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rent les seules en usage jusqu’au regne de Charlemagne. La langue tudesque subsista même encore plus long-tems à la cour, puisque nous voyons que cent ans après, en 948, les lettres d’Artaldus, archevêque de Rheims, ayant été lues au concile d’Ingelheim, on fut obligé de les traduire en théotisque, afin qu’elles fussent entendues par Othon roi de Germanie, & par Louis d’Outremer, roi de France, qui se trouverent à ce concile. Mais enfin la langue romane qui sembloit d’abord devoir céder à la tudesque, l’emporta insensiblement, & sous la troisieme race elle fut bientôt la seule & donna naissance à la langue françoise. Voyez Romane. Mémoire des Inscriptions, tom. XV. (D. J.)

TUE-CHIEN, s. m. (Hist. nat. Bot.) nom vulgaire de la plante nommée par Tournefort apocynum ægyptiacum, floribus spicatis, & en françois apocyn. Voyez Apocyn. (D. J.)

TUE-LOUP, s. m. (Hist. nat. Bot.) c’est la plante nommée par Tournefort, aconitum foliis platani, flore luteo pallescente, en françois aconit. (D. J.)

TUER, v. act. (Gram.) faire mourir de mort violente ; les soldats tuent justement dans une guerre juste ou injuste ; c’est le souverain qui emploie leur bras, qui est un meurtrier : on dit que le grand froid a tué les insectes, que l’on se tue à travailler, que les péchés tuent l’ame, qu’une couleur en tue une autre, qu’une liqueur se passe ou se tue, &c. qu’on tue le tems.

Tuer, Détruire, (Peinture.) lorsque dans un tableau il y a divers objets de même couleur, & frappés de lumieres également vives, ces objets se tuent & se détruisent, en s’empêchant réciproquement de briller & de concourir à l’effet total qui doit résulter de leur union. Voyez Tout-ensemble. On dit encore que les couleurs d’un tableau sont tuées, lorsque l’impression de la toile sur laquelle on les a mises, les a fait changer, ou lorsque changeant la disposition d’un tableau, on place des parties lumineuses sur celles qui étoient ombrées, les dessous tuent ou détruisent les dessus.

TUERE, duché de, (Géogr. mod.) province de l’empire russien. Elle est bornée au nord & au couchant par le duché de Novogorod ; au levant par le duché de Rostow, & au midi par le duché de Moscou, & par la province de Rzeva. Elle a eu longtems ses princes particuliers ; mais le czar Jean-Basile la réunit à ses états en 1486.

Tuere, (Géog mod.) ville de l’empire russien, capitale du duché de même nom, au confluent du Wolga & de la Tuertza. Long. 53. 50. lat. 56. 15.

TUERJOCK, ou TERSOK, (Géog. mod.) ville de Moscovie, dans le duché de Tuere, près de la riviere de Tuertza, à 10 milles polonois de la ville de Tuere.

TUEROBIUS, ou TUEROBIS, (Géog. anc.) fleuve de la Grande-Bretagne. Ptolomée, liv. II. c. iij. marque son embouchure sur la côte occidentale, entre celle du fleuve Stuccia & le promontoire Octapitarum. Le nom moderne de ce fleuve est Tiuy, selon Cambden. (D. J.)

TUERTA, la, (Géog. mod.) riviere d’Espagne, au royaume de Léon. Elle a sa source dans les montagnes des Asturies, & va se perdre dans le Duero au-dessous de Zamora.

TUERTZA, la, (Géog. mod.) riviere de Russie. Elle a sa source dans le duché de Novogorod, & se jette dans le Volga, près de la ville de Tuere, à laquelle elle donne son nom.

TUESIS, (Géog. anc.) ville de la Grande-Bretagne, selon Ptolomée, liv. II. c. iij. qui la donne aux Vocomagi. On croit que c’est aujourd’hui Barwick, dans le Northumberland.

TUE VENTS, (terme de Tailleur d’ardoise.) petites

cabanes mobiles faites en forme de guérites, sous lesquelles les fendeurs & tailleurs d’ardoise se mettent à couvert. (D. J.)

TUF, s. m. (Hist. nat. Litholog.) tophus, lapis tophaceus ; c’est ainsi qu’on nomme une pierre légere, spongieuse, & communément remplie de trous, dont la couleur varie ainsi que la consistence par les parties étrangeres qui s’y trouvent mêlées. Ces pierres sont formées par le limon entraîné par le courant des eaux, qui s’est déposé lorsque les eaux sont devenues plus tranquilles, & qui après qu’elles se sont retirées tout-à-fait, a pris une consistence dure comme celle d’une pierre.

On sent aisément que le tuf doit être très-varié, ainsi que le limon dont il est formé, voyez l’article Limon ; tantôt il est fistuleux, spongieux & poreux comme de la pierre ponce ; tantôt il est compacte comme de la pierre à bâtir ; quelquefois il est épais, d’autresfois il est très-mince ; il est tantôt plus, tantôt moins mêlé de cailloux, de sable & de gravier ; souvent il est coloré par l’ochre & par des parties ferrugineuses ; tantôt il est calcaire, tantôt il est argilleux ; il varie aussi pour la figure & pour le tissu ; souvent on y remarque des empreintes de plantes qui ont été détruites, & qui n’ont laissé dans la pierre ou dans le tuf que les trous dans lesquels elles se sont moulées ; c’est ce qui se voit sur-tout dans le tuf de Langensaltza, décrit par M. Schober, dont il parle dans l’aticle Tourbe, auquel on renvoie le lecteur.

Comme c’est sur-tout aux débordemens des rivieres que le tuf doit son origine, on voit que cette pierre doit former des couches qui s’étendent sous terre dans les endroits qui ont été autrefois inondés. Il y a quelquefois plusieurs couches de tuf les unes au-dessus des autres ; les intervalles qui sont entre elles sont remplis de terre ou de pierres d’une nature différente de la leur ; cela vient de ce que les débordemens qui les ont produits se sont quelquefois succédés à des intervalles de tems très considérables. D’autresfois les tufs ou dépôts se touchent immédiatement, & se distinguent par leurs différentes couleurs, parce que les rivieres ont en différens tems charrié des terres ou un limon diversement coloré.

Les endroits anciennement inondés par les rivieres, & où le tuf s’est formé, se sont recouverts de terre par la suite des tems, & l’on en a fait des terres labourables ; mais pour qu’elles rapportent, on est obligé de briser le tuf, parce qu’il empêcheroit la croissance des racines, sur-tout lorsqu’il est proche de la surface ; mais lorsqu’il est profondément en terre, ou lorsque la couche de terre qui est par-dessus est fort épaisse, on est dispensé de ce travail.

On voit par ce qui précede, que le tuf se forme de la même maniere que les incrustations, c’est-à-dire par un dépôt des particules terreuses, sablonneuses & grossieres que les eaux avoient détrempées & entraînées avec elles. Voyez Incrustation.

Le tuf quand il est solide, est une pierre très-bonne pour bâtir, sur-tout pour les voûtes, parce qu’elle est fort légere ; comme elle est raboteuse & poreuse elle prend très-bien le mortier. (—)

Tuf, (Drarerie.) grosse étoffe de très-bas prix, qui a environ demi-aune de large, & dont la chaîne est de fil d’étoupe de chanvre, & la trème de ploc ou poil de bœuf filé. Cette étoffe sert ordinairement aux tondeurs de drap à garnir les tables à tondre. Dict. du Comm. (D. J.)

TU-FAN, (Géog. mod.) vaste pays de la Tartarie chinoise. Voyez Si-Fan.

TUFFO, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) nom donné par les peuples de Guinée à une plante de leur pays, dont ils se servent en décoction pour se laver les yeux enflammés ; c’est une espece de corona solis, ou fleur de soleil, nommée par Petiver, flos solis gui-