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Premiere espece, Tragoselinum majus umbellâ candidâ. Pit. Tourn.

Seconde espece, Tragoselinum minus. Pit. Tourn.

Ces plantes croissent aux lieux incultes, & en terre grasse ; elles contiennent beaucoup de sel essentiel & d’huile : la petite & la plus commune est la plus estimée dans la Medecine ; on employe la racine, les feuilles & la semence.

Elles sont apéritives, détersives, sudorifiques, vulnéraires, propres pour briser la pierre du rein & de la vessie, pour résister au venin & à la malignité des humeurs, pour lever les obstructions, pour exciter l’urine & les regles, étant prises en décoction, ou en poudre.

On l’appelle bouquetine, parce que les boucs en mangent. (N)

BOUCAN, s. m. les marchands de bois nomment ainsi une buche rompue par vétusté. Ce mot a encore un autre sens. Voyez l’art. suivant.

BOUCANIER, s. m. (Hist. mod.) est le nom que l’on donne dans les Indes occidentales à certains sauvages qui font fumer leur viande sur une grille de bois de Bresil placée à une certaine hauteur du feu, qu’on appelle boucan.

Delà vient qu’on appelle boucans les petites loges dans lesquelles ils font fumer leurs viandes, & l’action de les préparer boucaner.

On prétend que la viande ainsi boucanée plaît également aux yeux & au goût ; qu’elle exhale une odeur très-agréable ; qu’elle est d’une couleur vermeille, & qu’elle se conserve plusieurs mois dans cet état.

Oexmelin de qui nous tenons ces faits, ajoûte qu’il y a des habitans qui envoyent dans ces lieux leurs engagés lorsqu’ils sont malades, afin qu’en mangeant de la viande boucanée ils puissent recouvrer la santé.

Savary dit que les Espagnols, qui ont de grands établissemens dans l’île de Saint-Domingue, y ont aussi leurs boucaniers, qu’ils appellent matadores, ou monteros ; c’est-à-dire, chasseurs : les Anglois appellent les leurs cow-killers.

Il y a deux sortes de boucaniers ; les uns ne chassent qu’aux bœufs pour en avoir le cuir, & les autres aux sangliers pour se nourrir de leur chair.

Voici, suivant Oexmelin, la maniere dont ils font boucaner la viande : Lorsque les boucaniers sont revenus le soir de la chasse, chacun écorche le sanglier qu’il a apporté, & en ôte les os ; il coupe la chair par aiguillettes longues d’une brasse ou plus, selon qu’elles se trouvent. Ils la mettent sur des tables, la saupondrent de sel fort menu, & la laissent ainsi jusqu’au lendemain, quelquefois moins, selon qu’elle prend plus ou moins vîte son sel. Après ils la mettent au boucan, qui consiste en vingt ou trente bâtons gros comme le poignet, & longs de sept à huit piés, rangés sur des travers environ à demi-pié l’un de l’autre. On y met la viande, & on fait force fumée dessous, où les boucaniers brûlent pour cela les peaux des sangliers qu’ils tuent, avec leurs ossemens, afin de faire une fumée plus épaisse. Cela vaut mieux que du bois seul ; car le sel volatil qui est contenu dans la peau & dans les os de ces animaux, vient s’y attacher, & donne à cette viande un goût si excellent qu’on peut la manger au sortir de ce boucan sans la faire cuire, quelque délicat qu’on soit.

* L’équipage des boucaniers, selon le même auteur, est une meute de vingt-cinq à trente chiens, avec un bon fusil, dont la monture est différente des fusils ordinaires, & qu’on nomme fusils de boucaniers. Leur poudre qui est excellente, & qu’ils tirent de Cherbourg, se nomme aussi poudre de boucaniers. Ils sont ordinairement deux ensemble, & s’appellent l’un l’autre matelot. Ils ont des valets qu’ils appellent engagés,

qu’ils obligent à les servir pour trois ans, & auxquels, ce terme expiré, ils donnent pour récompense un fusil, deux livres de poudre, & six livres de plomb, & qu’ils prennent quelquefois pour camarades. En certaines occasions ces boucaniers se joignent aux troupes réglées dans les colonies, & servent aux expéditions militaires ; car il y en a parmi toutes les nations européennes qui ont des établissemens en Amérique. (G)

* BOUCASSIN, s. m. (Commerce.) nom que l’on donnoit autrefois à certaines toiles gommées, calendrées, & teintes de diverses couleurs. Il y a des boucassins de Smyrne, ou des toiles apprêtées & empesées avec de la colle de farine. On les peint en indiennes ; & l’on donne l’épithete de boucassine à toutes les toiles préparées en boucassin.

BOUCAUT, s. m. (Marine.) on donne quelquefois ce nom à certaines embouchures de rivieres, soit à la mer ou dans des lacs. Ce nom est en usage à la côte de Maroc & de Biscaye. (Z)

Boucaut, s. m. (Commerce.) moyen tonneau ou vaisseau de bois qui sert à renfermer diverses sortes de marchandises, particulierement du girofle, de la muscade, de la morue, &c.

On se sert aussi de boucauts pour le vin, & autres liqueurs.

Quelquefois le boucaut se prend pour la chose qui y est contenue : ainsi l’on dit un boucaut de girofle, un boucaut de vin, &c. (G)

* BOUCHAGE, s. m. c’est dans les grosses forges, une certaine quantité de terre détrempée & pétrie, dont on se sert pour fermer la coulée. Voyez Coulée. Ainsi faire le bouchage, c’est détremper & pétrir cette terre. Voyez grosses Forges.

BOUCHAIN, (Géog.) ville forte des Pays-Bas dans le Hainaut, à trois lieues de Valenciennes & de Cambray. Long. 20. 58. lat. 50. 17.

BOUCHARDE, s. f. (terme de Sculpture.) est un outil de fer, de bon acier par le bas, & fait en plusieurs pointes de diamant, fortes & pointues de court. Les sculpteurs en marbre s’en servent pour faire un trou d’égale largeur, ce qu’ils ne pourroient faire avec des outils tranchans. On frappe sur la boucharde avec la masse, & ses pointes meurtrissent le marbre, & le mettent en poudre ; & il en sort par le moyen de l’eau que l’on jette de tems en tems dans le trou, de peur que l’outil ne s’échauffe, & ne perde sa trempe. C’est par la même raison que l’on mouille les grais sur lesquels on affûte les outils, qui se détremperoient si on les frottoit dessus le grais à sec. Cela se fait aussi pour empêcher que la pierre ne s’engraisse, & que le mer n’entre & ne se mette dans les pores du grais.

Lorsqu’on travaille avec la boucharde, on prend un morceau de cuir percé, au travers duquel on la fait passer. Ce morceau de cuir monte & descend aisément, & empêche qu’en frappant sur la boucharde l’eau ne réjaillisse au visage de celui qui travaille. Voyez Plan. I. fig. 2. à côté de laquelle on voit le plan marqué (A).

BOUCHART, (Géog.) île & ville de France en Touraine, sur la Vienne, à sept lieues de Tours.

BOUCHE, s. f. en Anatomie, est une partie du visage composée des levres, des gencives, du dedans des joues, & du palais. Voyez Face, Levres, &c.

Toutes ces parties sont tapissées d’une tunique glanduleuse qui se continue sur toute la surface interne de la joue, & sur toutes ses parties excepté les dents.

Les glandes de cette tunique séparent une sorte de salive qui coule par une infinité de petits conduits excrétoires, & sert à entretenir dans la bouche & dans