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d’or ou d’argent, avec du mercure, sans addition d’aucune autre liqueur ; toutes ces végétations, dis-je, se forment au milieu d’un liquide & au fond du vaisseau. Le seul arbre de mars se forme au-dessus du liquide, qui est même enlevé tout entier au haut du vaisseau, & quelquefois en très-peu de tems. Ainsi il doit être regardé comme une espece de végétation métallique, différente des autres. Celles dont parle M. de la Condamine dans les mémoires de l’académie des Sciences, sont encore des végétations d’une autre espece, & méritent le nom de végétation par la maniere dont elles se forment.

Il a mis sur une agate polie, ou sur un verre posé horisontalement, un peu de solution d’argent, faite à l’ordinaire par l’esprit-de-nitre, & au milieu de cette liqueur épanchée qui n’avoit que très-peu d’épaisseur, il a placé un clou de fer par la tête. Dans l’espace de quelques heures, il s’est formé autour de cette tête-de-clou un très-grand nombre de petits filets d’argent, qui, à mesure qu’ils s’éloignoient du centre commun, diminuoient de grosseur & se divisoient en plus petits rameaux. C’est-là ce qui avoit l’air de végétation.

M. de la Condamine juge avec beaucoup de vraissemblance, que la cause générale de ce fait est le principe établi en Chimie, qu’un dissolvant qui tient un métal dissous l’abandonne dès qu’on lui présente un autre métal qu’il dissoudra plus facilement. Ici le nitre a abandonné l’argent pour aller dissoudre du fer ou la tête du clou.

On peut conclure de ce principe qu’on fera la même expérience sur tous les autres métaux, en substituant à la solution d’argent une solution d’un métal quelconque, & au fer un métal plus aisé à dissoudre par le dissolvant du métal qu’on aura choisi ; & c’est en effet ce que M. de la Condamine a trouvé par un grand nombre d’expériences différemment combinées.

Il a eu des végétations horisontales, des arbrisseaux plats avec plusieurs variétés, soit en ce que les arbrisseaux ont demandé plus ou moins de tems, soit en ce qu’ils ont été plus ou moins touffus de ramifications.

On a supposé jusqu’ici que le verre sur lequel se faisoit l’expérience étoit posé horisontalement, mais il peut aussi être incliné. Toute la différence sera qu’il y aura plus de ramifications, que l’arbrisseau sera plus touffu au-dessus du centre, ou à la tête du clou qu’au-dessous. La raison en est qu’entre les courans qui doivent tous aller vers ce centre, les inférieurs y trouvent plus de difficulté, puisqu’ils n’y peuvent aller qu’en remontant. Les végétations de cette espece se font également bien sur des verres ou glaces de toutes couleurs, & l’esprit s’amuse volontiers à ces sortes d’artifices. (D. J.)

Végétation, (Hist. nat. Botan.) voyez cet article à la fin de ce volume.

VEGÉTATIF, (Jardinage.) s’emploie en parlant de l’esprit végétatif, de l’ame végétative des plantes. Voyez Végétation.

VÉGÉTAUX, (Jardinage.) sont tous les êtres qui vivent de la substance de la terre. On entend par ce mot toutes les plantes en général que l’on peut renfermer sous deux especes, les arbres & les herbes.

Le terme de végétal a été donné aux plantes, parce qu’on a cru devoir appeller végétation l’action par laquelle les plantes croissent, vegetans dicitur ab anima vegetante.

Les végétaux se distinguent en arbres, arbustes, arbrisseaux ou frutex, sous-arbrisseaux ou sufrutex, herbes, légumes, oignons, roseaux & chiendents.

Ils se peuvent encore diviser en plantes terrestres & aquatiques ; les terrestres sont celles qui croissent sur la terre, au-lieu que les aquatiques ne s’élevent bien que dans l’eau.

Les unes & les autres se subdivisent en plantes ligneuses ou boiseuses, en bulbeuses & en fibreuses, ou ligamenteuses, qu’on peut encore appeller herbacées.

Les plantes ligneuses ou boiseuses sont tous les arbres dont la consistance, tant dans les branches que dans la tiges & les racines, est assez dure pour former du bois ; elles se divisent en arbres sauvages & en domestiques.

Les sauvages sont ceux qui viennent sans culture, dans les bois & les campagnes.

Les domestiques se cultivent dans les jardins, & sont proprement les arbres à fruit.

Les plantes bulbeuses renferment toutes les plantes qui ont des oignons, soit légumes ou fleurs.

Les plantes fibreuses ou ligamenteuses n’ont que des racines très-menues, ou de petits ligamens ; cela regarde les fleurs les plus délicates, les blés & autres chiendents, les plantes médicinales cultivées, les herbes sauvages, que l’on appelle simples, les légumes & les herbes potageres.

Il y a encore les plantes annuelles, les pérenelles & les parasites.

Les plantes annuelles ne durent qu’un an, les pérenelles ou vivaces durent plus long-tems.

Les plantes parasites vivent aux dépens des autres, tels que l’agaric & le gui de chêne ; elles végetent sur les autres, & leurs racines se nourrissent sur l’écorce de ces plantes auxquelles elles sont attachées.

Les parties des végétaux sont la graine, la racine, la tige ou le tronc, l’écorce, les yeux, les bourgeons, les branches, les feuilles, les fleurs & les fruits.

On expliquera toutes ces parties différentes à leur article.

VEGGIA ou VEGLIA, (Géograph. mod.) île du golfe de Venise, sur la côte de la Morlaquie, au voisinage de l’île de Cherzo. On lui donne environ cent milles de tour. C’est la plus belle île de cette côte. Elle produit du vin, de la soie, & des petits chevaux estimés. Sa capitale qui porte le même nom, est sur le bord de la mer, du côté du midi, où elle a un port capable de contenir dix galeres & quelques vaisseaux. Cette ville est honorée d’un évêché. Long. 32. 27. latit. 46. 12.

L’île de Veggia est nommée Kar par les Esclavons, & ce pourroit être la Curica de Ptolomée. Après la décadence de l’empire, elle se gouverna quelque tems par ses propres lois, ayant des princes particuliers, dépendans des rois de Dalmatie. L’un d’eux la céda, à ce qu’on croit, à la république de Venise en 1480, du-moins depuis ce tems-là les Vénitiens en ont joui tranquillement. Ils y envoyent pour la gouverner un noble avec titre de provéditeur. (D. J.)

VEGIUM, (Géog. anc.) ville maritime de la Liburnie, selon Pline, l. III. c. xxj. Ptolomée, l. II. c. xvij. qui la marque entre Ortopla & Argyrutum, la nomme Vegia. (D. J.)

VEGLIA, (Géog. mod.) île du golfe de Venise. Voyez Veggia.

VÊGRE, la, ou la VESGRE, (Géogr. mod.) petite riviere de France, dans le Hurepoix. Elle a sa source au-dessus de Houdan où elle passe, & vient couler dans l’Eure, un peu au-dessous d’Ivry. (D. J.)

Vêgres, voyez Vaigres.

VEGUER, s. m. (Jurisprud.) terme de palais usité seulement dans le Béarn, où il se dit de certains huissiers qui ont spécialement le droit de signifier des exploits aux gentilshommes, à la différence des bayles qui n’en peuvent signifier qu’aux rôturiers. Voyez Bayle.

VÉHÉRIE, (Jurisprud.) veheria seu vicaria, vice-