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deuil vingt sept jours, avec défense de plaider, de faire des noces & des festins pendant tout le tems du deuil. Il est défendu de même pendant trois ans d’accompagner aucune fête même les plus solemnelles, d’instrumens, de chansons, de danses & de toutes marques de réjouissance.

Il y a dans ce royaume des mines d’or, d’argent & d’autres métaux ; mais le roi ne permet pas qu’on ouvre celles d’or. On tire du pays des soies, du musc, des bois de santal, d’aloës, &c. Les Hollandois y portent en échange de ces marchandises, des épiceries, des draps & d’autres étoffes.

Il est inutile d’entrer dans de plus grands détails sur ce royaume ; on peut consulter, mais avec une foi réservée, les lettres édifiantes & la relation du royaume de Tunquin donnée par le p. Marigni. (Le chevalier de Jaucourt.)

TUNTOBRIGA, (Géog. anc.) ville de l’Espagne tarragonoise. Ptolomée, liv. II. c. vj. la donne aux Callaïques bracariens, & l’on croit que c’est aujourd’hui le village de Bargua de Regoa, dans la province de Tra-los-montes en Portugal.

TUNUPOLON, s. m. (Hist. nat. Ophiolog.) nom d’une petite espece de vipere des Indes orientales, connue principalement dans l’île de Ceylan ; sa peau imite le satin fin lustré, & richement ombré de brun. Rai, synops. animal.

TUNZA, (Géog. mod.) petite riviere de la Turquie dans la Romanie. Elle se décharge dans l’Archipel près de la ville d’Eno, du côté de l’orient. Tunza est le nom moderne du fleuve Tænarum des anciens.

TUOLA, (Géog. anc.) fleuve de l’île de Corse. Ptolomée, liv. III. c. ij. marque son embouchure sur la côte orientale de l’île, entre Tutela-Ara & la ville Mariana. C’est aujourd’hui le Golo. (D. J.)

TUPINAMBAS, les, (Géogr. mod.) nation de l’Amérique méridionale, autrefois dominante dans une partie du Brésil, aujourd’hui réduite à une poignée d’hommes, sous le nom de Topayos, sur le bord d’une grande riviere qui vient du Brésil, & se décharge dans l’Amazone.

TUPUTA, s. m. (Hist. nat. Ornithol) oiseau d’Amérique de la grosseur du faisan, & qui vit dans les broussailles. Le pere Nieremberg dit absurdement de cet oiseau, qu’il n’a point de chair, & que tout son corps n’est qu’un assemblage de vers vivans entre sa peau & ses os ; ce bon pere aura pris l’état maladif d’un de ces oiseaux pour être son état naturel, & ensuite il a exagéré cet état. (D. J.)

TURA, la, (Géog. mod.) riviere de Sibérie dans l’empire russien. Elle a sa source dans cette partie du mont Caucase qui sépare la Sibérie de la Russie, à 59 degrés 30 minutes de latitude, au nord du royaume de Casan, & courant de-là à l’est-sud est, elle va se joindre à la riviere de Tobol, à 57. 40. de latitude. Cette riviere est fort poissonneuse, & ses rives abondent en toutes sortes de gibier.

TURANO, le, (Géog. mod.) riviere d’Italie au royaume de Naples, dans l’Abruzze ultérieure. Elle a sa source près de Tagliacozzo, & va se jetter dans le Velino, un peu au-dessous de Rieti. On prend cette riviere pour le Telonus des anciens.

TURBA, (Géog. anc.) ville d’Espagne, selon Tite-Live, l. XXXIII. c. lxjv. Ce pourroit bien être, dit la Martiniere, la même ville que Ptolomée, liv. II. c. vj. nomme Turbula, & qu’il donne aux Bastitans. (D. J.)

TURBAN, s. m. (Hist. mod.) c’est la coiffure de la plûpart des orientaux & des nations mahométanes. Il consiste en deux parties, savoir le bonnet & le bourlet ou la bande qui est de linge fin, ou de taffetas artistement plié & entortillé au-tour de la partie inférieure du bonnet.

Ce mot vient de l’arabe dar ou dur, dal ou dul, qui signifie entourer, & de bond ou bend, qui veut dire bande, bourelet, ou écharpe ; de sorte que durband ou turband ou tulbend, ne signifie autre chose qu’une écharpe, ou bande liée en rond, & c’est ce bourlet qui donne la dénomination à tout le turban.

Le bonnet est rouge ou verd, sans bord, tout uni, & plat par dessus, mais arrondi par les côtés, & piqué ou fourré de coton, mais il ne couvre point les oreilles, une longue piece de linge ou de coton très fin l’enveloppe depuis le milieu de sa hauteur jusqu’à sa naissance sur le front, & forme une infinité de plis sur le bourlet.

Il y a beaucoup d’art à donner bon air au turban, & parmi les orientaux c’est un commerce ou une profession particuliere, comme est parmi nous la fabrique des chapeaux, ou plutôt le métier de coiffeuses.

Les émirs qui se prétendent de la race de Mahomet, portent leurs turbans tout-à-fait verds, & eux seuls parmi les turcs ont le privilege de l’avoir entierement de cette couleur, qui est celle du prophete. Ceux des autres turcs sont ordinairement rouges avec un bourlet blanc. Les gens de qualité, & ceux qui aiment la propreté sont obligés de changer souvent de turban.

M. de Tournefort remarque que le turban est à tous égards une coiffure très-commode, elle est même plus avantageuse à la guerre que nos chapeaux, parce qu’elle tombe moins facilement, & peut plus aisément parer un coup de tranchant.

Le turban du grand-seigneur est aussi gros qu’un boisseau & les Turcs l’ont en si grande vénération qu’à peine osent-ils y toucher. Il est orné de trois aigrettes, enrichi de diamans & de pierres précieuses. Il y a un officier appellé tulbent-oglan, chargé expressément de le garder & d’en avoir soin. Le turban du grand-vizir n’a que deux aigrettes, aussi bien que ceux de plusieurs officiers qui les portent plus petits les uns que les autres. Quelques-uns ne portent qu’une aigrette, d’autres n’en ont point du tout.

Le turban des officiers du divan est d’une forme particuliere, & on l’appelle mugenezek. Nous avons observé que le bourlet du turban des Turcs est de toile blanche, celui des Persans est de laine rouge & de taffetas blanc rayé de rouge, & ce sont-là les marques distinctives de la religion différente entre ces deux peuples. Voyez Mandil.

Sophi roi de Perse, qui étoit de la secte d’Ali, fut le premier qui adopta cette couleur, pour se distinguer des turcs qui sont de la secte d’Omar, & que les Persans regardent comme des hérétiques. Voyez Kinibasch.

Turban, (toilerie de coton.) les turbans sont des toiles de coton rayées, bleues & blanches, qui se fabriquent en divers endroits des Indes orientales ; on leur donne ce nom parce qu’elles servent à couvrir ou faire l’habillement de tête qu’on nomme un turban. Elles sont propres pour le commerce de Guinée ; leur longueur n’est que des deux aunes sur une demi-aune de large. Leur véritable nom est des brauls. Dict. du Com. (D. J.)

TURBE, s. s. (Gramm. & Jurisp.) du latin turba, qui signifie troupe ou attroupemement de personnes, d’où l’on a fait en françois turbe, & quelquefois tourbe, tourbiers.

La turbe, ou enquête par turbe, étoit une enquête que l’on faisoit anciennement pour constater quelque fait ou quelque usage ; on convoquoit les habitans d’un lieu, ou autres personnes, que l’on entendoit pour avoir leur avis ou témoignage sur ce qui faisoit l’objet de l’enquête, & leur avis ou déposition étoit rédigé collectivement, à la différence des enquêtes ordinaires où les témoins sont entendus séparément,