Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/857

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me siecle, sous le regne de Clovis II. Elle fleurissoit beaucoup avant le massacre des réformés, qu’on eut lieu d’attribuer principalement au duc de Guise, & par lequel commencerent les affreuses guerres civiles en France pour la religion. Long. 19. 23. latit. 47. 4.

Jaquelot (Isaac), célebre théologien calviniste, naquit dans cette ville en 1647, & se vit obligé de sortir de France par la révocation de l’édit de Nantes. Le corps des nobles lui donna une église à la Haye, & le roi de Prusse le nomma son prédicateur à Berlin, où il mourut en 1708, âgé de 61 ans. Il a publié des ouvrages estimés, entr’autres des sermons, un traité de l’existence de Dieu, des dissertations sur le Messie, & finalement un traité de la vérité des livres du vieux & du nouveau Testament, imprimé à Rotterdam 1715, in-8°. (D. J.)

VASSOLES, s. f. (Marine.) pieces de bois que l’on met entre chaque panneau de caillebotis.

VASTAN, (Géog. mod.) ville de la basse-Arménie, au sud-est de Van, sur le bord du lac de ce nom. Long. 77. 50. latit. 37. 50. (D. J.)

VASTE, adj. (Langue françoise.) M. de Saint Evremond a fait une dissertation pour prouver que cette épithete designe toujours un défaut : voici comment il se trouva engagé à écrire sur ce sujet en 1667. Quelqu’un ayant dit en louant le cardinal de Richelieu, qu’il avoit l’esprit vaste, sans y ajouter d’autre épithete, M. de Saint-Evremont soutint que cette expression n’étoit pas juste ; qu’esprit vaste se prenoit en bonne ou en mauvaise part, selon les choses qui s’y trouvoient jointes ; qu’un esprit vaste, merveilleux, pénétrant, marquoit une capacité admirable, & qu’au-contraire un esprit vaste & demesuré étoit un esprit qui se perdoit en des pensées vagues, en de vaines idées, en des desseins trop grands, & peu proportionnés aux moyens qui nous peuvent faire réussir. Madame de Mazarin, la belle Hortense prit parti contre M. de Saint-Evremond, & après avoir long-tems disputé, ils convinrent de s’en rapporter à MM. de l’académie.

M. l’abbé de Saint-Réal se chargea de faire la consultation, & l’académie polie décida en faveur de madame de Mazarin. M. de Saint-Evremond s’étoit déjà condamné lui-même avant que cette décision arrivât ; mais quand il l’eût vue, il déclara que son désaveu n’étoit point sincere : que c’étoit un pur effet de docilité, & un assujettissement volontaire de ses sentimens à ceux de madame de Mazarin ; mais que vis-à-vis de l’académie, il ne lui devoit de la soumission que pour la vérité. Là-dessus il reprit non-seulement l’opinion qu’il avoit d’abord défendue ; mais il nia absolument que vaste seul pût jamais être une louange vraie ; il soutint que le grand étoit une perfection dans les esprits, le vaste un vice ; que l’étendue juste & réglée faisoit le grand, & que la grandeur demesurée faisoit le vaste ; qu’enfin la signification la plus ordinaire du vastus des latins, c’est trop spacieux, trop étendu, demesuré, & je crois pour moi qu’il avoit à-peu-près raison en tous points. Je vois du-moins que vastus homo dans Cicéron, est un colosse, un homme d’une taille trop grande, & dans Salluste vastus animus, est un esprit immodéré, qui porte trop loin ses vues & ses espérances. (D. J.)

Vaste, en Anatomie, est un nom commun à deux muscles de la jambe, dont l’un est interne, & l’autre externe. Ils sont appellés vastes à cause de leur grosseur, & ils servent tous deux à étendre la jambe.

Vaste externe, est un muscle qui vient de la racine du grand trochanter, & de la ligne osseuse, étant tendineux en-dehors, & charnu en-dedans ; ensuite descendant obliquement, il devient au contraire tendineux en-dedans, & charnu en-dehors, jusqu’à ce que rencontrant le tendon du muscle droit, il devient

entierement tendineux, & se termine conjointement avec lui. Voyez les Planches d’Anatom.

Vaste interne est un muscle qui vient de même par un principe moitié tendineux & moitié charnu de la ligne osseuse, immédiatement au-dessous du petit trochanter. Il se porte ensuite à la partie antérieure du femur, & se continue presque jusqu’au condile interne ; de-là il descend obliquement, & devenant tendineux, se termine avec le vaste externe. Voyez les Pl. anat.

VASTELLUM, s. m. (Hist. mod.) grande coupe ou gobelet d’argent ou de bois, dans laquelle les anciens Saxons avoient coutume de boire à la santé dans leurs festins. Matthieu Paris, dans la vie des abbés de S. Alban, dit : Abbas solus prendebat supremus in refectorio, habens vastellum. « Il avoit auprès de lui la coupe de la charité pour boire à la santé des freres ».

C’est ce qu’on appelle en Allemagne le vidricum ou willekom, qui signifie le bien-venu, vase d’une capacité quelquefois très-énorme qu’il faut vuider à l’exemple des Allemands pour en être bien venu.

On croit que c’est de là que vient la coutume qui regne encore dans le comté de Sussex, & dans quelques autres endroits, d’aller, comme ils disent, à Wasseling au festin où l’on boit copieusement.

VAS-TU-VIENS-TU, s. m. terme de Pêche, usité dans le ressort de l’amirauté de Bayeux.

Les pêcheurs du Port, lieu dans ladite amirauté, se servent d’une espece particuliere de filet pour faire la pêche du poisson rond à leur côte.

Ils nomment ce filet ou ret vas-tu-viens-tu, & est de la même espece que celui dont se servent les pêcheurs de l’amirauté de Quimper, à la différence que le filet de ces derniers est flottant comme les manets, & qu’il ne forme point d’enceinte. Cette pêche se fait à pié sans bateau ; ceux qui la veulent pratiquer portent tout le plus long qu’ils peuvent à la basse eau, une poulie qu’ils frapent sur une petite ancre, quand le fond est du sable, ou qu’ils amarrent à une roche, s’ils en trouvent. On passe dans la poulie un cordage qui vient double jusqu’à terre, on y attache un filet de l’espece des seines à hareng, de la hauteur environ d’une brasse & demie, flotté & pierré par le bas ; le filet à la marée ne s’éleve du fond qu’à sa hauteur ; quand il y a de l’eau suffisamment pour le soutenir de bout, on l’amarre au cordage dont on hale à mesure l’autre côté pour le faire aller sur la poulie, & en s’écartant du lieu où elle est arrêtée ; on forme par cette manœuvre une espece d’enceinte avec l’autre bout du filet qui est resté à terre, & celui que le cordage de la poulie a tiré au large.

On prend de cette maniere toutes sortes d’especes de poissons ronds, bars, mulets, colins & truites saumonnées, qui se trouvent enclavés dans le circuit du filet.

Quoiqu’on doive regarder ce ret comme une espece de seine particuliere, cependant eu égard à cette côte qui est dure & ferrée, elle se pourroit faire sans inconvénient si les mailles du ret avoient dix-huit à vingt lignes en quarré pour laisser évader les petits poissons, & qu’elle ne fût pratiquée seulement que pendant les mois de Novembre, Décembre, Janvier, Février & Mars seulement, à cause du frai qui n’est point alors à la côte.

Cette pêche se pratique dans la fosse de Port, dans celle nommée le Goulet du Vary ; elle commence ordinairement dans le mois de Décembre, & se continue jusqu’à la fin de Mai ; la pêche des maquereaux que les pêcheurs font alors, la leur fait cesser, & celle du hareng qui lui succede, empêche les pêcheurs de la continuer pendant toute l’année, lorsqu’ils verroient à la côte du poisson pour faire cette pêche avec succès.

Cette pêche se fait également de jour comme de