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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 3.djvu/245

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tout, qui ne sont plus guere en usage, à recevoir la queue de la lame, tandis que la lame est reçûe dans un tas fendu à sa partie supérieure & presque sur toute sa longueur. On frappe sur la chasse ; la chasse appuie sur l’endroit fort qu’on a ménagé avec le marteau, ou morceau d’acier ou d’étoffe qui doit faire la lame ; cet endroit fort se trouve comprimé entre la chasse & le tas, & forcé de s’étendre en partie, & de prendre la forme en relief & de la mitre qu’on a ménagée en creux dans le tas, & de cette ovale qui sépare la lame de la queue, & qui s’applique sur le bout du manche, quand la lame est montée.

Chasse, (Lunettier.) Les lunettiers appellent ainsi la monture d’une lunette dans laquelle les verres sont enchassés. Cette chasse est de corne, d’écaille, &c. ou de quelque métal élastique, c’est-à-dire bien écrouï ; elle a la forme de la lettre g minuscule. Voyez la fig. 5. Pl. du Lunettier.

Il y en a de brisées en C, c’est-à-dire à charniere, ensorte que les deux verres ou yeux AB, qui tiennent à rainure dans les anneaux de la chasse, peuvent se rapprocher & se placer l’un sur l’autre, pour entrer dans un étui commun ; au lieu que pour celles qui ne ployent point, il faut un étui à deux cercles pour y placer les deux verres. La chasse se place sur le nez, comme tout le monde sait, ensorte que les verres AB soient devant les yeux, auxquels ils doivent être exactement paralleles, pour que l’on puisse voir les objets au-travers avec le plus d’avantage qu’il est possible. Ces verres sont plus ou moins convexes ou concaves, selon que le besoin de la personne qui s’en sert l’exige.

Chasse, cheval de chasse, est un cheval d’une taille légere, qui a de la vîtesse, & dont on se sert pour chasser avec des chiens courans. Les chevaux anglois sont en réputation pour cet usage. Un cheval étroit de boyau peut être bon pour la chasse, mais il ne vaut rien pour le carrosse. (V)

* Chasse, s. f. terme très-usité en Méchanique, & appliqué à un grand nombre de machines, dans lesquelles il signifie presque toûjours un espace libre qu’il faut accorder soit à la machine entiere, soit à quelqu’une de ses parties, pour en augmenter, ou du moins faciliter l’action. Trop ou trop peu de chasse nuit à l’action : c’est à l’expérience à déterminer la juste quantité. Voici un exemple simple de ce qu’on entend par chasse. La chasse, dans la scie à scier du marbre, est la quantité précise dont cette scie doit être plus longue que le marbre à scier, pour que toute l’action du scieur soit employée sans lui donner un poids de scie superflu qu’il tireroit, & qui ne seroit point appliqué si la chasse étoit trop longue : il est évident que dans ce cas la longueur des bras de l’ouvrier permettra plus de chasse. La chasse ordinaire est depuis un pié jusqu’à dix-huit pouces.

Chasse, s. f. (Jeu.) c’est au jeu de paume la distance qu’il y a entre le mur du côté où l’on sert, & l’endroit où tombe la balle du second bond. Cette distance se mesure par les carreaux : quand la chasse est petite, on dit une chasse à deux, à trois carreaux & demi, &c. C’est au garçon à examiner, annoncer & marquer fidélement les chasses. Ce garçon en est appellé le marqueur. Voyez l’article Paume.

Chasse, en terme d’Orfévre, c’est la partie de la boucle où est le bouton.

Chasse de parcs, terme de Pêche ; c’est une grande tenture de filets montée sur piquets, qui sert a conduire le poisson dans le parc, d’où il ne peut plus ressortir. Voyez Parcs, dont la chasse fait partie.

Chasse quarrée, c’est proprement une espece de marteau à deux têtes quarrées, dont l’une est acerée, & l’autre ne l’est point.

L’usage de la chasse n’est pas de forger, mais de

former, après que le forgeron a enlevé un tenon ou autre piece où il y a épaulement, l’angle de l’empaulement : pour cet effet on pose la chasse bien d’aplomb sur le tenon ou la piece, à l’endroit de l’épaulement commencé au marteau, & l’on frappe sur la tête non acerée de la chasse avec un autre marteau ; ce qui donne lieu à la tête acerée de rendre l’angle de l’épaulement plus vif, & épargne à l’ouvrier bien des coups de lime.

Chasse à biseau, c’est le même outil & de la même forme, à cela près que la tête acerée est en pente ; cette pente continuée rencontreroit le manche. Son usage est de refouler fortement les épaulemens, sur-tout dans les occasions où les angles de l’épaulement sont aigus.

Chasse des Raffineurs de sucre ; c’est le même outil que le chassoire des Tonneliers, & ils l’employent sur leurs formes au même usage que ces ouvriers sur les cuviers, tonneaux, & autres vaisseaux qu’ils relient. Voyez Chassoire. Il n’y a de différence entre la chasse des Raffineurs, & le chassoire des Tonneliers, que le chassoire des Tonneliers est à-peu-près de même grosseur par-tout, & qu’il sert sur l’un & l’autre bout indistinctement ; au lieu que celui des Raffineurs ne sert à chasser que par un bout qui s’applique sur le cercle ; l’autre est formé en une tête ronde sur laquelle on frappe avec le marteau : ainsi celui-ci est beaucoup plus long que l’autre.

Chasse, s. f. chez les Tisserands, les Drapiers, & autres, est une partie du métier du Tisserand, qui est suspendue par en-haut à une barre appellée le porte-chasse, qui est appuyée sur les deux traverses latérales du haut du métier, & au bas de laquelle est attaché le rost ou peigne dans lequel sont passés les fils de la chaîne. C’est avec la chasse que le Tisserand frappe les fils de la trame pour les serrer, chaque fois qu’il a passé la navette entre les fils de la chaîne.

La chasse est composée de trois parties ou pieces de bois dont deux sont perpendiculaires, & sont appellées les épées de la chasse ; la troisieme est horisontale, & composée de deux barres de bois écartées l’une de l’autre de la hauteur du rot, & garnies chacune d’une rainure dans laquelle on arrête le rot : ces deux barres sont percées par les deux bouts, & les épées entrent dans ces ouvertures. La barre qui est la plus basse, & qui soûtient le rot, s’appelle le sommier ; l’autre qui appuie sur le rot, s’appelle le chapeau de la chasse : cette barre est arrondie par le haut, & est garnie dans son milieu d’une main ou poignée de bois : c’est avec cette poignée que l’ouvrier tire la chasse pour frapper sa trame. Voyez les art. Drapier, Tisserand, &c. & l’article Battant.

* Chasse, (Verr.) légere maçonnerie attachée d’un côté au corps du four, & dont une autre partie est soûtenue en l’air par une barre de fer circulaire, éloignée d’environ deux pouces du grand ouvreau, & destinée à garantir l’ouvrier de la trop grande ardeur du feu.

Chasse-avant, s. m. (Art méch.) on donne ce nom généralement à tous ceux qui sont commis à la conduite des grands ouvrages, & qui tiennent registre des heures de travail employées & perdues par les ouvriers. Il y en a dans les grands atteliers de Serrurerie, dans les endroits où l’on construit de grands édifices, dans les manufactures très-nombreuses ; mais ils prennent alors différens noms.

Chasse-fleurée, s. f. (Teint.) planche de bois quarrée, oblongue, & percée dans son milieu d’un trou où l’on a passé une corde ; cette planche sert à écarter de dessus la cuve l’écume ou fleurée, afin que les étoffes, auxquelles elle s’attacheroit sans cette précaution, n’en soient ni atteintes ni tachées,