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coorta esset) succedunt, ardentiaque saxa insuso aceto putrefaciunt. Titi-Livii, lib. XXI. n°. 37.

On transporte des arbres en motte enmanequinée, soit sur de petits chariots appellés diables, ou sur de plus grands avec des chaînes de fer qui les attachent.

Les orangers & les arbres encaissés d’une moyenne force, se transportent sur des civieres ou sur des traîneaux, deux hommes les portent encore avec de grosses cordes attachées à des crochets qui embrassent les quatre piliers de la caisse ; des chariots tirés par des chevaux servent à transporter les grands arbres.

TRANSPOSITIF, ve, adj. (Gram.) M. l’abbé Girard (Princip. disc. I. tom. I. pag. 23.) divise les langues en deux especes générales, qu’il nomme analogues & transpositives.

Il appelle langues analogues, celles dont la syntaxe & la construction usuelle sont tellement analogues à l’ordre analytique, que la succession des mots dans le discours y suit la gradation des idées.

Il appelle langues transpositives, celles qui dans l’élocution donnent aux noms & aux adjectifs des terminaisons relatives à l’ordre analytique, & qui acquierent ainsi le droit de leur faire suivre dans le discours une marche entierement indépendante de la succession naturelle des idées. Voyez Langue, art. iij. §. 1. (B. E. R. M.)

Transposition, s. f. en Algebre, se dit de l’opération qu’on fait en transposant dans une équation un terme d’un côté à l’autre ; par exemple, si , on aura en retranchant de part & d’autre c, , ou , où l’on voit que le terme c est transposé du premier membre au second avec un signe contraire à celui qu’il avoit. On ne fait aucun changement dans une équation en transposant ainsi les termes d’un membre dans l’autre, pourvu qu’on observe de leur donner des signes contraires. Par exemple, si on avoit , on auroit en ajoutant de part & d’autre c, , ou ; les regles des transpositions sont fondées sur cet axiome, que si à des quantités égales on en ajoute d’égales, ou qu’on en retranche d’égales, les tous dans le premier cas seront égaux, & les restes dans le second. (O)

Transposition, en Musique, est le changement par lequel on transporte une piece de Musique d’un ton à un autre.

Je suppose qu’on sait déjà qu’il n’y a proprement que deux modes dans la musique ; de telle sorte que composer en tel ton, n’est autre chose que fixer sur telle ou telle tonique le mode qu’on a choisi. Mais comme l’ordre des sons ne se trouve pas naturellement disposé sur toutes ces toniques, comme il devroit être pour y établir le mode, on corrige cette irrégularité par le moyen des dièzes ou des bémols dont on arme la clé, voyez Clé transposé. Quand on a donc composé un air dans quelque ton, & qu’on le veut transposer dans un autre, il ne s’agit que d’en élever ou abaisser la tonique & toutes les notes d’un ou plusieurs degrés, selon le ton qu’on a choisi ; puis de changer l’armure de la clé, conformément à ce nouveau ton : tout cela est égal pour les voix ; car en appellant toujours ut la tonique du mode majeur, & la celle du mode mineur, tous les tons leur sont indifférens, & c’est l’affaire des instrumens, voyez Gamme, Mode. Mais ce n’est pas pour ceux-ci une petite attention de transposer dans un ton ce qui est noté dans un autre : car quoiqu’ils se guident par les notes qu’ils ont sous les yeux, il faut que leurs doigts en touchent de toutes différentes, & qu’ils les alterent différemment, selon la différence de l’armure de la clé pour le ton noté & pour le ton transposé : de sorte que souvent ils doivent faire des dièses où ils voient des bémols, & vice versâ, &c.

C’est un des grands avantages du système dont nous avons parlé au mot notes, de rendre la musique notée par cette méthode également propre à tous les tons en changeant une seule lettre, ce qui, ce me semble, met pour les instrumens ces nouvelles notes au-dessus de celles qui sont établies actuellement. Voyez Notes. (S)

TRANSSUBSTANTIATION, (Théol.) transsubstantiatio, pris dans un sens général, signifie le changement d’une substance en une autre. Ainsi le changement de la verge de Moïse en serpent, des eaux du Nil en sang, de la femme de Loth en statue de sel, furent des transsubstantiations surnaturelles : mais le changement des alimens que nous prenons, en la substance de nos corps, n’est qu’une transsubstantiation naturelle. Voyez Substance.

Transsubstantiation, dans un sens plus particulier, est la conversion ou le changement miraculeux qui se fait de toute la substance du pain en la substance du corps de Jesus-Christ, & de toute la substance du vin en celle de son sang, en vertu des paroles de la consécration dans le sacrement de l’eucharistie ; ensorte qu’il ne reste plus que les especes ou apparences du pain & du vin, selon la doctrine de l’église romaine.

Ce mot fut introduit dans l’église au concile de Latran en 1215, pour obvier aux équivoques des Manichéens de ce tems-là. Mais si l’expression étoit nouvelle, la chose qu’elle énonçoit ne l’étoit pas, comme le remarque M. Bossuet.

Les Protestans rejettent unanimement le mot de transsubstantiation, même les Luthériens, quoiqu’ils ne nient pas la présence réelle. Ils y ont substitué ceux d’impanation & de consubstantiation. Voyez Impanation & Consubstantiation.

Les Calvinistes, les Zuingliens, les Anglicans & tous les autres prétendus réformés qui expliquent ces paroles de Jesus-Christ : Hoc est corpus meum, dans le sens figuré, abhorrent aussi le nom de transsubstantiation. L’église romaine l’a conservé comme très propre à exprimer le miracle qui s’opere dans l’eucharistie. Et pour prémunir ses enfans contre les fausses interprétations que les Sacramentaires donnent aux paroles de la consécration, elle a déclaré, dans le premier chapitre de la treizieme session du concile de Trente, que dans la transsubstantiation le corps & le sang de notre seigneur Jesus-Christ se trouvent réellement, véritablement & substantiellement sous les especes du pain & du vin. Le concile ajoute que par le mot véritablement, il entend proprement, & non pas par signification, comme si l’eucharistie n’étoit autre chose que le signe du corps & du sang de Jesus-Christ ; que par le terme réellement, il entend de fait, & non pas seulement en figure ou une présence par la foi, comme si l’euchariste n’étoit qu’une figure ou une représentation du corps & du sang de Jesus-Christ, & qu’on ne l’y reçût que par la foi ; & enfin, que par substantiellement, il entend en substance, & non en vertu ou par énergie. Ainsi le sens de vérité est opposé à celui de signe ; le sens de réalité à celui de figure ou de perception par la foi ; & celui de substance exclut le sens de vertu ou d’énergie.

Voilà ce qu’a décidé l’Église sur ce point ; mais elle n’a pas interdit aux Théologiens & aux Philosophes la liberté d’imaginer des systèmes pour expliquer la maniere dont le pain & le vin sont changés réellement au corps & au sang de Jesus-Christ, & comment les accidens du pain & du vin subsistent après la consécration, quoiqu’il n’y ait plus réellement ni pain ni vin. Nous allons donner l’analyse des différens systèmes qui ont paru sur ces deux questions, & nous indiquerons ce qu’il en faut penser.