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opération qu’on appelle le tirage, cette substance animale appellée soie, que nous employons à tant d’ouvrages précieux. Voyez Soie & Ver-à-Soie. On distingue des cocons bons, des mauvais cocons ; des cocons fins, des doubles, des satinés ou veloutés, des ronds, des pointus. Voyez Soie, Tirage de soie.

COCOS (Isle des), Géog. mod. île de l’Amérique méridionale dans la mer Pacifique. Il y a encore une île de ce nom dans la mer d’Afrique près de l’île de Madagascar, & une troisieme dans la mer d’Asie près de l’ile de Sumatra.

COCQ. Voyez Coq.

CO-CREANCIERS, s. m. pl. (Jurisprud.) sont ceux qui sont conjointement créanciers des mêmes personnes, & en vertu d’un même titre. Pour que chacun d’eux soit créancier solidaire de la totalité de la dette, il faut que cela soit exprimé dans l’acte, autrement la dette se divise de plein droit entre les co-créanciers, & chacun d’eux n’en peut exiger que sa part. Il est parlé des co-créanciers & des co-débiteurs dans plusieurs textes de Droit, où les premiers sont appellés correi-stipulandi, & les autres correi-promittendi. Voyez au code, liv. IV. tit. ij. l. ix. & aux institutes, liv. III. tit. xvj. de duobus reis stipulandi & promittendi. (A)

* COCS ou COCAGNES, s. m. (Commerce.) c’est le nom qu’on donne aux petits pains de pâte de pastel ; ils sont du poids de vingt-quatre onces, pour peser étant secs de livre ; les réglemens ordonnent qu’ils ne soient ni plus forts ni plus foibles. Voyez à l’art. Pastel, la maniere de faire les cocs ou cocagnes ; voyez aussi les réglemens génér. & part. des Manufact. pag. 190 & suiv. tom. III.

COCTION, s. f. l’action de cuire ; ce terme a différentes acceptions : on dit la coction des humeurs ; celle des alimens, &c. Voyez les articles suivans.

Coction, (Medecine.) ce terme a été transmis de la théorie des anciens medecins à celle des modernes, pour signifier la même chose quant à l’effet, mais non pas absolument quant à la cause ; c’est-à-dire, pour exprimer l’altération utile à l’œconomie animale qu’éprouvent les matieres nourrissantes & les humeurs dans les différentes parties du corps humain.

Les anciens attribuoient cet effet à ce qu’ils appelloient calidum innatum, le chaud inné, dont Galien établissoit le principal foyer dans le cœur ; ils composoient le chaud inné de l’action du feu unie à l’humide radical, sans en connoître mieux la nature. Un illustre parmi ceux qui ont écrit sur ce sujet, Montanus, avoue ingénuement, qu’après s’être crû pendant long tems un grand docteur, il étoit parvenu à un âge très-avancé sans avoir rien entendu à ce que c’est que la chaleur innée ; elle étoit cependant regardée comme le premier mobile de l’action de tous les organes, & on croyoit par cette raison que l’activité de ces organes doit être proportionnée à la chaleur naturelle de l’animal, comme un effet doit être proportionné à sa cause ; en un mot la chaleur étoit, selon les anciens, le principe de la vie. Voyez Chaleur animale.

C’est d’après cette idée qu’ils ont donné le nom de coction, à coquendo, à toutes les élaborations opérées dans le corps humain, soit en santé soit en maladie, parce qu’ils ne reconnoissoient pas d’autre cause efficiente de ces élaborations que l’action du feu, dont les parties élémentaires pénetrent tous les corps. Ils entendoient par coction en général, tout changement produit dans une substance par la force de la chaleur, qui rend cette substance d’une nature plus parfaite : ils admettoient trois especes de coction, savoir, la maturation, l’assation, & l’élixation ; c’est à cette derniere espece qu’ils rapportoient toute

coction, qui se fait naturellement dans le corps humain, parce qu’il ne s’en opere aucune sans le concours du chaud & de l’humide.

Ils faisoient consister la principale coction animale dans l’assimilation des sucs alimentaires, produite par chacune des parties qui les reçoit ; ensorte qu’ils acquierent par cette opération toutes les qualités nécessaires pour entrer dans leur composition. Ils distinguoient la coction de la nutrition, en ce que par celle-ci les sucs nourriciers sont attirés & unis à la partie, en réparant ou en augmentant sa substance, au lieu que par celle-là ils acquierent la disposition nécessaire pour cet usage. Ils établissoient trois sortes de concoctions de ce genre dans l’œconomie animale ; savoir, la chylification, la sanguification, & l’élaboration de toutes les humeurs nourricieres & récrémenticielles ; & comme la matiere de ces différentes coctions est toûjours hétérogene, ils leur attribuoient un double effet, c’est-à-dire qu’ils en faisoient dépendre aussi la séparation des parties qui ne sont pas susceptibles d’être converties en bons sucs : ainsi les matieres fécales sont les excrémens de la premiere coction, parce qu’ils sont le résidu grossier des alimens qui n’ont pû être convertis en chyle ; pendant que celui-ci se change en sang, il s’en sépare aussi des parties hétérogenes qui forment le fiel & l’urine ; ce sont-là les excrémens de la seconde coction : & ceux de la troisieme, c’est-à-dire de celle qui perfectionne les humeurs utiles que fournit le sang, en les faisant passer par différens degrés d’élaboration, sont principalement la crasse de la peau & la matiere de la transpiration sensible & insensible. Voyez Chylification, Sanguification, Secrétions.

Ces différentes coctions ainsi conçues dans le sens des anciens, telles qu’ils pensoient qu’elles s’operent dans l’état de santé, concourent toutes à la conservation de la vie saine lorsqu’elles se font convenablement aux lois de l’œconomie animale : c’est à l’effet qui en résulte qu’ils ont donné le nom de πέψις, pepsie, & celui de ἀπεψία, apepsie, crudité, par opposition à ces mêmes coctions lorsqu’elles sont viciées & qu’elles se font d’une maniere contraire à l’état naturel, ensorte qu’il en résulte un effet tout différent ; ils attribuoient ces défauts de coction principalement au défaut de chaleur innée, qu’ils regardoient, ainsi qu’il a été dit ci-devant, comme la cause efficiente de toute digestion.

C’est dans cette idée qu’ils appelloient crud, en fait d’humeurs alimentaires & autres, tout ce qui n’a pas acquis les degrés de perfection qu’il doit avoir par rapport aux qualités & au tempérament propres dans l’état de santé, & tout ce qui n’est pas susceptible d’acquérir cette perfection.

Toute matiere crue contenue dans les differentes parties du corps humain, étoit traitée par les anciens comme peccante, parce qu’elle étoit regardée comme y etant étrangere & comme n’ayant pas acquis la disposition qui la doit rendre utile à l’œconomie animale ; c’est cette matiere peccante qu’ils voyoient dans toutes les maladies, dont ils composoient l’humeur morbifique, à laquelle ils attribuoient plus ou moins les desordres de l’œconomie animale, selon qu’elle leur paroissoit plus ou moins abondante, plus ou moins nuisible au principe vital.

Et comme ils s’appercevoient que plusieurs maladies se terminoient d’une maniere salutaire, sans aucun secours, par de copieuses évacuations, ils s’imaginerent que le même agent qui convertit les alimens en bons sucs pour la conservation de l’animal, pouvoit bien être aussi l’auteur des opérations qui changent les qualités des humeurs viciées, dont l’effet tend à sa destruction ; ensorte que ne pouvant pas leur en donner d’assez bonnes pour les convertir en