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pour donner du hâle, & faire sécher à l’ombre la tuile, la brique & le carreau, avant que de les mettre au four. On ne peut point se servir pour cela des rayons du soleil, parce qu’il les gerce & les gauchit. On donne aussi à la tuilerie le nom de briqueterie. (D. J.)

TUILERIES, (Hist. mod.) le jardin du Louvre porte le nom de jardin des Tuileries, parce que c’étoit autrefois une place où l’on faisoit des tuiles. Cependant sous le nom de Tuileries on n’entend pas seulement ce jardin, mais aussi un palais superbe dont la façade répond à toute la largeur du jardin. Ainsi l’on a dit pendant la minorité du roi régnant, que sa majesté logeoit aux Tuileries.

Le palais des Tuileries est joint au Louvre par une longue & large galerie qui regne le long du bord septentrional de la Seine, & qui a vûe sur cette riviere.

Ce magnifique édifice fut commencé en 1564, par Catherine de Médicis veuve d’Henri II. & du tems de sa régence pendant la minorité de Charles IX. Il fut fini par Henri IV. & orné par Louis XIV. Louis XIII. avoit aussi beaucoup embelli le jardin des Tuileries ; mais ce fut sous Louis XIV. que le fameux le Nôtre en dirigea les nouvelles plantations, & qu’on y plaça la plupart des grouppes & des statues qu’on y voit aujourd’hui.

TUILIER, s. m. un artisan qui façonne & cuit les tuiles : chez les Anglois on appelle tuilier, l’artisan qui les emploie, ou le couvreur en tuiles.

Les tuiliers & briquetiers, ou poseurs de tuiles & de briques, se formerent en corps la dixieme année de la reine Elisabeth, sous le nom de maîtres & gardes de la société d’hommes libres du secret & de l’art de tuilerie & de briqueterie. Voyez Brique.

TUISTON, s. m. (Mytholog.) les anciens germains le regardoient comme l’auteur de leur nation, & disoient qu’il étoit fils de la Terre, c’est-à-dire qu’on ignoroit son origine. Il donna des lois aux Germains, les poliça, établit des cérémonies religieuses parmi eux, & il s’acquit de la part de son peuple, tant de vénération, qu’après sa mort il fut mis au rang des dieux. Une des principales cérémonies de son culte étoit de chanter ses louanges qu’on avoit mises en vers. César croit que c’étoit Pluton qu’on honoroit sous le nom de Tuiston. (D. J.)

TUITIRICA, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) perroquet du Brésil, un peu plus gros que l’espece ordinaire. Il est par-tout d’un très-beau verd, seulement plus foncé sur le dos & sur les aîles qu’il n’est ailleurs. Son bec est extrèmement crochu, & d’un rouge-pâle ; ses yeux sont noirs ; ses jambes sont bleues ; sa queue n’est qu’un peu plus longue que les aîles fermées. Cette espece de perroquet est fort recherchée au Brésil, parce qu’il apprend aisément à parler, qu’on les apprivoise jusqu’à manger dans la bouche. Marggravii, Hist. brasil. (D. J.)

TULBENTOGLAN, s. m. terme de relation, nom que porte celui d’entre les pages du grand-seigneur qui a soin de son turban ; cet honneur appartient au cinquieme page de la cinquieme chambre. Du Loir.

TULIPE, s. f. (Hist. nat. Bot.) tulipa ; genre de plante à fleur liliacée, composée de six pétales disposés de façon qu’elle ressemble à un vase par sa forme. Le pistil occupe le milieu des pétales, & devient dans la suite un fruit oblong qui s’ouvre en trois parties, & qui est divisé en trois loges. Ce fruit renferme deux rangées de semences plates, & placées les unes sur les autres. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que la racine est composée de plusieurs tuniques, & qu’elle est fibreuse à sa partie inférieure. Tournefort. I. R. H. Voyez Plante.

Personne n’ignore que le nom de tulipe se donne également à la plante & à sa fleur ; mais les Botanistes, laissant aux curieux le plaisir de cultiver la fleur,

s’attachent à caractériser la plante entiere, & ils ont bien su le faire d’une maniere aussi nette que solide.

La tulipe, disent-ils, est un genre de plante bulbeuse, qui pousse une seule tige à la hauteur d’environ un pié, ronde, moëlleuse, accompagnée de deux ou trois feuilles longues, assez larges, épaisses, dures, ondoyées à leurs bords, terminées en pointe. Cette tige porte en son sommet une seule fleur, grande, belle, à six pétales, peu évasés, formant souvent un ventre plus large que l’ouverture, ornée de couleurs magnifiques, jaune, ou blanche, ou purpurine, ou rouge, ou variée. Lorsque cette fleur est passée il paroit un fruit oblong & triangulaire, divisé en trois loges, remplies de semences orbiculaires, rougeâtres, fort applaties. La racine de la tulipe est une grosse bulbe jaunâtre ou noirâtre, composée de plusieurs tuniques qui s’emboîtent les unes dans les autres, & cette bulbe est garnie de fibres en sa partie inférieure.

On voit clairement par cette description les caracteres de la tulipe ; sa fleur est en forme de lis exapétale, en godet, nue, seule au sommet de la tige, droite, garnie de six étamines ; elle embrasse l’ovaire qui dégénere en un fruit oblong, chargé de semences applaties, couchées les unes sur les autres, formant un double rang ; ce fruit est garni d’un tube sensiblement velu ; la tige de la plante est environnée de feuilles larges ; sa racine est bulbeuse, & revêtue d’une tunique ; sa partie fibreuse se divise en filets.

Ce genre de plante est des plus étendus en especes. Tournefort en compte quatre-vingt-treize, qui produisent tous les jours quelques nouvelles variétés de couleur. Gesner a décrit la premiere tulipe qui fut apportée de Constantinople en Europe en 1590. Aussi le nom tulipe paroit turc. Ménage dit que cette plante s’appelle en Turquie tulibent, à cause de la ressemblance qu’elle a avec la figure du tulbent, que nous appellons ici turban ; mais une remarque plus curieuse, c’est qu’on observe dans le mois d’Octobre au fond de l’oignon des tulipes, une tulipe entiere ; sur la tige de cette tulipe qui n’a pas encore trois lignes de haut, on découvre déjà la fleur qui ne doit paroître que dans le mois d’Avril suivant : on compte les six pétales de cette fleur, les étamines, les sommets, le pistil ou le jeune fruit, les capsules, & les semences qu’elles renferment. Qui ne croiroit après tout cela, que toutes ces parties étoient renfermées dans un espace encore plus petit, qui n’a pû se rendre visible qu’à mesure que le suc nourricier en a dilaté les moindres parties ? (D. J.)

Tulipe, (Jardin des Fleuristes.) les curieux ne considerent la tulipe que comme fleur, & disent qu’il ne lui manque qu’une odeur agréable pour en faire la plus belle fleur du monde, qui en déployant ses variétés infinies, efface toutes les autres depuis le mois de Mars jusqu’à la fin de Mai.

Les caracteres des bonnes tulipes consistent selon les Fleuristes, dans leur nouveauté, la beauté de leurs couleurs, la force & la hauteur de leur tige, la forme de leur fleur qui doit être ovoïde, sans finir en pointe ; une belle tulipe doit donc avoir :

1°. Une forte tige, qui ne soit ni trop haute ni trop basse ; la portée ordinaire du plus grand nombre des belles tulipes regle la taille de sa tige, elle doit être assez forte dans sa hauteur, & cependant n’être pas trop grosse.

2°. La fleur doit être composée de six pétales, trois dedans & trois dehors ; les pétales de dedans doivent être plus larges que ceux de dehors, autrement ce seroit un défaut.

3°. Le fond de la fleur doit être proportionné au sommet, & les bords des pétales doivent être arrondis & non pointus.