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en admettant une fois une matiere infiniment diffuse, qui remplisse toutes les parties de l’espace, le mouvement devient alors impossible. Je pourrois faire valoir ici toutes les raisons qu’on allegue contre les Cartésiens, qui bannissent absolument le vuide de l’univers, & qui tâchent de concilier le mouvement avec le plein ; mais ce n’est pas là de quoi il est question. Les Cartésiens eux-mêmes seront les premiers à m’accorder que si la matiere existe nécessairement, le mouvement ne sauroit y être introduit de quelque maniere que ce soit : car d’où pourroit naître en elle le mouvement ? ou il seroit inhérent à sa nature, ou il lui seroit imprimé par quelque cause distinguée d’elle ; or on ne peut dire ni l’un ni l’autre. Que le mouvement lui soit naturel, ou qu’elle l’ait reçû de Dieu, peu importe ; ce qu’il y a de certain, c’est que ce mouvement une fois introduit dans la matiere, influera sur les parties qui la composent, les transportera d’un lieu à un autre lieu, les placera diversement les unes par rapport aux autres, en un mot en formera diverses combinaisons : or si la matiere est infinie & qu’elle existe nécessairement, tous ces déplacemens & toutes ces combinaisons, effets naturels du mouvement, deviendront impossibles : la raison en est que chaque partie de matiere existera nécessairement dans la partie de l’espace qu’elle occupe. Ce n’est pas le hasard qui l’aura placée là plûtôt qu’ailleurs, ni dans le voisinage de telles parties plûtôt que dans le voisinage d’autres : la même raison qui fait qu’elle existe nécessairement, fait aussi qu’elle existe dans un endroit plûtôt qu’ailleurs. C’est ici qu’a lieu la raison suffisante de M. Leibnitz. Donc si la matiere existe nécessairement, le mouvement devient impossible.

La création de rien est donc conforme à la raison ; elle éleve la puissance de Dieu au plus haut degré, & elle arrache jusqu’aux racines de l’athéisme. Cet Article est en grande partie de M. Formey.

CRECELLE, CRESSERELLE, CERCERELLE ou QUERCERELLE, tinnunculus, (Hist. nat. Ornitholog.) cenchris. Cet oiseau pese neuf onces ; il a treize pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue ; l’envergure est de deux pieds quatre pouces ; le bec est court, crochu, pointu ; la partie supérieure est blanche, & la pointe noirâtre : il y a une membrane jaune autour des narines, & deux appendices à l’endroit où le bec se recourbe, qui frottent contre la partie inférieure : la langue est fourchue : les paupieres sont jaunâtres : l’ouverture de la bouche est grande, & le palais de couleur bleue.

La tête est grande, le sommet large, applati, de couleur cendrée, & parsemé de petites lignes noires longitudinales ; le dos, les épaules & les petites plumes des ailes sont rousses, & marquées de taches noires à la pointe ; le croupion est de couleur cendrée, & les tuyaux des plumes sont noirs ; la poitrine & le ventre ont une couleur rousse-pâle, avec des taches noires qui suivent la longueur des plumes : il y a ordinairement deux taches sur chacune ; l’une des taches vers la pointe, l’autre dans le milieu, & une ligne noire qui s’étend de l’une des taches à l’autre. On ne voit point de taches noires sur les plumes du menton & du bas-ventre, qui sont d’une couleur rousse plus foncée. Les cuisses ont la même couleur que le bas-ventre, mais on y voit quelques petites taches noires. Il y a environ vingt-quatre grandes plumes dans les ailes ; les premieres sont brunes, & tachées de blanc sur les barbes extérieures ; les taches sont disposées de façon qu’elles représentent une sorte de scie : la couleur des six ou sept dernieres plumes est rousse ; les barbes intérieures de ces plumes sont entrecoupées de bandes brunes transversales ; toute la face inférieure de

l’aile est blanche, & parsemée de taches brunes.

La queue est composée de douze plumes qui ont sept pouces de longueur ; les plumes extérieures sont les plus courtes, & les autres sont toûjours de plus en plus longues jusqu’à celles du milieu. La pointe de ces plumes est de couleur blanchâtre tirant sur le roux, & plus bas il y a une large bande noire & transversale : le reste de la queue est de couleur cendrée, avec des taches noires : les ailes sont très-longues, & s’étendent presque jusqu’à l’extrémité de la queue : les pattes sont d’un beau jaune, & les ongles noirs.

Le mâle differe de la femelle en ce qu’il est plus petit, & que les plumes de la tête & du dos sont de couleur cendrée : la femelle n’est pas plus grosse qu’un pigeon.

On apprivoise facilement la crecelle, & on la dresse pour la chasse, comme les autres oiseaux de proie ; elle ne prend pas seulement les petits oiseaux, mais encore les perdreaux ; elle niche dans des creux de chêne & d’autres arbres ; elle ne fait pas son nid sur les branches, comme les corneilles, mais dans des trous, comme le chouca ; elle ne pond jamais plus de quatre œufs, qui sont blancs, parsemés de taches rougeâtres. Willughby. Voyez Oiseau. (I)

CRECHE, s. f. (Hist. ecclés.) mangeoire des animaux. S. Luc raconte que la sainte Vierge & S. Joseph n’ayant pû trouver place dans l’hôtellerie publique, furent obligés de se retirer dans l’étable où la sainte Vierge mit au monde Jesus-Christ, & l’ayant emmailloté, le coucha dans une creche. Les anciens peres qui parlent du lieu de la naissance du Sauveur, marquent toûjours qu’il naquit dans une caverne creusée dans le roc. S. Justin & Eusebe disent que ce lieu n’est pas dans la ville de Bethléem, mais à la campagne près de la ville. Ils en devoient être mieux informés que d’autres, puisque S. Justin étoit du pays, & qu’Eusebe y avoit sa demeure. Saint Jérome met cette caverne à l’extrémité de la ville de Bethléem, vers le midi.

La sainte Vierge fut obligée de mettre l’enfant Jesus nouveau-né dans la creche de l’étable où elle étoit, parce qu’elle n’avoit point de berceau ni d’autre lieu où le placer. La creche étoit apparemment ménagée dans le rocher, & il pouvoit y avoir au-dedans de la creche de pierre une auge de bois où l’enfant Jesus fut couché. La creche que l’on conserve à Rome est de bois. Un auteur latin cité dans Baronius sous le nom de S. Chrysostome, dit que la creche où Jesus-Christ fut mis étoit de terre, & qu’on l’avoit ôtée pour mettre en sa place une creche d’argent.

Les Peintres ont accoûtumé de représenter auprès de la creche du Sauveur un bœuf & un âne. On cite pour ce sentiment le passage d’Isaïe : le bœuf a reconnu son maître, & l’âne la creche de son seigneur ; & ces autres d’Abacuc, vous serez connu au milieu de deux animaux ; & plusieurs peres disent que Jesus-Christ dans la creche a été reconnu par le bœuf & par l’âne. L’auteur du poëme sous le nom de Lactance, est exprès pour ce sentiment, aussi-bien que l’auteur du livre des promesses cité sous le nom de S. Prosper. Mais nonobstant ces autorités, plusieurs critiques doutent que le bœuf & l’âne ayent été dans l’étable de Bethléem, ni l’Evangile ni les anciens peres ne l’ayant point remarqué, & les passages d’Isaïe & d’Abacuc, que l’on cite pour le prouver, ne le marquant pas distinctement. Calmet, diction. de la bible. (G)

Creche, (Hydr.) espece d’éperon bordé d’une file de pieux, & rempli de maçonnerie devant & derriere les avant-becs de la pile d’un pont. C’est encore une file de pieux en maniere de bâtardeau rempli de maçonnerie, pour empêcher que l’eau ne dégravoye un pilotis. (K)