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Haler sur les boulines, c’est-à-dire, tirer & bander sur les boulines, afin que le vent donne mieux dans la voile pour courir près du vent. Voyez Haler.

Hale bouline, voyez Hale.

Avoir les boulines halées, c’est les avoir roides afin de bien tenir le vent.

Vent de bouline, c’est un vent qui est éloigné du lieu de la route de cinq aires de vent, & qui par son biaisement fait que le vaisseau penche sur le côté ; ainsi la route étant nord, le nord-est, quart-d’est, & le nord ouest quart-d’ouest sont les vents de bouline.

Aller à la bouline, c’est se servir d’un vent qui semble contraire à la route, & le prendre de biais en mettant les voiles de côté ; ce que l’on fait par le moyen des boulines. On va aussi vîte & plus vîte à la bouline, qu’en faisant vent arriere ; car en boulinant on porte toutes ses voiles, ce qui ne se fait pas de vent arriere. Quelque fort que soit le vent, on ne laisse pas d’aller à la bouline, pourvû qu’on porte moins de voiles, & qu’il n’y ait pas un orage violent.

A la bouline, terme de commandement pour prendre le vent de côté.

Aller à grasse bouline, ou à bouline grasse, c’est se servir d’un vent compris entre le vent de bouline & le vent largue, & cet air de vent doit être éloigné de la route par un intervalle de six à sept rumbs de vent ou pointes de compas. Ainsi pour aller à grasse bouline, il ne faut pas serrer le vent : par exemple, si la route étoit nord, le nord-est quart-d’est seroit le vent de bouline, & l’est nord-est seroit le vent de grasse bouline.

Franche bouline, c’est pincer le vent, & aller au plus près. Voyez Près & Plein.

Faire courre la bouline, c’est un châtiment qu’on fait sur les vaisseaux pour punir les malfaiteurs ; & pour cet effet l’équipage est rangé en deux haies de l’avant à l’arriere du vaisseau, chacun une garcette ou une corde à la main ; & le coupable étant lié, & n’ayant pour vêtement qu’un caleçon mince, suit une corde, & passe deux ou trois fois entre ces deux haies d’hommes, qui donnent chacun un coup à chaque fois qu’il passe. (Z)

BOULINS, s. m. pl. en Jardinage, pieces de bois posées horisontalement & scellées par un bout dans les murs, & par l’autre bout attachées avec des cordages à d’autres pieces de bois posées à plomb, sur lesquelles on met des planches pour échafauder une face de bâtiment. Nous appellons en François trous de boulins, les trous qui restent des échaffaudages, & Vitruve les nomme columbaria. (P)

Boulins (Œconom. rust.) c’est ainsi qu’on appelle à la campagne les logettes qui occupent les parois d’un colombier, & qui forment la demeure ou les nids des pigeons. Voyez Colombier.

BOULINER, v. n. (Marine.) c’est prendre le vent de côté. Voyez Aller à la Bouline. (Z)

BOULINGRIN, en Jardinage, est une espece de parterre de pieces de gason découpées, avec bordures en glacis & arbres verds à ses encognures & autres endroits : on en tond quatre fois l’année le gason, pour le rendre plus velouté. L’invention de ce parterre est venu d’Angleterre, aussi bien que son nom qui a été fait de boule, qui signifie rond, & de green, verd pré ou gason. (P)

Il y a des boulingrins simples ; il y en a de composés.

Les simples sont tout de gason, sans aucun autre ornement.

Les composés sont coupés en compartimens de gason, mêlés de broderie, avec des sentiers, des plates-bandes, des ifs & arbrisseaux de fleurs.

Les sables de différentes couleurs ne contribuent pas peu à les faire valoir.

Il ne faut point trop renfoncer les boulingrins : on

donne un pié & demi de profondeur dans les petits,

& deux piés dans les plus grands. Six à sept piés de long suffisent pour la longueur des talus ; on peut aller jusqu’à huit à neuf piés pour les plus grands.

Le boulingrin représenté dans la Pl. V. est situé dans un bosquet, dont il forme une salle où l’on entre par les quatre milieux ; il est accompagné de chaque côté d’une rangée de caisses & de pots ; & à un des bouts d’un bassin entouré d’une rangée de tilleuls taillés en boules : quatre bancs s’enfilent & terminent les deux allées latérales vers la palissade : le fond du boulingrin est sablé de sable jaune ou rouge, & comparti dans une piece de gason avec des enroulemens dans les angles : on voit à sa tête un fleuron de broderie pour varier avec le reste ; & quatre vases sont posés dans les échancrures du haut.

On trouvera la maniere de tracer ce boulingrin à l’article Tracer. (K)

BOULINIER, s. m. (Marine.) vaisseau qui est bon boulinier, méchant boulinier ; c’est-à-dire, qu’il va bien ou mal lorsque les boulines sont halées. (Z)

BOULOGNE en Picardie, voyez ci-dessus Bologne.

BOULOIR, instrument de Mégissier, c’est un long bâton emmanché dans une espece de masse de bois dont ces ouvriers se servent pour délayer la chaux qu’ils mettent dans les pelins. Voyez la fig. 4. Pl. du Mégissier.

Bouloir, en terme d’Orfevre en grosserie, c’est un vase de cuivre rouge oblong avec une queue, dans lequel on déroche les pieces. Voyez Pl. II. fig. 3. Le même vaisseau est à l’usage des Monnoyeurs.

BOULON ou GOUGEON, s. m. dans une poulie, est le petit axe placé dans le centre de la poulie, qui unit la chape à la poulie, & sur lequel la poulie tourne. Voyez Poulie (O)

* On donne en général ce nom à tout morceau de fer qui dans une machine, quelle qu’elle soit, fait la même fonction. Les articles suivans en seront des exemples.

Boulons ; les Imprimeurs nomment ainsi les deux chevilles de fer qui traversent le sommier & le chapiteau d’une presse : ces chevilles de dix-huit pouces de long, sur trois pouces de diametre, sont terminées d’un bout par une tête ronde applatie, & de l’autre elles sont percées en long pour recevoir une large clavette. L’office de ces boulons est en les serrant ou desserrant, de faire monter ou descendre le sommier.

Boulon, terme de Plombier, c’est un morceau de cuivre ou de fer long & rond, qui sert de noyau au moule dans lequel les Plombiers coulent les tuyaux de plomb sans soudure. Voyez Moule des Plombiers, & la fig. P. Pl. II. du Plombier.

Boulon, est une grosse cheville de fer qui a une tête ronde ou quarrée, & qui est percée par l’autre bout & arrêtée par une clavette, pour retenir un tirant ou autre piece d’une machine. On en met aussi dessous les robinets, pour empêcher qu’ils ne soient levés par la force de l’eau. (K)

Boulon, (Serrurerie.) soit rond, soit quarré, c’est un morceau de fer dont la tête est ronde ou quarrée, & dont l’autre extrémité est tarodée & peut se recevoir dans un écrou, ou bien est percée, & peut recevoir une clavette. Son usage est de lier les pieces de bois ou de fer les unes avec les autres, & de les tenir fortement assemblées.

Il y a des boulons d’escalier : ce sont ceux qui passent à travers les limons de l’escalier, & qui vont se rendre dans les murs, pour empêcher l’écartement des marches, & leur séparation des murs. Ils se font de différentes façons ; il y en a à moufles : ils sont composés de deux parties, dont l’une est arrêtée dans les murs ou cloisons de la cache de l’escalier, l’autre