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par laquelle la nature se délivre utilement quelquefois de la matiere morbifique, le medecin doit se proposer quelquefois aussi de l’évacuer par les crachats. Voici les signes qui dénotent que la crise ou les torrens des excrétions se portent vers la poitrine.

Ces signes sont les douleurs dés côtés, la difficulté de respirer, la toux, le crachement de sang qui a paru au commencement d’une maladie ; & avec cela la sécheresse de la peau, la coction imparfaite des urines, la sécheresse du ventre ; en un mot l’absence de tous les symptomes qu’annoncent les évacuations critiques par d’autres couloirs que par ceux de la poitrine.

Le medecin se détermine & favorise les crachats par les mêmes secours par lesquels il tâche de les rétablir, & que nous avons indiqués en général plus haut, lorsque nous avons annoncé que nous proposerions ces moyens aux mots Expectorant, Saignée, Vomitif.

En général, c’est une fausse indication que celle d’arrêter les crachats ; mais cette proposition n’est problématique que pour le cas particulier du crachement de sang. Voyez Hemoptysie. (b)

CRACHEMENT, s. m. action par laquelle on crache. Voyez Crachat.

Crachement de sang, (Medec.) Voyez Hemoptysie & Crachat.

CRACHER, v. act. & neut. rendre la salive par la bouche. Voyez Crachat.

* Cracher, v. n. (Fonderie.) Il se dit de l’action de rejetter une partie du métal en fusion. S’il y a dans le moule quelqu’humidité ; si l’air pressé par le métal qui descend, ne trouve pas une prompte issue, &c alors le métal coulé est repoussé par l’ouverture du jet, & l’on dit que le moule a craché.

CRACHOIR, s. m. (Œcon. domest.) vaisseau dans lequel les crachats sont reçus : il y en a pour les personnes malades ou en santé ; ils sont de fayence ou de porcelaine ; d’autres sont faits de bois en forme d’auge ; on les remplit de chaux vive ; on les place dans les bureaux & dans les maisons de religieux, de religieuses, & autres communautés, partout où l’on s’assemble ; cela entretient la propreté dans ces endroits.

CRACK, s. m. (Marine.) c’est le nom que l’on donne dans le Nord à des bâtimens à trois mâts, dont les Suédois & Danois se servent pour naviger sur la mer Baltique.

CRACKOW, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne au cercle de basse-Saxe, dans le duché de Meklenbourg.

CRACOVIE, (Géog. mod.) grande ville capitale de la Pologne dans un palatinat de même nom, à peu de distance des frontieres de Silésie sur la Vistule ; il y a des mines de sel très-abondantes dans son voisinage. Long. 38. lat. 50. 8.

Cracovie, (le palatinat de) Géog. province de la petite-Pologne, borné par le palatinat de Sendomir, la Siradie, la Silésie & les frontieres d’Hongrie. Ce pays est fertile en mines de différentes especes.

* CRADOS, PESTRES ou PETRES, terme de Pêche ; sortes de poissons dont on fait la pêche dans le ressort de l’amirauté de Brest, avec la seine pierrée ; ils ne servent que d’appas aux lignes des pêcheurs, qui ont demandé la permission de faire cette pêche pendant les mois de Février, Mars & Avril.

Ce sont les chaloupes à sardines qui font cette petite pêche ; elles ont deux mâts, deux voiles, & sont du port de deux tonneaux. L’équipage est de cinq hommes. Les pêcheurs la pratiquent entre le Goulet & Camaret ; ils tendent leur seine de vingt-cinq à trente brasses de longueur, garnie d’une petite pierre, de deux brasses & demie en deux bras-

ses & demie de distance, pour la faire caler : un

seul homme demeure dans le bateau ; les quatre autres restent à terre, où ils ont porté le cordage amarré au canon de la seine ; ils se mettent deux hommes à chaque bout, pour le haler sur des fonds couverts d’herbages, sans aucun plain de sable. Ils prétendent qu’il n’est pas possible de pêcher de cette maniere aucune autre espece de poisson que les crados ou petres ; que le poisson plat & le poisson rond fuient ces sortes de fonds, & qu’il n’y a que les petres qui se tiennent toûjours à la surface de l’eau.

CRAGOCENO, (Géog. mod.) petite ville de la Walachie sur la riviere d’Alant ou d’Olt.

CRAIE, s. f. (Hist. nat. Minéralog.) creta ; c’est une pierre calcaire, plus ou moins friable, qui s’attache à la langue, colore les mains ; sa couleur est blanche, cependant elle varie quelquefois en raison des matieres minérales étrangeres qui y sont jointes. Les parties qui composent la craie, sont comme farineuses, & faciles à détacher les unes des autres.

Les Naturalistes sont partagés sur la formation de la craie. Henckel dans son traité de lapidum origine, pense qu’elle est la terre primitive, terra primogenea, telle qu’elle est sortie des mains du Créateur. Neumann & quelques autres ont crû que la craie se formoit par une espece de décomposition du silex ou de la pierre à fusil. Ces derniers se fondent sur ce que les pierres à fusil noires se trouvent très-souvent dans des couches de craie, & sont environnées d’une écorce qui y ressemble très-fort. Mais de tous les sentimens sur cette formation, il n’y en a point qui approche plus de la démonstration, que celui de ceux qui ne regardent la craie que comme formée des débris de coquilles. En effet, pour peu qu’on considere les parties qui la composent, on y découvrira toûjours des vestiges de coquilles qui en forment le tissu. Quelques auteurs ont rejetté ce sentiment, fondés sur ce qu’il n’étoit point possible d’imaginer que des coquilles eussent pû former des montagnes aussi considérables que le sont celles qu’on trouve remplies de craie ; mais si on fait attention à l’énorme quantité de coquilles qui sont renfermées dans le sein de la terre, & aux couches immenses qu’on en trouve, la surprise cessera, & l’on verra qu’il n’y a rien de plus naturel que la formation que nous venons d’assigner à la craie. Cela posé, la craie doit son origine à la terre animale.

Les principales propriétés de la craie, sont de faire effervescence avec tous les acides, & d’être changée en chaux par l’action du feu ; propriétés qui lui sont communes avec toutes les terres ou pierres calcaires, qui ont d’ailleurs la même origine : & c’est à ces deux qualités que l’on doit reconnoître la craie ; c’est par elles qu’on la distinguera d’une infinité d’autres substances argilleuses & talqueuses, &c… à qui les Naturalistes ont donné mal-à-propos le nom de craie, à cause d’une ressemblance légere & extérieure qu’elles ont avec la craie véritable dont nous parlons. Voyez l’art. Calcaire.

M. Wallerius compte huit especes de craie : 1°. la craie blanche : 2°. la craie d’Angleterre, qui fait une effervescence considérable avec l’eau froide : 3°. la craie d’un blanc-sale : 4°. le lait de lune : 5°. le guhr ou la craie coulante : 6°. la craie en poussiere : 7°. la craie rouge : 8°. la craie verte ; mais toutes ces différentes especes ne different entr’elles que par le plus ou le moins de liaison de leurs parties, par la couleur, & par d’autres qualités purement accidentelles.

Quoique la craie n’ait pas beaucoup de solidité, on ne laisse point que de s’en servir avec succès pour bâtir ; & tout le monde sait que presque toute la ville de Reims en Champagne est bâtie de cette espece de pierre.