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CONTEXTE, s. m. (Théol.) mot usité parmi les Théologiens, & formé du latin contextus, mais équivoque.

Quelquefois dans leurs écrits il signifie simplement le texte des Ecritures, ou d’un auteur, d’un pere, &c.

Quelquefois il signifie cette partie de l’Ecriture-sainte, ou de tout autre livre, qui se trouve avec le texte, soit devant, soit après, soit entre-mêlé ; & alors c’est proprement une glose. Il faut quelquefois consulter le contexte, pour entendre parfaitement le sens du texte. Voyez Texte. (G)

* CONTEXTURE, s. f. terme d’usage, soit en parlant des ouvrages de la nature, soit en parlant des ouvrages de l’art : il marque enchaînement, liaison de parties disposées les unes par rapport aux autres, & formant un tout continu. Ainsi l’on dit la contexture des fibres, des muscles, &c. la contexture d’une chaîne, &c. mais on dit le tissu de la peau, le tissu d’un drap. Tissu a un rapport plus direct que la contexture à cette disposition particuliere des parties qui naît de l’ourdissage : ainsi contexture paroît plus général que tissu.

CONTIGLIANO, (Géog.) petite ville d’Italie dans l’état de l’Eglise, au duché de Spolette.

CONTIGNATION, s. f. (Charpent.) assemblage de pieces de bois destinées à soûtenir des fardeaux, comme planchers, plafonds, toits, &c. Il est propre à la construction des maisons.

CONTIGU, PROCHE, syn. (Gramm.) Ces mots désignent en général le voisinage ; mais le premier s’applique principalement au voisinage d’objets considérables, & désigne de plus un voisinage immédiat : ces deux terres sont contiguës ; ces deux arbres sont proches l’un de l’autre. (O)

Contigu, adj. (Phys.) terme relatif, s’entend des choses placées si près l’une de l’autre, que leurs surfaces se joignent ou se touchent. On dit que les parties d’un corps sont contiguës, lorsqu’elles sont simplement placées les unes auprès des autres, & qu’il ne faut aucun effort pour les séparer. On dit qu’elles sont continues, lorsqu’elles sont jointes ensemble. Les parties des corps durs sont continues ; celles des fluides sont contiguës. Voyez l’article Congrégation. (O)

Contigu, en Géométrie, deux espaces ou solides sont dit contigus, lorsqu’ils sont placés immédiatement l’un auprès de l’autre.

Les angles contigus, en Géométrie, sont ceux qui ont un côté commun : on les appelle autrement angles adjacens, par opposition à ceux qu’on appelle opposés au sommet, qui sont produits par la continuation des côtés des angles au-delà de leur sommet. Voyez Angle & Adjacent. (O)

* CONTINENCE, s. f. vertu morale par laquelle nous résistons aux impulsions de la chair. Il semble qu’il y a entre la chasteté & la continence cette différence, qu’il n’en coûte aucun effort pour être chaste, & que c’est une des suites naturelles de l’innocence ; au lieu que la continence paroît être le fruit d’une victoire remportée sur soi-même. Je pense que l’homme chaste ne remarque en lui aucun mouvement d’esprit, de cœur, & de corps, qui soit opposé à la pureté ; & qu’au contraire l’état de l’homme continent est d’être tourmenté par ces mouvemens, & d’y résister : d’où il s’ensuivroit qu’il y auroit réellement plus de mérite à être continent, qu’à être chaste. La chasteté tient beaucoup à la tranquillité du tempérament, & la continence à l’empire qu’on a acquis sur sa fougue. Le cas qu’on fait de cette vertu n’est pas indifférent dans un état populaire. Si les hommes & les femmes affichent l’incontinence publiquement, ce vice se répandra sur tout, même sur le goût : mais ce qui s’en ressentira particulierement, c’est la propagation de l’espece, qui diminue-

ra nécessairement à proportion que ce vice augmentera ;

il ne faut que réfléchir un moment sur sa nature, pour trouver des causes physiques & morales de cet effet.

Continence, (mesure de) Com. se dit par opposition à mesure d’étendue. Les mesures de continence sont le boisseau, le minot, le litron, le muid, le demi-muid, la pinte, la chopine. Voyez Mesure.

Continence, en terme de jaugeage, est la quantité de mesures, comme de pots ou de pintes, que l’on trouve par la jauge être contenue dans une futaille jaugée. Voyez Jauge.

Continence se dit aussi de l’espalement que les commis des aides font chez les brasseurs de bierre, de leurs cuves, chaudieres, & bacs, pour évaluer le droit du Roi suivant qu’ils contiennent plus ou moins de cette boisson. Voyez le dictionn. du comm. (G)

CONTINENT, s. m. (Géog.) terre ferme, grande étendue de pays, qui n’est m coupée ni environnée par les mers. Continent est opposé à île. Voyez Terre, Océan.

On tient que la Sicile a été autrefois détachée du continent de l’Italie : hæc loca, dit Virgile, vi quondam & vasta convulsa ruina dissiluisse ferunt, cum protinus utraque tellus una foret ; & vraissemblablement l’Angleterre faisoit autrefois partie du continent de France. Voyez la dissertation de M. Desmarêts sur ce sujet, 1753.

La preuve s’en tire, dit M. de Buffon, des lits de terre & de pierre, qui sont les mêmes des deux côtés du pas de Calais, & du peu de profondeur de ce détroit. On peut ajoûter, dit M. Ray, qu’il y avoit autrefois des loups, & même des ours, dans cette île ; & il n’est pas à présumer qu’ils y soient venus à la nage, ou qu’on les y ait transportés.

Les habitans de Ceylan disent que leur île a été séparée de la presqu’ile de l’Inde par une irruption de l’Océan. Les Malabares assûrent que les Maldives faisoient autrefois partie du continent de l’Inde. Une preuve que les Maldives formoient autrefois un continent, ce sont les cocotiers qui sont au fond de la mer. Voyez hist. nat. tome I. art. 19. pag. 586. & seq. Voyez Terraqué & Terre, &c.

On divise ordinairement la terre en deux grands continents connus, l’ancien & le nouveau : l’ancien comprend l’Europe, l’Asie, & l’Afrique ; le nouveau comprend les deux Amériques, septentrionale & méridionale.

On a appellé l’ancien continent, le continent supérieur, parce que, selon l’opinion du vulgaire, il occupe la partie supérieure du globe. V. Antipodes.

On n’est pas encore certain si plusieurs terres connues sont des îles ou des continens.

Quelques auteurs prétendent que les deux grands continens n’en forment qu’un seul, s’imaginant que les parties septentrionales de l’ancien continent sont jointes à celles de l’Amérique septentrionale.

On suppose un troisieme continent vers le midi, que l’on peut appeller le continent antarctique méridional à notre égard, & que l’on nomme terre australe, terre inconnue, terre Magellanique, & de Quir.

Terre australe, parce qu’elle est située vers le midi à notre égard ; inconnue, du peu de connoissance que nous en avons ; Magellanique, de Magellan le premier Européen qui en ait approché, & qui ait donné occasion dans la suite d’en avoir plus de connoissance ; terre de Quir, de Fernand de Quir le premier qui l’a découverte, & nous en a donné une connoissance plus certaine.

L’on pourra faire un quatrieme continent des terres arctiques, si elles sont contiguës entr’elles, & qu’elles fassent un corps séparé de l’Amérique ; & ce continent sera appellé septentrional ou arctique, de sa situation. Introd. à la Géog. par Sanson. (O)