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les ramifications sont très-petites ; il n’y a point de perlures, ou elles seroient si petites, qu’elles se détruiroient par le moindre frottement. La substance du nouveau bois de cerf se durcit par le bas, tandis que la partie supérieure est encore tuméfiée & molle ; mais lorsqu’il a pris tout son accroissement, l’extrémité acquiert de la solidité, alors il est formé en entier, quoiqu’il ne soit pas aussi compact qu’il le devient dans la suite ; la peau dont il est revêtu se durcit comme un cuir, elle se desseche en peu de tems, & tombe par lambeaux, dont le cerf accélere la chute en frottant son bois contre les arbres.

Il y a au-dessus de l’angle antérieur de chaque œil du cerf une cavité dont la profondeur est de plus d’un pouce : elle s’ouvre au-dehors par une fente large d’environ deux lignes du côté de l’œil, & longue d’un pouce, elle est dirigée en ligne droite du côté de la commissure des levres ; cette cavité a, pour l’ordinaire, un pouce de longueur, & environ huit lignes de largeur dans le milieu : la membrane qui la tapisse, est plissée dans le fond & très-mince ; elle renferme une sorte de sédiment de couleur noire, de substance grasse, tendre & légere ; on donne à ces cavités le nom de larmiers, & à la matiere qu’elles contiennent celui de larmes, ou de bezoard de cerf ; mais le premier sembleroit être plus convenable que l’autre. Ces cavités sont dans tous les cerfs & dans toutes les biches ; mais on ne les trouve pas toujours pleines de matiere épaissie ; souvent il n’y en a qu’une petite quantité, & sa consistance est très molle.

Le cerf a de chaque côté du chanfrein, près de la fente dont il vient d’être fait mention, le poil disposé en épi, comme celui qui est sur le front du cheval.

Il se trouve sur la face extérieure de la partie supérieure du canon des jambes de derriere, un petit bouquet de poil auquel on a donné le nom de brosse, parce qu’il est un peu plus serré & un peu plus long que celui du reste du canon.

Le faon en naissant est moucheté, il perd sa livrée à l’âge d’environ neuf mois.

Le cœur du cerf est situé comme celui du bœuf ; il a aussi deux os semblables à ceux du cœur du bœuf par leur position & leur figure ; la biche a un os dans le cœur, mais à proportion beaucoup plus petit que dans le cerf. En terme de vénerie on nomme l’os du cœur du cerf croix de cerf.

Les testicules des cerfs sont posés dans le milieu du scrotum, l’un en avant, & l’autre en arriere ; dans quelques sujets, le testicule droit se trouvoit en avant ; dans d’autres c’étoit le gauche ; dans tous, les deux testicules se touchoient par le côté intérieur, & ils adheroient l’un à l’autre par un tissu cellulaire assez lâche, pour qu’on pût le remettre l’un à côté de l’autre, mais dès qu’on donnoit quelque mouvement au scrotum ou aux cuisses de l’animal, on retrouvoit les testicules dans leur premiere situation. En terme de vénerie, on nomme les testicules daintiers.

La biche a deux mamelles comme la vache, & chaque mamelle a deux mamelons.

Les dents incisives du cerf sont au nombre de huit à la mâchoire inférieure.

Le cerf & la biche ont de plus que le taureau deux crochets dans la mâchoire supérieure, un de chaque côté ; ils ont rapport par leur position aux dents canines, & ils leur ressemblent encore par leur racine, mais au-lieu d’être pointus, ils sont arrondis à leur extrémité, & ils sont lisses ; quand il y a une espece de larme noire dans le blanc lisse de la dent, elles sont belles, & on les fait monter en bague, sa majesté & le grand veneur prennent souvent les plus belles.

Il y a six dents mâchelieres de chaque côté de chacune des mâchoires : ces dents ressemblent à celle du taureau par leur position & leur figure, comme par leur nombre.

Le bézoard de cerf. Il est de figure ovoïde aplatie, & de couleur jaunâtre au-dehors, & blanches au-dedans ; il a deux pouces une ligne de longueur, un pouce dix lignes de largeur, & quinze lignes d’épaisseur ; sa surface est lisse & polie, il pese trois onces cinq gros & demi.

Le bézoard, pierre précieuse, qui naît dans l’estomac d’un animal des Indes. Il s’en trouve aussi dans l’estomac de quelques bœufs & de quelques cerfs.

Il y a en Guinée une espece de petits cerfs qui paroît confinée dans certaines provinces de l’Afrique, des Indes orientales ; l’on en avoit apporté un mâle & une femelle à M. de Machault, pour lors ministre de la marine ; le mâle mourut dans le voyage, & la femelle arriva en bon état ; j’ai été la voir à l’hôtel du ministre à Compiegne, elle étoit en liberté, & mangeoit pour lors des feuilles de laitue ; elle étoit formée dans toutes les parties de son corps comme les biches de ce pays-ci, mais elle n’étoit pas plus grosse qu’un chat de la moyenne espece ; elle n’avoit pas un pié de haut, par le volume à-peu-près elle ne devoit pas peser cinq livres ; elle étoit leste autant que par proportion de sa taille elle devoit l’être.

Grand-veneur, M. Langlois, procureur du roi en la varenne du Louvre, siege de la grande-vénerie, a donné un petit traité dont nous allons donner un précis.

L’office de grand-veneur est ancien, mais le titre n’est que du tems de Charles VI. Il y avoit auparavant un maître-veneur ; Geoffroy est le veneur qui soit connu sous le regne de S. Louis ren 1231. Plusieurs de ses successeurs eurent la même qualité jointe à celles de maître ou enquêteur des eaux & forêts.

Le grand-veneur étoit autrefois appellé le grand-forestier.

Quand ils perdirent cette qualité, ils eurent celle de maître-veneur & gouverneur de la vénerie du roi.

Louis d’Orguin fut établi le 30 Octobre 1413, grand-veneur & gouverneur de la vénerie, sous le regne de Charles VI.

Jean de Berghes, sieur de Cahen & de Marguillier en Artois, fut le premier qui fut honoré du titre de grand-veneur de France par lettres du 2 Juin 1418. M. de Gamache a été grand veneur sous le même regne. L’école de la chasse par M. Leverrier de la Conterie, p. 8. p. 80.

Il n’est plus mention du nom des grands-veneurs, depuis Charles VI. jusqu’aux regnes d’Henri IV. qu’on nomme ceux qui l’ont été, Louis XIII. Louis XIV. & Louis XV.

Salnove nomme M. le prince Guimené & M. le duc de Montbazon, grands-veneurs sous Henri IV. & Louis XIII.

Dans le nouveau traité de vénerie par M. de la Briffardiere, dans son instruction à la vénerie du roi, page 20. dit que sous le regne d’Henri le grand, le duc d’Aumale étoit grand-veneur ; après lui, le duc d’Elbœuf fut revêtu de cette charge : & depuis le regne de Louis XIII. on a vu la charge de grand-veneur exercée successivement par M. le prince de Condé, M. le duc de Montbazon, M. le prince de Guimené, M. le chevalier de Rohan.

J’ai lu dans un endroit, sans pouvoir me souvenir dans quel auteur, que M. de Saucourt avoit été grand-veneur, apparemment entre M. le chevalier de Rohan & M. le duc de la Rochefoucault.

A la mort de M. le duc de la Rochefoucault, M. le comte de Toulouse en a exercé la charge ; à sa mort,