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à distinguer les cas où l’on peut se déterminer le plus surement qu’il est possible sur le parti qu’on doit prendre. La distinction des accidens en primitifs & en consécutifs, fait le principal fondement des dogmes que l’on pose sur cette matiere. Voyez Commotion. Les accidens consécutifs prescrivent l’opération du trépan ; & ceux qui arrivent beaucoup de tems après le coup, sont les plus pressans pour l’opération. Il faut surtout faire attention que les accidens consécutifs ne dépendent pas de l’inflammation du péricrâne, comme nous l’avons dit en parlant des plaies de tête.

Il y a un troisieme cas où l’application du trépan est douteuse. Il arrive quelquefois qu’après des coups à la tête, il reste à l’endroit de la blessure, quoiqu’elle soit guérie, une douleur fixe, qui au-lieu de diminuer avec le tems, augmente de-plus-en-plus malgré tous les topiques auxquels on peut avoir recours ; ce qui a plusieurs fois obligé d’y faire des incisions pour découvrir l’os. Les uns ont pris le parti de le ruginer ; les autres d’en attendre l’exfoliation ; d’autres enfin ont jugé d’en venir à l’opération du trépan.

M. Quesnay rapporte des observations où l’on voit que ces moyens ont diversement réussi, selon les différens cas. Quoiqu’on soit arrivé à la même fin par différens procédés, on ne doit pas y avoir recours indifféremment : ces observations laissent entrevoir que l’opération du trépan ne doit avoir lieu, que quand on soupçonne que l’os est altéré presque dans toute son épaisseur, ou lorsque quelques accidens font croire que la cause du mal est sous le crâne, comme seroit une carie à la face interne des os dont il y a des exemples ; ou enfin, lorsqu’ayant jugé à propos d’attendre l’exfoliation, elle n’a pas fait cesser les accidens. Mais quand la douleur paroît extérieure, qu’elle augmente lorsqu’on presse sur l’endroit où elle se fait sentir, on doit tout espérer de l’exfoliation, sur-tout si après avoir découvert l’os, on n’y apperçoit qu’une légere altération ou une carie superficielle. Il faut, pour s’en assurer, avoir recours à la rugine : son usage peut d’ailleurs avoir ici d’autres avantages, comme d’accélérer beaucoup l’exfoliation, de faire cesser la douleur avant que l’exfoliation soit arrivée ; mais ce dernier effet dépend surtout de bien découvrir toute la surface de l’os, qui est altérée, afin que cette altération ne communique plus à aucun endroit avec le péricrâne. (Y)

Trépan, (Fortification.) instrument dont les mineurs se servent pour donner de l’air à une galerie de mine, lorsque l’air n’y circule pas assez pour qu’on puisse y tenir une chandelle allumée. Ils ont pour cet effet une espece de foret avec lequel ils percent le ciel de la galerie, & à mesure que cet instrument avance dans les terres, ils l’alongent par le moyen de plusieurs antes, dont les extrémités sont faites en vis & en écrou pour s’ajuster bout à bout. Par cette opération les mineurs disent avoir trépané la mine, ou donné un coup de trépan. (Q)

Trépan, s. m. (Outil de Sculpteur & de Marbrier.) outil qui sert à forer & percer les marbres & les pierres dures. On s’en sert aussi quelquefois pour le bois. Il est du nombre des principaux outils de l’art des sculpteurs, & du métier des marbriers.

Il y a trois sortes de trépans, l’un qui est le plus simple, c’est un vrai vilebrequin, mais avec une meche plus longue & plus acérée ; le second trépan se nomme trépan à archet ; il est semblable au foret à archet des serruriers, & a comme lui sa boîte, son archet & sa palette, il est seulement plus fort, & ses meches de plusieurs figures : enfin le troisieme trépan, sans rien ajouter pour le spécifier, est celui que l’on appelle simplement trépan. Il est le plus

composé des trois, & le plus en usage en sculpture. Les parties de ce trépan sont la tige que l’on appelle aussi le fust, la traverse, la corde de cette traverse, un plomb, une virole & une meche. La tige est de bois, & a à l’une de ses extrémités une virole qui sert à y attacher & y affermir la meche qu’on peut changer, suivant qu’on en a besoin, y en mettre de plus ou de moins fortes, de rondes, de quarrées, de pointues, &c. à l’autre extrémité du fust, est un trou par où passe la corde que la traverse a attachée à ses deux bouts. Cette traverse est elle-même enfilée du fust par un trou qu’elle a au-milieu ; au dessous de la traverse, & un peu au-dessus de la virole, est le plomb qui est de figure sphérique, & qui est joint, & posé horisontalement au pié du fust. C’est la corde en s’entortillant autour du fust, qui donne le mouvement au trépan plus promt, ou plus long, suivant qu’on leve ou qu’on abaisse la traverse où elle est attachée avec plus ou moins de vîtesse. (D. J.)

TRÉPAS, MORT, DÉCÈS, (Synonym.) trépas est poétique, & emporte dans son idée le passage d’une vie à l’autre. Mort est du style ordinaire, & signifie précisément la cessation de vivre. Décès est d’un style plus recherché, tenant un peu de l’usage du palais, & marque proprement le retranchement du nombre des mortels. Le second de ces mots se dit à l’égard de toutes sortes d’animaux ; & les deux autres ne se disent qu’à l’égard de l’homme. Un trépas glorieux est préférable à une vie honteuse. La mort est le terme commun de tout ce qui est animé sur la terre. Toute succession n’est ouverte qu’au moment du décès.

Le trépas ne présente rien de laid à l’imagination, il peut même faire envisager quelque chose de gracieux dans l’éternité. Le décès ne fait naître que l’idée d’une peine causée par la séparation des personnes auxquelles on étoit attaché ; mais la mort douloureuse de ces personnes présente quelque chose d’affreux. Girard. (D. J.)

Trépas de Loire, (Finances de France.) bureau de France où l’on fait payer le droit de la traite-foraine, à l’embouchure de la Sarre dans la Loire. Apparemment que ce mot trépas est dit par corruption de outrepasser, parce que ce droit se paie sur les marchandises qui passent outre la Loire, & qui vont en Bretagne, qui étoit autrefois province étrangere.

En 1639, Christomwal capitaine anglois, s’empara de l’abbaye de Saint-Maur-sur-Loire, où il se fortifia. Le connetable du Guesclin, après des tentatives inutiles pour l’en chasser, traita avec lui de la rançon de cette abbaye, à 16 mille francs d’or, dont il consentit avec le sieur Dubeuil une obligation au capitaine anglois. Pour la payer, on établit un peage de douze deniers par livre, de la valeur de toutes les marchandises montant, descendant & traversant la Loire depuis Candé jusqu’à Chantoceaux. Il devoit être éteint dès que la somme seroit remboursée ; mais cette promesse fut oubliée : la seule grace qu’on accorda, fut de réduire ce péage en 1654 à deux deniers obole.

En 1665, ce droit fut continué, sans aucune justice, par un arrêt du conseil, avec une nouvelle imposition sur l’Anjou ; le tout fut uni aux fermes générales, & depuis aliéné, comme il l’est encore aujourd’hui ; l’extension arbitraire que les engagistes ont donnée à ce droit, les procès & les formalités qui en résultent, ont prodigieusement affoibli le commerce de ces cantons. Les receveurs du trépas de Loire, par exemple, se sont avancés jusque dans la Bretagne, où le droit n’est point dû : enfin leurs tarifs sont falsifiés & contraires aux premiers principes du commerce. (D. J.)

TRÉPASSÉS, s. m. pl. (Hist. eccl.) nom d’une fête, ou plutôt un jour de prieres solemnelles pour