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leur en est recherchée. Les plus beaux se font dans l’île de la Guadeloupe.

Le coton de Fromager se tire d’une gousse de la grosseur d’un bon œuf, & cette gousse est produite sur un des plus gros & des plus grands arbres que la Nature ait fait croître aux Antilles. Ce coton est d’une extrème finesse ; il est doux comme la soie ; la couleur en est brune, tirant sur celle de l’olive ; il se pelote facilement : les parties qui le composent sont si courtes, qu’il ne peut être filé ; il est presqu’aussi combustible que l’amadou. Les Negres & les chasseurs l’employent au même usage que l’amadou ; pour cet effet ils le portent dans de petites calebasses. On prétend qu’on en pourroit fabriquer de beaux chapeaux. Les habitans ne le mettent qu’en oreillers & en coussins.

Coton de Mahot ; il est beaucoup plus fin que les précédens ; sa couleur est tannée ; la soie est moins luisante ; rien n’est plus doux au toucher ; mais étant aussi court que celui de Fromager, il est impossible de le filer. L’arbre qui le produit croît le long des rivieres ; la fleur en est grosse, jaune, en cloche, & découpée ; la gousse qui lui succede est longue d’un pié, ronde, de 15 à 14 lignes de diametre, cannelée, un peu véloutée, & s’ouvrant d’elle-même quand elle est mûre, ensorte que le coton qui s’échappe d’entre les cannelures recouvre la gousse en entier. On pourroit transporter ce coton dans les climats froids pour en oüetter les vêtemens. Il reste dans le pays, où on ne l’employe qu’aux mêmes usages que celui de Fromager. Article de M. le Romain

COTONNINE, s. f. (Marine.) c’est une grosse toile à chaîne de coton & trame de chanvre, dont on se sert pour les voiles des galeres ; dans quelques endroits on s’en sert aussi pour les petites voiles des vaisseaux. (Z)

COTONNIS, s. m. (Comm.) se dit des tafetas & des couvertures qui viennent des Indes orientales. Ce sont des satins, & non des étoffes en coton, comme on seroit porté à le croire sur le nom.

COTOUAL, s. m. (Hist. mod.) c’est ainsi que l’on nomme, dans quelques pays des Indes, le juge des affaires criminelles, & qui a droit de condamner à mort pour les délits commis, mais qui n’a droit de faire exécuter sa sentence qu’après qu’elle a été ratifiée par le roi ou souverain du pays.

COTTA, sub. m. (Comm.) espece de mesure de continence, dont on se sert aux Maldives pour mesurer les cauris. Le cotta contient douze mille cauris. Voyez Cauris. Voyez les dictionn. du Comm. & de Trév. (G)

Cotta, (Géog. mod.) royaume d’Asie, dans l’île de Ceylan.

* COTTABE, s. m. (Hist. anc.) singularité dont, au rapport d’Athenée, les anciens poëtes faisoient une fréquente mention dans leurs chansons ; c’étoit ou le reste de la boisson, ou le prix de celui qui avoit le mieux bû, ou plus ordinairement un amusement passé de la Sicile en Grece, qui consistoit à renverser du vin avec certaines circonstances auxquelles on attachoit du plaisir. Les principales étoient de jetter en l’air ce qui restoit dans la coupe après qu’on avoit bû, mais à le jetter la main renversée, de façon qu’il retentît sur le parquet, ou dans un vase destiné à le recevoir, & disposé de la maniere suivante. On enfonçoit un long bâton en terre ; on en plaçoit un autre à son extrémité, sur laquelle il faisoit l’équilibre ; on accrochoit aux extrémités de celui-ci deux plats de balance ; on mettoit sons ces plats deux seaux, & dans ces seaux deux petites figures de bronze. Quand on avoit vuidé sa coupe jusqu’à une certaine hauteur fixée, on se plaçoit à quelque distance de cette machine que nous venons de décrire, & on tâchoit de jetter le reste de sa coupe dans un

des plats de la balance ; s’il en tomboit dans le plat autant qu’il en falloit pour le faire pancher, ensorte qu’il frappât la tête de la figure de bronze qui étoit dessous, & que le coup s’entendît, on avoit gagné, sinon on avoit perdu. Cet amusement étoit accompagné de chansons. Les Siciliens, qui en étoient les inventeurs, avoient des lieux publics pour s’y exercer. Ils donnerent le nom de latax, & à la liqueur lancée, & au bruit qu’elle faisoit en retombant. Les Grecs qui s’étoient entêtés du cottabe, auguroient bien ou mal du succès de leurs amours, par la maniere dont il leur réssissoit.

COTTAGE, s. m. (Hist. mod.) est un terme purement anglois, qui signifie une cabane ou chaumiere bâtie à la campagne sans aucune dépendance.

La reine Elisabeth avoit défendu de bâtir aucune maison à la campagne, si petite qu’elle fût, à moins qu’il n’y eût au moins quatre acres de terre adjacente, appartenantes au même propriétaire. Ainsi depuis ce réglement un cottage est une maison qui n’a pas quatre acres de terre de dépendances.

COTTE, s. f. partie du vêtement des femmes ; il s’attache à la ceinture, & descend jusques sur le cou de pié, couvrant toute cette partie du corps. Il n’y a plus que les paysannes qui portent des cottes. Les autres femmes ont des cotillons & des jupes.

Cotte D’armes ; s. f. (Litt. Hist. milit.) habillement militaire qu’on mettoit par-dessus la cuirasse, comme un ornement pour distinguer les différens partis, & le soldat du général. On l’appelloit chez les anciens chlamys, paludamentum, sagum ; & si on en croit la plûpart des auteurs, ce n’étoit qu’une draperie ouverte de tous côtés, & qui s’attachoit sur l’épaule droite avec une boucle ou ardillon. Macrobe rapporte que les anciens comparoient la mappemonde à une cotte d’armes : Plutarque ajoûte qu’Alexandre le grand vit avec plaisir le plan que les architectes avoient fait de la ville d’Alexandrie, qui avoit la figure d’une cotte d’armes macédonienne. Ce qui prouve encore que les cottes d’armes chez les Romains, ainsi que chez les Grecs, n’étoient qu’une draperie qui n’étoit pas fermée, c’est que Néron, au rapport de Suétone, s’en servoit pour berner & faire sauter en l’air ceux qu’il rencontroit la nuit dans les rues : plaisir digne de cet imbécille tyran !

Un autre passage du même auteur (vie d’Othon), détermine encore plus précisément la forme de la cotte d’armes des Romains. Cet écrivain, après avoir dit qu’un centurion nommé Cornelius, étant venu à Rome demander le consulat pour son général, & voyant que les sollicitations étoient infructueuses, leva sa cotte d’armes, & montrant la garde de son épée, « voilà de quoi vous porter à m’accorder ma demande : » rejecto sagulo, ostendens gladii capulum, non dubitasse in curiâ dicere, hic faciet si vos non feceritis. On voit par ces paroles, que la cotte d’armes couvroit les armes de cet officier, & qu’il fut obligé de la relever pour montrer son épée, ce qui ne peut pas convenir à la cuirasse. Ces sortes d’armes, comme les écharpes de nos Cantabres dans la derniere guerre, servoient à distinguer les soldats de chaque parti ; celles des empereurs & des généraux d’armée se nommoient paludamentum, & celles des bas-officiers & des soldats, sagum. Les hauts officiers en avoient de fort longues & de fort riches ; mais le général étoit le seul qui eût le privilége d’en porter une de pourpre : il la prenoit en sortant de la ville, & il la quittoit avant que d’y rentrer.

A l’égard des sayons ou cottes d’armes des Germains, ils ne leur venoient que jusqu’aux hanches. Cluvier nous a conservé la forme de cette cotte d’armes, qui étoit une espece de manteau qui descendoit jusqu’aux hanches, & qui étoit attaché par-devant avec une agraffe ou une petite cheville.