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guere que sous le nom de compagnon. (D. J.)

Varlet, s. m. (Hydr.) est une espece de balancier de bois équarri, gros dans son milieu, & se terminant en deux cônes tronqués, fretés & boullonés, pour recevoir dans son milieu les queues de fer des pieces que le varlet met en mouvement. (K)

VARLOPE, s. f. (Menuiserie.) est un outil qui sert aux Menuisiers & aux Charpentiers, pour corroyer les bois, c’est-à-dire les dresser. Elle est composée de trois pieces, savoir, le fût & le coin qui sont de bois, & d’un fer tranchant. Le fût est un morceau de bois de 26 pouces de long sur deux pouces & demi de large & trois de haut. Sur le bout de devant est une poignée ; au milieu est la lumiere où est le fer tranchant & le coin, & à l’extrémité sur le derriere est une poignée ouverte dans laquelle passe la main. Voyez les Planches de Menuiserie.

Demi-varlope, est un outil de menuisier, dont les Charpentiers se servent aussi pour dégrossir leur bois. Elle est semblable à la varlope, à l’exception qu’elle est plus courte & plus étroite, & que le tranchant du fer ne s’affute pas si quarrément que celui de la varlope. Voyez les Planches de Menuiserie.

Varlope à onglet, est une espece de rabot ; elle est seulement une fois plus longue, mais le fer toujours au milieu comme au rabot.

VARMO, le, (Géog. mod.) petite riviere d’Italie, dans l’état de Venise. Elle a sa source dans le Frioul, près de Codropio, & se jette dans le Tajamento. (D. J.)

VARNA ou VARNE, (Géog. mod.) ville de la Turquie européenne, dans la Bulgarie, & la capitale de la Drobugie, sur la riviere de Varne, près de son embouchure dans la mer Noire, à seize milles de Rosito du côté du nord. Long. 51. 28. latit. 40. 6.

Quelques géographes prennent Varne pour la Tiberiopolis de Curopalate ; & d’autres veulent que ce soit l’ancienne Odessus de Strabon, entre Calatis & Apollonie. Quoi qu’il en soit, c’est près de cette ville que se donna en 1444 une célebre bataille entre Uladislas VI. roi de Pologne, & le sultan Amurath II. après avoir conclu tout récemment ensemble, sans aucun combat, la paix la plus solemnelle que les Chrétiens & les Musulmans eussent jamais contractée. Amurath jura cette paix sur l’alcoran, & Uladislas sur l’évangile.

Cependant à peine cette paix fut jurée, que le cardinal Julien Césarini persuada à Uladislas, aux chefs hongrois & aux polonois qu’on pouvoit violer ces sermens, parce que cette paix avoit été faite malgré l’inclination du pape. Uladislas séduit par cette raison entra dans les terres du sultan & les ravagea.

Les janissaires vinrent en foule prier Amurath de quitter sa solitude pour se mettre à leur tête. Il y consentit ; les deux armées se rencontrerent près de la ville de Varne, où se donna la bataille. Amurath portoit dans son sein le traité de paix qu’on venoit de conclure ; il le tira au milieu de la mêlée, & pria Dieu qui punit les parjures, de venger cet outrage fait aux lois des nations. Les Chrétiens furent vaincus ; le roi Uladislas fut percé de coups, & périt à l’âge de vingt ans, n’ayant été parjure qu’à l’instigation du légat. Sa tête coupée par un janissaire fut portée en triomphe de rang-en-rang dans l’armée turque, & ce spectacle acheva la déroute. Le cardinal Julien périt aussi dans cette journée ; quelques-uns disent qu’il se noya, & d’autres que les Hongrois mêmes le tuerent.

Mais ce qu’il y a de plus remarquable, ajoute M. de Voltaire, c’est qu’Amurath après cette victoire retourna dans sa solitude, qu’il abdiqua une seconde fois la couronne, qu’il fut une seconde fois obligé de la reprendre pour combattre & pour vaincre. Enfin il mourut à Andrinople en 1451, & laissa l’empire à

son fils Mahomet II. qui songea plus à imiter la valeur de son pere que sa philosophie. (D. J.)

Varna, la, (Géog. mod.) riviere des états du turc, en Europe ; elle a sa source aux montagnes qui sont vers la Romanie, & se jette dans la mer Noire, près du lac de Dwina. C’est le Zirus des anciens. (D. J.)

VARNAVAL, (Géog. mod.) ville d’Egypte, sur le bord du Nil, vers le levant, selon Marmol, qui dit que son territoire produit abondamment du blé & du riz. (D. J.)

VARNDORP, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, en Westphalie, à cinq lieues de Munster, sur l’Ems. Elle appartient à l’évêque de Munster, qui y tient garnison, parce que c’est une clé de ses états. (D. J.)

VARNETON, (Géog. mod.) voyez Warneton.

VAROLE, pont de, (Anat.) Varole naquit à Boulogne, où il exerça la chirurgie ; il fut ensuite nommé premier médecin du pape Grégoire XIII. & professeur en anatomie dans le principal college de Rome, où il mourut en 1575, à l’âge de 32 ans. Il a découvert le premier l’origine des nerfs optiques ; & l’on donne encore aujourd’hui le nom de pont de Varole à cette éminence du cerveau, qui se nomme aussi protuberance annulaire. Voyez Protuberance.

Il publia en 1570 une nouvelle maniere de disséquer le cerveau, qu’on appelle encore aujourd’hui la méthode de Varole.

VARRE, s. f. (Mesure espagnole.) c’est la mesure des longueurs dont on se sert en Espagne, particulierement dans le royaume d’Arragon, pour mesurer les étoffes. Sa longueur est semblable à celle de la canne de Toulouse, qui est de cinq piés cinq pouces six lignes, ce qui revient à une aune & demie de Paris, ou trois aunes de Paris font deux varres d’Espagne. (D. J.)

Varre, s. f. (Pêche.) instrument des pêcheurs de l’Amérique, servant à prendre les gros poissons, surtout les tortues. Il est composé de deux pieces principales ; savoir d’une forte hampe de bois, d’environ sept à huit piés de longueur ; & d’une pointe de fer quarrée, qui se place à chaque fois qu’on veut s’en servir dans un trou quarré, percé exprès au bout le plus menu de la hampe, lequel dans cette partie est garni d’une virole.

La pointe de fer qui doit sortir d’environ quatre pouces, est percée auprès de la douille d’un trou assez large pour y passer une longue & forte corde, que l’on arrête au moyen d’un nœud ; & l’on attache aussi une grosse ficelle à la hampe, afin de pouvoir la retirer à soi lorsqu’elle se sépare de la pointe qui reste fichée dans le corps de l’animal, ainsi qu’on le dira.

Cet instrument, de dedans les barques ou canots, se lance avec roideur sur le dos des tortues, qui pendant la nuit dorment à la surface de l’eau, ou s’élevent de tems en tems pour respirer. La pointe de fer pénétrant l’écaille, y demeure fortement attachée, & par les efforts que fait la tortue pour se débarrasser la hampe se détache, flotte sur l’eau, & peut être facilement retirée par le varreur qui n’abandonne point la ficelle dont on a parlé, tandis que ceux qui l’accompagnent filent la corde attachée par une de ses extrémités à la pointe de fer, & par l’autre au devant du canot, que la tortue entraine avec une extrème rapidité, jusqu’à ce que ses forces étant affoiblies, elle se laisse tirer à bord.

Les tortues varrées ne vivent pas long-tems, on est obligé de les assommer tout de suite, & d’en saler la chair si l’on se trouve fort éloigné des lieux où l’on veut les transporter.

VARRER, v. neut. & act. terme de relation, varrer, c’est prendre à la varre des tortues, quand elles viennent de tems en tems sur l’eau pour respirer.