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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/557

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mois, qui étoient alternativement de trente-un & de trente jours : elle commençoit le premier de Mars ; & Romulus croyoit qu’au moyen de cette distribution l’année recommençoit toûjours au printems ; s’imaginant que le soleil parcouroit toutes les saisons dans l’espace de trois cents quatre jours ; au lieu qu’en effet il s’en falloit soixante-un jours que cette année ne s’accordât avec la vraie année solaire.

Le calendrier de Romulus fut réformé par Numa, qui y ajoûta deux mois de plus, Janvier & Février, qu’il plaça avant le mois de Mars : de plus Numa ordonna que le mois de Janvier auroit vingt-neuf jours, Février vingt-huit, & les autres mois alternativement trente-un & vingt-neuf, excepté Août & Septembre, qui en avoient vingt-neuf chacun ; de maniere que l’année de Numa consistoit en trois cents cinquante-cinq jours, & commençoit au premier de Janvier : il s’en falloit dix jours par an, & quarante-un jours au bout de quatre ans, que cette année ne s’accordât avec le cours du soleil ; & l’année Greque lunaire qui étoit de trois cents cinquante-quatre jours, donnoit en quatre ans quarante-cinq jours d’erreur. Cependant Numa, à l’imitation des Grecs, aima mieux faire une intercalation de quarante-cinq jours, qu’il divisa en deux parties, intercalant un mois de vingt-deux jours à la fin de chaque deuxieme année, & à la fin de deux autres années suivantes un autre mois de vingt-trois jours. Il appella ce mois ainsi interposé, le Macédonien ou le Février intercalaire.

On ne fut pas long-tems sans s’appercevoir du défaut de cette intercalation, & on y ordonna une réforme. Voyez An.

Mais cette réforme étant mal observée par les pontifes auxquels Numa en confia le soin, occasionna de grands desordres dans la constitution de l’année.

César, en qualité de souverain pontife, tâcha d’y remédier : dans cette vûe il s’adressa à Sosigenes, célebre astronome de son tems : cet astronome trouva que la distribution du tems dans le calendrier ne pourroit jamais être établie sur un pié bien sûr, sans avoir auparavant observé avec beaucoup de soin le cours annuel du soleil : & comme le cours annuel du soleil ne s’acheve qu’en trois cents soixante-cinq jours six heures, il réduisit l’année à ce même nombre de jours. L’année de cette correction du calendrier fut une année de confusion ; car on fut obligé, afin d’absorber l’erreur de soixante-sept jours dans laquelle on étoit tombé, & qui étoit cause de la confusion, d’ajoûter deux mois outre le Macédonien, qui se trouvoit avoir lieu dans cette même année ; de maniere qu’elle fut composée de quinze mois, ou de quatre cents quarante-cinq jours. Cette réformation se fit l’an de Rome 708, quarante-deux ou quarante-trois ans avant J. C.

Le calendrier Romain, que l’on appelle aussi calendrier Julien, du nom de Jule Cesar son réformateur, est disposé en périodes de quatre années ; les trois premieres années, qu’on appelle communes, ont trois cents soixante-cinq jours ; & la quatrieme, nommée bissextile, en a trois cents soixante-six, à cause des six heures qui dans l’espace de quatre ans composent un jour. Il s’en faut à la vérité quelque chose ; en effet, après un espace de cent trente-quatre ans, il faut retrancher un jour intercalaire. Ce fut pour cette raison que le pape Grégoire XIII. suivant les conseils de Clavius & de Ciaconius, ordonna que la centieme année de chaque siecle ne seroit point bissextile, excepté celle de chaque quatrieme siecle ; c’est-à-dire, que l’on feroit une soustraction de trois jours bissextiles dans l’espace de quatre siecles, à cause des onze minutes qui manquent dans les six heures dont la bissextile est composée. Voyez Bissextile.

La réformation du calendrier, ou le nouveau style, ainsi qu’on l’appelle en Angleterre, commença le quatrieme Octobre 1582, où l’on retrancha tout-d’un-coup dix jours qui, faute d’avoir tenu compte des onze minutes, s’étoient introduits dans le comput depuis le concile de Nicée en 325 ; ce concile avoit fixé l’équinoxe paschal au 21 de Mars.

Le calendrier Julien des Chrétiens est celui dans lequel les jours de la semaine sont déterminés par les lettres A, B, C, D, E, F, G, au moyen du cycle solaire ; & les nouvelles & pleines lunes, particulierement la pleine lune de Pâque, avec la fête de Pâque & les autres fêtes mobiles qui en dépendent, par celui des nombres d’or, disposés comme il faut dans tout l’espace de l’année Julienne. Voyez Nombre d’or & Cycle solaire.

On suppose dans ce calendrier que l’équinoxe de printems est fixé au vingt-unieme de Mars (V. Equinoxe), & que le cycle de dix-neuf ans, ou les nombres d’or, indiquent constamment les lieux des nouvelles & pleines lunes : cependant l’une & l’autre de ces suppositions est erronée. (Voyez Cycle.) Aussi cette erreur fit naître une fort grande irrégularité dans le tems de la Pâque.

Pour démontrer cette erreur d’une maniere plus évidente, appliquons cette méthode de comput à l’anné 1715, où l’équinoxe du printems tomboit au 10 de Mars, suivant le vieux style, & au 21 suivant le nouveau : la vraie pleine lune d’après l’équinoxe tomboit au 7 d’Avril ; ainsi c’étoit trois jours trop tard par rapport au cycle lunaire ou nombre d’or, qui donnoit cette année la pleine lune paschale le 10 d’Avril : or le 10 d’Avril se trouvant un dimanche, la Pâque doit être remise au 17 suivant la regle ; ainsi la Pâque qui devroit être le dixieme d’Avril, ne seroit que le dix-septieme. L’erreur consiste ici dans la post-position de la pleine lune ; ce qui vient du défaut du cycle lunaire : si la pleine lune eût tombé le onzieme de Mars, Pâque auroit tombé le treizieme du même mois ; ainsi l’erreur qui vient de l’anticipation de l’équinoxe, auroit excessivement augmenté celle qui procede de la post-position. Voyez Métemptose.

Ces erreurs étoient si multipliées par la succession du tems, que Pâque n’avoit plus aucune régularité dans le calendrier. Ainsi le pape Grégoire XIII. en 1582 retrancha dix jours du mois d’Octobre, pour rétablir l’équinoxe dans sa vraie place, c’est-à-dire, au vingt-unieme de Mars. Il introduisit de cette maniere la forme de l’année Grégorienne, ordonnant que l’on prendroit toûjours l’équinoxe au vingt-unieme Mars. Ce pape déclara qu’on n’indiqueroit plus les nouvelles & pleines lunes par les nombres d’or, mais par les épactes. Voyez Epacte. Cependant on suit encore aujourd’hui (en 1749) l’ancien calendrier en Angleterre sans cette correction ; & c’est ce qui cause une différence de onze jours entre le comput des Anglois & celui de la plûpart des autres nations de l’Europe.

Le calendrier Grégorien est donc celui qui détermine les nouvelles & pleines lunes, le tems de la Pâque, avec les fêtes mobiles qui en dépendent dans l’année Grégorienne, par le moyen des épactes disposées dans les différens mois de l’année.

C’est pourquoi le calendrier Grégorien est différent du calendrier Julien ; 1o. par la forme de l’année (Voy. An) ; 2o. par les épactes qui ont été substituées au lieu des nombres d’or : quant à leur usage & à leur disposition, voyez Epacte.

Quoique le calendrier Grégorien soit préférable au calendrier Julien, il n’est pas cependant sans défaut : peut-être n’est-il pas possible, ainsi que le conjecturent Cassini & Tycho-Brahé, de porter ce comput à une justesse qui ne laisse rien à desirer ; car premierement