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moins que par quelque malversation, ils ne se fassent casser. On choisit annuellement entr’eux un maître, quatre gardiens, & huit assesseurs. Le pouvoir accordé à la corporation par la couronne, s’exerce par le maître, les gardiens, les assesseurs, & les anciens.

On leur remet quelquefois des causes maritimes à juger, & l’on s’en tient à leur jugement. De plus, la cour de l’amirauté les charge d’instruire certains procès, & de les rapporter.

La corporation de la trinité, indépendamment de plusieurs franchises, jouit du privilége exclusif de fournir des pilotes, pour conduire les navires hors de la Tamise & du Medway, jusqu’aux dunes, & des dunes dans le Medway & dans la Tamise. Elle peut faire tel réglement qu’elle juge nécessaire pour le bon ordre, le soutien & l’augmentation de la navigation, & des mariniers. Elle a droit d’appeller devant elle, tout maître, pilote, ou homme de mer employé dans un vaisseau sur la Tamise, & de condamner à une amende ceux qui refusent de comparoître. Quoique la police de la Tamise, depuis le pont de Londres jusqu’à la mer, soit particuliererement de son ressort, ses soins ne laissent pas de s’étendre encore au-delà ; mais la Tamise en est l’objet principal, à cause que le courant du commerce y est plus animé.

La corporation a deux hôpitaux en Deptford-Strand, & un à Mile-End, pour le secours des matelots. Elle doit ces trois édifices au chevalier Baron & Richard Brown de Sayes-Court, au capitaine Richard Maples, & au capitaine Henry Mudel ; les noms des bienfaiteurs de leur pays doivent passer à la postérité.

Indépendamment de ces trois fondations, la confrairie de la Trinité fait de petites pensions par mois à plus de deux mille matelots, ou à leurs veuves. Ces charités montent annuellement à cinq mille & quelquefois six mille livres sterlings. Non seulement cette corporation aide les mariniers que la vieillesse ou les accidens mettent hors d’état de gagner leur vie, mais elle étend même ses aumônes sur tous les gens de mer qui languissent dans l’indigence, soit par défaut d’occupation, soit par quelqu’autre raison.

Le produit d’un grand nombre d’amendes, appliquées au profit de la corporation ; les droits qu’elle perçoit pour les fanaux, les bouées, les balises, le lestage ; les donations des confrairies & des personnes charitables, sont les sources d’où sortent les fonds qui la mettent en état de faire de pareilles libéralités. Enfin les services importans que cette société rend au public, lui ont mérité, que les Anglois ne prononcent point son nom, sans l’accompagner de l’épithete d’éminente, & c’est une qualification des plus honorables. (D. J.)

Trinité, île de la, (Géog. mod.) grande & belle île de l’Amérique équinoxiale, dans le golfe de Paria, sur la côte de la nouvelle Andalousie, au midi des Antilles ; elle peut avoir environ 100 à 120 lieues de circuit ; sa figure est à-peu-près celle d’un triangle, dont le plus petit côté est tourné à l’occident & fait un angle rentrant, formant une grande baie très-profonde ; cette île appartient aux Espagnols, & quoique son terrein soit extrèmement fertile, à peine est-elle peuplée. L’intérieur du pays est couvert de forêts, remplies d’une multitude d’arbres d’une grosseur énorme ; on y trouve beaucoup d’acajoux d’une beauté admirable, dont on se sert pour construire de grands canots & des pirogues d’une seule piece, qui peuvent porter trente & quarante hommes, même plus ; ces arbres servent encore à former des madriers & des planches de plus de 30 piés de longueur, qu’on emploie utilement à border des bâtimens de mer & à d’autres usages.

Les habitans de la Trinité trouvent abondamment dequoi vivre à la façon du pays, la terre leur fournit naturellement beaucoup de fruits ; ils peuvent cultiver du manioc, du mahis & des légumes de toutes especes, le poisson, les crabes & le gibier ne leur manquent pas ; du reste, ils sont si misérables par leur paresse & par le peu de commerce qu’ils font, que le gouverneur, quoique plus opulent que les autres habitans, reserve ses souliers pour s’en parer les jours de cérémonie.

Trinité, île de la, (Géog. mod.) ou ila della Trinitad, île de l’Amérique méridionale, dans la mer du Sud, sur la côte de la Terre-ferme, au nord de l’embouchure de l’Orénoque. Elle appartient aux Espagnols ; on lui donne 25 lieues de long, sur 18 de large, mais l’air y est mal-sain, à cause qu’il est ordinairement chargé de brouillards. Colomb a découvert cette île en 1498 ; la petite ville de Saint-Joseph est sa capitale. Latit. mérid. 9. latit. septent. 10. 30. suivant les cartes hollandoises. (D. J.)

Trinité, la, (Géog. mod.) ou comme disent les Espagnols, la Trinitad, ville de l’Amérique méridionale, dans la Terre-ferme, au nouveau royaume de Grenade, sur le bord orientatal de la riviere de la Magdalena, à 24 lieues de Santa-Fé. Latitude 5. 30. (D. J.)

Trinité ou Trinitad, (Géog. mod.) ville ou bourgade de l’Amérique méridionale, dans la nouvelle Espagne, sur la côte de la mer du sud, au gouvernement de Guatimala, & à 4 lieues du port d’Acaxutla, vers le sud-ouest, dans un terroir fertile en cacao. C’est un lieu de grand trafic, où toutes les marchandises qui viennent du Pérou & de la nouvelle Espagne sont transportées. (D. J.)

Trinité, la, (Géog. mod.) Trinitad, petite ville de l’île de Cuba, en Amérique. Elle est sur une riviere poissonneuse. Son port est accessible & commode ; son négoce consiste en tabac qui est très-bon. (D. J.)

TRINIUM, (Géog. anc.) fleuve d’Italie. Pline, l. III. c. xij. le marque dans le pays des Trentani. On le nomme présentement Trigno. (D. J.)

TRINIUMGELD, s. m. (Hist. mod.) c’est une espece de compensation qui fut en usage parmi les Anglosaxons, pour punir de grands crimes dont on ne pouvoit être absous, qu’en payant trois fois une amende. Voyez Argent. (D. J.)

TRINO, (Géog. mod.) ville d’Italie, dans le Montferrat, proche le Pô, à 8 milles de Casal. Elle est fortifiée à la moderne, & a été cédée au duc de Savoye en 1631. par le traité de Quierasque. Long. 25. 52. lat. 45. 10. (D. J.)

TRINOBANTES, (Géog. anc.) selon César, Bell. gall. l. V. c. xx. Trinovantes. Selon Tacite, Trinoantes. Selon Ptolomée, l. II. c. iij. peuples de la Grande-Bretagne. Ils habitoient, selon quelques-uns, aux environs de Londres ; d’autres les mettent dans le pays appellé depuis Essex ; & d’autres veulent qu’ils ayent habité le Middelsex.

Les Trinobantes voyant que César s’approchoit de leur pays, lui envoyerent des députés pour lui demander la paix. En même tems, ils le supplierent de prendre sous sa protection Mandrubatius, leur roi, qui s’étoit retiré dans les Gaules, lors de la mort d’Immanuantius son pere, à qui Cassivellaunus avoit ôté la vie, après lui avoir enlevé ses états. César promit de leur envoyer Mandrubatius, à condition qu’ils lui fourniroient des vivres, & qu’ils lui livreroient quarante ôtages, à quoi ils obéirent sur le champ. Les Trinobantes furent des premiers qui se souleverent contre les Romains du tems de Néron. (D. J.)

TRINOME, en terme de Mathématiques, est l’assemblage de trois termes, ou monomes, joints les