la courbe. Voyez les mém. acad. 1736.

La traction a beaucoup d’analogie avec la logarithmique, dont la soutangente est construite ; ce que la soutangente est dans celle-ci, la tangente l’est dans celle-la ; les arcs de la traction répondent aux abscisses de la logarithmique & sont les logarithmes des ordonnées, &c. On trouvera le détail des propriétés

de cette courbe dans les mém. de l’acad. 1711. (O)

TRACTORIÆ, s. f. pl. (Littér.) nom que donnoient les Romains aux billets où diplomes que l’empereur accordoit à ceux qu’il envoyoit dans les provinces, ou qu’il en rappelloit, pour que ces personnes eussent le droit de prendre des chevaux de la poste impériale, & d’être défrayés sur toute la route. (D. J.)

TRACTRICE, s. f. voyez Tractoire.

TRADITEURS, (Théologie.) est le nom que l’on donna dans les premiers siecles de l’Eglise aux chrétiens qui, dans le tems de la persécution, livrerent aux païens les Ecritures-saintes, pour éviter la mort & le martyre. Ce nom est formé du latin traditor, celui qui livre ou abandonne à un autre la chose dont il est dépositaire ; & nos meilleurs auteurs ecclésiastiques françois l’ont rendu par traditeurs, qui n’a que la signification qu’on vient de lui donner, laquelle est fort différente de l’idée que nous attachons au mot traître.

Les ennemis de la religion firent les derniers efforts, même sous la loi ancienne, pour priver les hommes des saintes Ecritures. Dans la cruelle persécution excitée contre les Juifs par Antiochus, les livres de la loi furent recherchés, déchirés & brûlés avec des soins extrèmes ; & ceux qui manquerent à les livrer, furent mis à mort, comme nous lisons dans le premier livre des Macchabées, chap. j. vers. 56. 57.

Dioclétien renouvella la même impiété par un édit publié la dix neuvieme année de son empire, & portant que tous les livres sacrés fussent apportés aux magistrats pour être consumés par le feu.

Un grand nombre de chrétiens foibles, & même quelques évêques succombant à la frayeur des tourmens, livrerent les saintes Ecritures aux persécuteurs ; & l’Eglise détestant cette lâcheté, porta contre eux des lois très-séveres, & les flétrit du nom infame de traditeurs.

Comme le prétexte principal du schisme de donatistes étoit que les Catholiques toléroient les traditeurs, il fut arrêté au concile d’Arles tenu en 314, que tous ceux qui se trouveroient coupables d’avoir livré aux persécuteurs quelque livre ou vase sacré, seroient déposés & dégradés de leurs ordres & caracteres, pourvu qu’ils en fussent convaincus par des actes publics, & non par de simples paroles.

TRADITION, (Théologie.) est l’action de remettre quelque chose entre les mains d’une personne. Du verbe tradere, livrer. La vente d’une chose mobiliaire se consomme par une simple tradition. Voyez Délivrance.

Tradition, en matiere de religion, signifie en général un témoignage qui répond de la vérité & de la réalité de tels ou tels points.

On en distingue de deux sortes ; l’une orale, & l’autre écrite. La tradition orale est un témoignage rendu de vive voix sur quelque chose : témoignage qui se communique aussi de vive voix des peres aux enfans, & des enfans à leurs descendans.

La tradition écrite est un témoignage, que les histoires & les autres livres rendent sur quelque point. Cette derniere, généralement parlant, est plus sûre que la premiere.

La tradition, soit orale, soit écrite, peut être considérée ou quant à son origine, ou quant à son objet, ou quant à son étendue.

1°. La tradition quelle qu’elle soit, envisagée quant à son origine, est ou divine lorsqu’elle a Dieu pour auteur, ou humaine lorsqu’elle vient des hommes ; & cette derniere se soudivise en apostolique, qui vient des apôtres ; en ecclésiastique, qui vient de ceux qui ont succédé aux apôtres dans le ministere de l’Evangile ; & en civile ou purement humaine, qui vient des