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leur fureur, s’étant précipités dans l’abyme, on chercha les moyens de remédier à cet accident. On dressa sur le trou une machine qui fut appellée trépié, parce qu’elle avoit trois barres, & l’on commit une femme pour monter sur ce trépié, d’où elle pouvoit, sans aucun risque, recevoir l’exhalaison prophétique. Cette exhalaison étoit une ivresse produite par quelques vapeurs qui sortoient de l’antre de Delphes, ou bien une ivresse réelle procurée par des aromates qu’on brûloit, & qui attaquoient le cerveau délicat de la Pythie, ou plutôt encore, c’étoit une ivresse feinte, des emportemens & des contorsions étudiées.

Il ne faut pas confondre le trépié sur lequel la prêtresse étoit assise pour rendre les oracles d’Apollon, avec le trépié d’or qui étoit placé auprès de l’autel dans le temple de Delphes, voyez donc Trépié d’or. Littérat.

On donnoit aussi par excellence le nom de trépiés aux divers autels du fils de Jupiter & de Latone. Claudien nous représente ce dieu qui vient de les visiter dans son char tiré par des griffons.

Phœbus adest & frænis grypha jugalem
Riphæo tripodus repetens detorsit ab axe.

Trépié d’or, (Littérat.) ce trépié, dit Hérodote, liv. IX. étoit porté sur un serpent de bronze à trois têtes : il fut consacré à Apollon, & placé auprès de l’autel dans son temple de Delphes.

Pausanias, général des Lacédémoniens à la bataille de Platée, fut d’avis qu’on donnât cette marque de reconnoissance au dieu des oracles. Pausanias le grammairien, qui étoit de Césarée en Cappadoce, & qui dans le second siecle nous a donné une belle description de la Grece, fait mention de ce trépié. Après la bataille de Platée, dit-il, les Grecs firent présent à Apollon d’un trépié d’or, soutenu par un serpent de bronze ; c’étoit un serpent d’airain à trois têtes, dont les différens contours faisoient une grande base qui s’élargissoit insensiblement.

Il se pourroit bien que la colonne de bronze qui étoit à Constantinople, fût ce fameux serpent à trois piés ; car outre Zozime & Sozomène, qui assurent que l’empereur Constantin fit transporter dans l’hyppodrome les trépiés du temple de Delphes, Eusebe rapporte que ce trépié transporté par ordre de l’empereur, étoit soutenu par un serpent roulé en spire.

Quoi qu’il en soit, la colonne de bronze aux trois serpens avoit environ quinze piés de haut ; elle étoit formée par trois serpens tournés en spirale comme un rouleau de tabac ; leurs contours diminuoient insensiblement depuis la base jusque vers les cous des serpens, & leurs têtes écartées sur les côtés en maniere de trépiés, composoient une espece de chapiteau : Mourat avoit cassé la tête à un de ces serpens ; la colonne fut traversée, & les têtes des deux autres furent cassées en 1700, après la paix de Carlovitz. (D. J.)

Trépiés de Dodone, (Littérat.) l’airain qui resonnoit dans ce temple étoit peut-être une suite de trépiés posés de maniere que le resonnement du premier qu’on touchoit se communiquoit aux autres, & produisoit un son continué pendant quelque tems. Voyez l’article Oracle de Dodone. (D. J.)

Trépié, (Littérat.) tripus, gen. odis, les trépiés des anciens étoient de grandes marmites ou de grands chauderons à trois piés, de divers métaux. Il y en avoit de deux sortes, les uns étoient pour mettre sur le feu, & on les appelloit ἐμπυριβήτας & λουτροχόους, & les autres servoient à mêler le vin avec l’eau, & ils étoient appellés ἄπυροι, parce qu’on ne les mettoit jamais au feu. On voit par-tout dans Homere que l’on faisoit présent aux héros de bassins & de trépiés ; ainsi dans le liv. X I X. de l’Iliade, Achille reçoit

d’Agamemnon vingt cuvettes & sept trépiés. (D. J.)

Trépié, (Art numismat.) le trépié sur les médailles romaines, marque quelque sacerdoce ou dignité sacerdotale. Le trépié couvert ou non, avec une corneille ou un dauphin, est le symbole des duumvirs députés pour garder les oracles des sibylles, & pour les consulter dans l’occasion ; ils étoient consacrés aux piés de la statue d’Apollon palatin, à qui la corneille est consacrée, & à qui le dauphin sert d’enseigne dans les cérémonies des duumvirs. P. Jobert.

Trépié, (Cirier.) les blanchisseurs de cire nomment trépié, une petite table quarrée faite de menus morceaux de fer, sur laquelle pose l’instrument en forme d’auge, qu’ils appellent la grelouoire. (D. J.)

Trépié, terme de Marchand de fer, ustensile de cuisine, fait d’un cercle de fer soutenu de trois piés, sur lequel on pose les chauderons, fourneaux, poîles, &c. qu’on veut tenir solidement sur le feu. (D. J.)

TRÉPIGNER, (Maréchal.) un cheval qui trépigne, est celui qui bat la poudre avec les piés de devant, en maniant sans embrasser la volte, & qui fait ses mouvemens courts, près de terre, sans être assis sur les hanches. Les chevaux qui n’ont pas les épaules souples & libres, & qui avec cela n’ont guere de mouvement, ne font que trépigner : un cheval peut trépigner, même en allant droit.

TRÉPOINTE, s. f. terme de Coffretier, c’est chez les maîtres Coffretiers-malletiers, maîtres Bourreliers, Selliers, & autres ouvriers, un cuir mince, qu’ils mettent entre deux autres cuirs plus épais qu’ils veulent coudre. Les statuts des Coffretiers leur ordonnent de faire les trépointes des malles, de bon cuir de veau ou de mouton, & de les coudre à deux chefs de bonne ficelle neuve, bien poissée.

Trépointe de devant, (Cordonnerie.) est une bande de cuir que l’on coud avec la premiere semelle de l’empeigne.

Trépointe de derriere, est une bande de cuir plus mince que celle de devant, qui se coud avec le quartier du soulier & le talon de la seconde semelle.

TRÉPOST ou TRÉPORT, s. m. (Charpent. & Marine.) longue piece de bois, qui est assemblée avec le bout supérieur de l’étambord, & qui forme la hauteur de la pouppe. Voyez Alonges de pouppe.

TREPTOW, (Géogr. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la Poméranie, sur la riviere de Rega. Il y a une autre petite ville de même nom dans la même province, sur le lac de Toll. (D. J.)

TRÉRO, le, (Géog. mod.) en latin Trerus, riviere d’Italie, dans la campagne de Rome. Elle naît proche d’Agnani, & se rend dans le Garigliano, aux confins de la Terre de Labour. (D. J.)

TRERONES, (Geog. anc.) peuples qui faisoient souvent des courses à la droite du Pont-Euxin, dans les pays voisins jusque dans la Paphlagonie & dans la Phrygie : ces peuples, dit Strabon, liv. I. pag. 161. étoient les mêmes que les Cimmériens, ou du-moins quelques peuples d’entr’eux.

TRERUS, (Géog. anc.) 1°. petite contrée de la Thrace, selon Etienne le géographe, qui nomme ses habitans Treres. Ces peuples, selon Pline, l. IV. c. 10. habitoient aux environs de la Dardanie, de la Macédoine, & de la Piérie. Thucydide, l. II. p. 166. les met sur le mont Scomius, appellé Scopius par Pline, liv. IV. ch. x. & qui tient au mont Rodope. Strabon, l. I. p. 61. & l. XIV. p. 647. dit qu’ils étoient Cimmériens d’origine ; que comme ceux-ci, ils firent des courses dans divers pays, & que la fortune les favorisa pendant long-tems.

2°. Trerus, fleuve d’Italie, dans le Latium. Strabon, l. V. p. 237. dit que ce fleuve mouilloit la ville de Fabrateria, qui étoit sur la voie Latine : son nom moderne est le Tréro. (D. J.)