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se réunissent au fond de la cavité & à l’extrémité du noyau, que l’on appelle la pointe de la coquille. En tenant les coquilles turbinées de façon que la pointe soit en haut, la bouche en bas, & l’ouverture en avant, on voit que dans la plûpart la cavité tourne autour du noyau de droite à gauche, & dans quelques-unes de gauche à droite. La premiere division des buccins de terre dépend, selon Lister, de cette différence, quoiqu’il y ait plusieurs especes de coquilles dont la spirale tourne de droite à gauche. On n’a pas laissé de les appeller uniques, pour désigner ce caractere singulier, Pl. XXXI. fig. 14. La surface des buccins tournés de droite à gauche, est lisse ou cannelée ; ceux qui sont lisses, ont la levre, c’est-à-dire les bords de l’ouverture, unie ou dentelée. Ces sortes de dents qui se trouvent dans la bouche des buccins lisses & tournés de gauche à droite, se rencontrent aussi dans quelques buccins tournés de droite à gauche, & servent de caractere pour les distinguer des autres.

Tels sont les caracteres par lesquels Lister a déterminé les genres des buccins de terre. Nous ne pouvons pas rapporter ici le détail des especes qui appartiennent à ces genres ; il suffira de donner une idée générale des caracteres spécifiques qui sont employés dans cette méthode, pour distinguer la plûpart des turbinées : ils sont tirés de la forme des coquilles, & de leurs couleurs.

On remarque pour les formes,

Le nombre des tours que fait la cavité en descendant autour du noyau.

La courbure transversale de cette cavité plus ou moins sensible au-dehors dans ses différens tours. Il faut faire attention que cette courbure qui est transversale par rapport à la cavité, est longitudinale par rapport à la coquille en général.

L’épaisseur de la substance de la coquille.

L’allongement ou l’applatissement du corps de la coquille, ou de sa pointe.

La petitesse ou la grosseur de la coquille.

L’ouverture plus ou moins grande, ou plus ou moins arrondie.

Les cannelures plus ou moins profondes.

Les intervalles des cannelures sont lisses ou couverts de nœuds, ou armés de pointes.

L’ombilic est un trou dont est percé le noyau de la coquille à sa partie supérieure.

Les dents que l’on trouve à l’ouverture de la coquille ; les unes tiennent au noyau, d’autres à la levre de la coquille.

Les treillis, dont les mailles sont plus ou moins fortes sur la surface de la coquille.

L’épaisseur des bords de l’ouverture, qui quelquefois se recourbent en dehors.

Les sinus ou fentes que l’on remarque sur certaines parties des coquilles.

Pour les couleurs. Si la coquille est d’une seule couleur, on la nomme de cette couleur ; s’il y en a plusieurs mêlées, on en décrit les nuances & l’arrangement sur les différentes parties de la coquille : on y voit sur un fond d’une couleur des bandes d’une autre couleur qui suivent les différens tours de la coquille, ou qui les coupent transversalement.

Sur d’autres les couleurs marquent des ondes, des rayons, des panaches, &c.

Ces caracteres ne pourroient pas servir à distinguer les différentes especes de coquilles, s’ils se réunissoient tous dans chaque espece particuliere ; mais on n’en rencontre qu’un petit nombre dans la même coquille, qui souvent est plus que suffisant pour la définition que l’on veut faire ; & il arrive quelquefois qu’un seul caractere spécifie une coquille, lorsqu’il est particulier à son espece : au contraire, s’il est commun à d’autres especes du même genre, il faut

en ajoûter un second & un troisieme, même un quatrieme, &c. si le second ou le troisieme, &c. quoique moins général, n’est pas encore le caractere particulier absolument nécessaire pour que la définition ne soit pas équivoque.

Il faut donc ordinairement employer plusieurs noms, plusieurs épithetes, même des phrases entieres & fort longues, pour désigner une coquille, & pour la distinguer parfaitement de toutes celles qui ne lui sont pas absolument semblables. Ceux qui ne veulent prendre qu’une legere teinture de l’Histoire naturelle, croyent qu’il est inutile de surcharger leur mémoire de toutes ces longues phrases, souvent fort peu intelligibles, à moins qu’on n’en ait fait une étude particuliere. On a voulu substituer aux phrases des Naturalistes des noms plus usités, en donnant aux coquilles ceux des choses auxquelles elles paroissent ressembler. De-là sont venus le ruban, la lampe, le cor de chasse, &c. Beaucoup de gens ont voulu donner de ces sortes de noms. Les uns ont mieux réussi que les autres : il s’en trouve qui sont fort ingénieusement imaginés, & qui caractérisent assez bien les coquilles auxquelles on les a donnés ; mais il y en a beaucoup qui sont amenés de si loin, & fondés sur une ressemblance si legere & si équivoque, qu’on s’y trompe toûjours. D’ailleurs, il n’y a qu’un très-petit nombre de coquilles qui soient susceptibles de ces sortes de noms ; ainsi la plus grande partie n’est pas nommée : quand même elles le seroient toutes, on n’en seroit pas plus avancé ; ces noms sont aussi incertains que les ressemblances sur lesquelles ils sont fondés : on les change souvent, & chacun se fait un langage à part que les autres ne peuvent pas entendre. Il faut donc nécessairement parler la langue des Naturalistes : les commencemens sont un peu pénibles ; mais il en coûte moins qu’on ne pense pour se la rendre familiere.

Limaçons. Tout le monde connoît la forme des limaçons ; les escargots qui rampent dans nos jardins nous en donnent un exemple familier.

Ce genre n’a point de soûdivisions. On distingue ses especes par les mêmes caracteres que nous avons rapportés plus haut pour les especes des buccins.

Limaçons applatis. Dans l’applatissement du limaçon, le noyau est raccourci, & le diametre de la coquille allongé ; la pointe de la coquille est au centre de l’un des côtés, & l’ouverture est dans l’autre.

On distingue les limaçons applatis dont l’intérieur de l’ouverture est lisse, de ceux qui ont des dents.

Lorsque l’intérieur de l’ouverture est lisse, quelquefois les bords de cette ouverture sont tranchans, d’autres fois ils ne le sont pas.

Les limaçons applatis qui ont des dents à l’intérieur de leur ouverture, ont cette même ouverture tournée de gauche à droite, ou de droite à gauche.

Il n’y a que deux nouveaux caracteres parmi les especes de ces quatre genres de limaçons applatis.

1°. La circonférence ou le limbe de la coquille qui est plus ou moins tranchant.

2°. L’ouverture de la coquille, qui dans une espece se retourne & s’ouvre du même côté où paroît la pointe. Pl. XX. fig. 9.

Coquilles d’Eau douce. On trouve dans les coquilles d’eau douce des univalves & des bivalves. Il y a cinq genres d’univalves, dont quatre sont de turbinées ; savoir les buccins, les limaçons, les limaçons applatis, & les nérites : les patelles, qui font le cinquieme genre, ne sont pas turbinées ; elles n’ont pas de volute.

Les bivalves d’eau douce ne sont que de deux genres, savoir celui des moules & celui des petoncles.

Buccins, limaçons, limaçons applatis. Ces genres ne se soûdivisent pas ; leurs especes se distinguent par les mêmes caracteres que nous avons donnés