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l’idée des anciens, est fort dithyrambique ». Cette plaisanterie est placée, car les anciens dithyrambes étoient encore plus obscurs, plus empoulés, & d’une composition plus extraordinaire que ces vers de Baïf. (G)

DITHYRAMBIQUE, adj. (Belles Lettres.) ce qui appartient au dithyrambe. Voyez Dithyrambe. On dit vers dithyrambique, poëte dithyrambique, style & feu ou enthousiasme dithyrambique. Un mot composé & dithyrambique a quelquefois sa beauté, ainsi que l’observe M. Dacier ; mais ce ne peut guere être que dans les langues greque & latine ; les modernes sont ennemies de ces compositions hardies qui réussissoient si bien autrefois. Quelques-uns appellent dithyrambiques des pieces faites dans le goût de l’ode, qui ne sont point distinguées par strophes, & qui sont composées de plusieurs sortes de vers indifféremment ; mais ce méchanisme ne constituoit pas uniquement chez les anciens la poésie dithyrambique, il n’en faisoit que la moindre partie.

La poésie dithyrambique née, comme nous l’avons déja dit, de la débauche & de la joie, n’admettoit d’autres regles que les saillies, ou pour mieux dire les écarts d’une imagination échauffée par le vin. Les regles n’y sont pourtant pas totalement négligées, mais elles-mêmes doivent être conduites avec art pour modérer ces saillies qui plaisent à l’imagination ; & l’on pourroit en ce sens appliquer aux vers dithyrambiques, ce qu’un de nos poëtes a dit de l’ode :

Son style impétueux souvent marche au hasard,
Chez elle un beau desordre est un effet de l’art.

Boil. art. poét. ch. ij.


Voyez Pindarique. (G)

DITO, (Commerce.) terme usité parmi les négocians. Il signifie dit, dudit, ou du susdit : dans les écritures des marchands on abrege souvent ce mot en écrivant . par exemple, 25 D°. pour dire 25 dit, ou 25 dudit, ou 25 du susdit mois.

Quand sur un livre ou une facture, & c. on couche un article d’une piece de serge ou d’autre marchandise, & que l’on met en abrégé dito par , cela doit s’entendre que la serge ou autre marchandise comprise en cet article, est de la même qualité ou couleur que celle dont il a été parlé dans l’article précédent, en sorte que dito en ce dernier sens signifie, de même que ci-dessus, ou comme est ci-dessus dit.

Quelques négocians se servent encore, mais plus rarement, des termes de dette ou dito dans le même sens. Dictionn. de Commerce, de Trév. & de Chambers. (G)

DITON, s. m. est dans l’ancienne Musique, un intervalle composé de deux tons, une tierce-majeure ; voyez Tierce. (S)

DIU, (Géogr. Mod.) ville du royaume de Guzarate aux Indes, dans une île de même nom. Long. 86. 20. lat. 21. 45.

DIVALES, adj. f. pris subst. (Hist. anc. Myth.) divalia, nom de fête qui se célébroit chez les anciens le 21 de Décembre, à l’honneur de la déesse Angeronne, & qui les a fait encore appeller angéronales ; voyez Angéronales.

La fête des divales fut établie à l’occasion d’une maladie qui faisoit mourir les hommes & les animaux. Cette maladie étoit une espece d’esquinancie ou d’enflure de gorge qu’on appelle en latin angina, d’où les divales furent nommées angéronales, comme Macrobe nous l’apprend. Liv. I. Saturn. c. xij

Ce jour-là les pontifes faisoient un sacrifice dans le temple de Volupia ou de la déesse du Plaisir & de la Joie, qui étoit la même qu’Angéronne, & qui

chassoit toutes les angoisses & les chagrins de la vie Dict. de Trév. & Chambers. (G)

DIVAN, s. m. (Hist. mod.) mot arabe qui veut dire estrade, ou sopha en langue turque ; ordinairement c’est la chambre du conseil ou tribunal où on rend la justice dans les pays orientaux, surtout chez les Turcs. Il y a des divans de deux sortes, l’un du grand-seigneur, & l’autre du grand-visir.

Le premier qu’on peut nommer le conseil d’état, se tient le dimanche & le mardi par le grand-seigneur dans l’intérieur du serrail, avec les principaux officiers de l’empire au nombre de sept ; savoir le grand-visir, le kaïmacan viceroi de l’empire, le capitan-bacha, le defterdar, le chancelier, les pachas du caire & de boude : & ceux-ci en tiennent de particuliers chez eux, pour les affaires qui sont de leur département ; & comme les deux derniers membres ne s’y trouvent pas, ils sont remplacés par d’autres pachas.

Le divan du grand-visir, c’est-à-dire le lieu où il rend la justice, est une grande salle garnie seulement d’un lambris de bois de la hauteur de deux ou trois piés, & de bancs matelassés & couverts de drap, avec un marche-pié : cette salle n’a point de porte qui ferme ; elle est comme le grand-conseil ou le premier parlement de l’empire ottoman. Le premier ministre est obligé de rendre la justice au peuple quatre fois par semaine, le lundi, le mercredi, le vendredi, & le samedi. Le cadilesker de Natolie est assis à sa gauche dans le divan, mais simplement comme auditeur ; & celui de Romelie en qualité de juge est à sa droite. Lorsque ce ministre est trop occupé, le cansch-bachi tient sa place : mais lorsqu’il y assiste, cet officier fait ranger les parties en deux files, & passer de main en main leurs arzhuals ou requêtes jusqu’au buijuk-teskeregi, premier secrétaire du grand-visir, auquel il lit la requête ; & sur le sujet qu’elle contient, les deux parties sont entendues contradictoirement sans avocats ni longueur de procédures ; on pese les raisons ; des assesseurs resument le tout & concluent. Si leur décision plaît au grand visir, son secrétaire l’écrit au haut de la requête, & le ministre la confirme par le mot sah, c’est-à-dire certain, qu’il souscrit au bas : sinon il fait recommencer le plaidoyer, & décide ensuite de sa pleine autorité, en faisant donner aux parties un hujet ou copie de la sentence. Les causes se succedent ainsi sans interruption jusqu’à la nuit, s’il y en a : on sert seulement dans la salle même de l’audience, un dîner qui est expédié en une demi-heure. Les officiers qui composent ce divan, outre le grand-visir, sont six autres visirs ou conseillers d’état, le chancelier, & les secrétaires d’état. Le chiaoux-bachi se tient à la porte avec une troupe de chiaoux, pour exécuter les ordres du premier ministre. Les causes importantes qui intéressent les officiers de sa hautesse, tant ceux qui sont attachés à sa personne, que ceux qui occupent les grandes charges de l’empire, les délibérations politiques, les affaires de terre & de mer, font la matiere du conseil-privé du grand-seigneur : on l’appelle galibé divan. Il se tient tous les dimanches & les mardis, comme nous l’avons dit. Les autres officiers militaires sont assis à la porte ; le muphti y assiste lorsqu’il y est mandé par un ordre exprès ; le teskeregi ouvre l’assemblée par la lecture des requêtes des particuliers ; le visir azem propose ensuite l’affaire importante qui doit faire la matiere de la délibération ; & après que les membres du galibé divan ont donné leur avis, ce ministre entre seul dans une chambre particuliere, où il fait son rapport au grand-seigneur qui décide.

Lorsque le sultan le juge à-propos, il convoque un conseil général, qui ne differe du galibé divan que par le plus grand nombre des membres qui le composent. Tous les grands de la porte y sont appellés,