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Largeur de la tonnelle, 2 piés 8 pouces & demi.

Lit de champ ; c’est le dernier rang de briques posées sur leur champ qui termine la hauteur des siéges.

Quand on voudra construire la hale pour une verrerie à bouteilles ou à crystal ; il ne faudra pas que le fond de la cave soit plus de trois piés & demi plus bas que la surface du champ, parce que le four ne chaufferoit pas si bien ; & l’on seroit plus de tems à faire la fonte & à rafiner le verre ; on perdroit du tems, & l’on consumeroit du charbon ; en voici la raison.

Les portes des caves ayant trois piés & demi de hauteur sur la surface du champ, l’air y entrera avec plus de violence, que si les portes étoient aussi basses que la surface du champ ; car dans ce dernier cas, le vent n’y entreroit qu’à mesure qu’il y seroit attiré par le foyer, & agiroit lentement sur le chauffage ; au lieu que dans le premier, son cours seroit encore accéléré de son poids, ce qui le feroit passer avec plus de vîtesse à-travers la grille, enflammer plus rapidement le charbon qui est dessus, & rendre la chaleur plus grande.

Quand on aura tracé le four selon le plan, on posera le premier rang de briques, la surface brute en en-bas ; la surface unie en dessus. Il faut que le dessus de ce premier rang soit uni & de niveau partout ; ensuite on travaillera à la tonnelle, en plaçant ou commençant un second rang sur le rang déjà posé. On est deux à poser une brique, parce que ne s’agissant pas seulement de la poser, mais de l’appliquer bien exactement sur la brique qui est en-dessous ; il faut les frotter l’une contre l’autre jusqu’à ce que les inégalités de l’une & de l’autre disparoissent ; on connoîtra si leur application se fait dans toutes leurs surfaces en balayant & en considérant si elles ont frotté l’une & l’autre par tout. Il faut frotter jusqu’à ce que le frottement soit sensible sur les deux surfaces entieres. On place ensuite une autre brique de la même maniere, & l’on acheve ce rang.

Mais pour lier ces briques, il faut du mortier ; on le fait avec la raclure des briques ; on la ramasse ; on la passe au tamis ; on a une cuve qu’on remplit à moitié d’eau claire ; on l’agite avec un bâten ; cependant un autre y répand la raclure passée ; l’un seme & l’autre tourne jusqu’à ce que le tout ait la consistence d’une bouillie claire. Cela fait, on répand sur le premier lit ou sur les premieres briques frottées, de ce mortier ; on l’égalise avec une truelle ; on pose ensuite les secondes briques frottées, les agitant & frottant jusqu’à ce qu’elles commencent à s’attacher & à prendre ; on leur donne l’assiette qui leur convient ; on prend un morceau de planche qu’on pose dessus ; on frappe quelques coups de marteau sur la planche ; cela assûre la brique & fait sortir l’excès de mortier qu’on ôte avec la truelle ; on opere de la même maniere pour la brique qui doit suivre, c’est-à-dire, qu’on la pose sans mortier ; qu’on la frotte contre celle de dessous ; qu’on fait joindre ses côtés avec l’autre posée ; que pour cet effet on use de la scie ; on frappe sur le côté avec le marteau ; on applique la planche, &c. quant au second lit, on commence par frotter toutes les briques du premier, avant que d’asseoir une seule des briques.

On n’aura pas besoin d’un ceintre pour faire la couronne ; car chaque brique étant une fois posée avec le mortier, on ne la sépareroit pas sans la briser. Au lieu de travailler en-dehors à faire la couronne, on fait un échafaut en-dedans, & l’on conduit la construction de la voûte, comme nous allons dire. Comme la courbe de la voûte est un segment ou une portion du cercle dont le diametre sera plus long que la largeur du four, il en faut chercher le centre, qu’on trouvera, comme on l’a dit, pour la coupe des briques ; & la distance du centre à la cir-

conference sera la ligne qui servira à conduire la

voûte.

La muraille du four étant élevée à la hauteur convenable, il faut prendre une planche dont la longueur soit juste la longueur du four, & qui soit percée dans son milieu d’un trou à recevoir une petite corde qu’on noue par les deux bouts ; que la longueur de la corde depuis le trou jusqu’à son nœud, soit égale à la ligne trouvée ci-dessus pour la coupe des briques ; que depuis ce premier nœud jusqu’à l’extrémité de la corde, il y ait un pié d’excédent ; que la planche soit posée horisontalement ; que le trou corresponde au centre du four comme dans ces deux figures ; a est la planche, bb les murailles du four, c le centre, d la corde, e le nœud, h l’autre nœud, iiii le segment ou demi-cercle, dont la planche représente une partie du diametre ; ch est la corde qui servira à conduire l’ouvrage, ou la couronne.

oo, Les chambres ou loges.

p, La tonnelle ou le tisonnier.

rr, Les lunettes ou arches à pots.

x, Les lunettes ou arches à cendrier.

tt, Les ouvreaux.

vu, Les siéges.

zzzz, Les murailles du four.

yyyy, La couronne.

F, La grille ; EABGD, figure intérieure de la voûte, ou l’on voit comment chaque rang de briques se joignent, & la figure qu’elles forment aux angles.

Lorsqu’on commence la voûte, il faut présenter une brique de voûte au point B ou C ou D, ou A; puis prendre la corde à la main & avancer le nœud h jusqu’à cette brique ; de maniere que son côté fasse angle droit avec elle ; & ainsi des autres briques en tous sens. Cet angle droit des briques avec la corde, & la longueur de la corde, déterminent si parfaitement la position des briques, qu’en se conformant à ces deux regles, on construira exactement la voûte, comme nous venons de l’indiquer. On finit par mettre la clé o, & l’on unit la voûte en-dedans en la raclant ; si l’on remplissoit les coins, la voûte deviendroit ronde ; ce qui se peut pratiquer.

Le four & les siéges étant achevés en-dedans, & les ouvreaux taillés, on commencera à construire les quatre arches à pots, sous les planchers desquelles on fait une petite voûte, avec une ouverture ; c’est-là qu’on fait sécher le sable. Tous ces ouvrages s’achevent avec la brique commune ; on n’a qu’à bien suivre le plan, & le suivre avec exactitude, il suffiroit à un mâçon habile pour travailler une verrerie, sans en avoir jamais vue.

Dans les verreries en bois, il y en a qui se servent de la charrée avec un peu de cendres fines : on n’en peut pas faire autant dans les verreries à charbon, parce que dans celles en bois, on tise toujours presque comme si l’on étoit en fonte, & c’est-là ce qui empêche le verre de venir ambité. Mais si dans les verreries à charbon, l’on tisoit pour garantir le verre de venir ambité, la poussiere du charbon tomberoit sur le verre ; elle le feroit bouillir, & les bouillons ou petites vessies occasionnées de cette maniere, gâteroient les marchandises ; & d’un autre côté, si l’on n’étoit pas assidu à tiser, le verre viendroit ambité. Car, comme il n’y a pas beaucoup de sel dans ces cendres, on n’y met pas beaucoup de sable ; ainsi il faut donner feu continuellement.

Ambité. Le verre est ambité, quand il est mol, quand il n’y a pas assez de sable ; alors il vient plein de petits boutons ; le corps du verre en est parsemé ; les marchandises qui s’en font sont comme pourries, & cassent facilement ; il faut alors le rafiner, & perdre à cette manœuvre du tems & du charbon.

Dans toute verrerie, soit en bois, soit en charbon ;