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tes, au lieu d’être terminées par des lignes droites, le sont par des lignes courbes, telles que celles des roues de la pendule à ressort. Pl. III. de l’Horlog. (T)

Croisée, (Menuiserie.) est ce qui ferme les baies des fenêtres des appartemens, & ce qui porte les vîtres. Voyez la Pl. IV. de Menuiserie, fig. 1.

Devant de croisée, dessous d’appui, soubassement de croisée, est la partie de lambris qui remplit depuis la croisée jusques sur le parquet ou quarreau.

Croisée, en terme d’Orfevre en grosserie ; ce sont les trois branches d’une croix assemblée, aux extrémités desquelles on met des fleurons, fleurs-de-lys ou autres ornemens, pour les terminer avec grace.

* CROISEMENT, s. f. (Soierie.) c’est l’action d’unir & tordre les uns sur les autres les brins qui forment le fil de soie, ce qui s’exécute au moulin. Il n’y a point de croisement à la soie plate.

CROISER, (Jurispr.) en matiere de taxe de dépens, signifie marquer d’une croix sur la déclaration de dépens, les articles dont on se plaint. Lorsqu’il y a appel de la taxe, l’intimé fait mettre au greffe la déclaration de dépens, avec les pieces justificatives ; & en conséquence il somme l’appellant de croiser les articles dont il se plaint, & ce dans trois jours, suivant l’ordonnance : faute par le procureur de l’appellant de croiser dans ce délai, on peut se pourvoir pour faire déclarer l’appellant non-recevable en son appel. Après que le procureur de l’appellant a croisé, l’intimé peut se faire délivrer exécutoire des articles non croisés dont il n’y a pas d’appel.

Si l’appel est sous deux croix ou chefs d’appels seulement, il faut se pourvoir à l’audience ; mais s’il y a plus de deux croix, il faut prendre au greffe l’appointement de conclusion, pour instruire l’appel comme procès par écrit.

L’ordonnance veut que l’appellant soit condamné en autant d’amendes qu’il y aura de croix & chefs d’appels sur lesquels il sera condamné, à moins qu’il ne soit appellant des articles croisés par un moyen général.

L’appellant réunit souvent sous deux chefs d’appel sept ou huit articles de la déclaration dont il se plaint, soit pour éviter l’appointement, soit pour éviter la multiplicité des amendes, au cas qu’il succombe.

Si la taxe est infirmée, on ordonne que les articles croisés seront réformés ; savoir, l’article tel, sous la premiere croix, taxé à… sera réduit à… & ainsi des autres Voyez l’ordonn. de 1667. titre des dépens, art. 28. 29. 30. & 31. & ci-après Dépens. (A)

Croiser, (Mar.) c’est faire différentes routes & courses dans quelques parages ou parties de la mer dans lesquels on va & revient pour observer tout ce qui s’y passe, ou pour y rencontrer des vaisseaux ennemis, ou pour en assurer la navigation contre les corsaires. (Z)

Croiser les traits, (Charp.) c’est, lorsqu’on trace quelqu’ouvrage, faire passer les traits les uns sur les autres, sans répandre de confusion sur le dessein.

Croiser, (Jardinage.) se dit des branches d’un arbre en espalier qui passent les unes sur les autres, ce qui est quelquefois nécessaire pour remplir un vuide dans le mur : ce n’est plus alors un défaut. (K)

Croiser la gaule par derriere, (Maréchall.) voyez Gaule. (V).

* Croiser les lacs, (Manuf. en soie.) Lorsqu’un fond d’or est en quatre dorures, & qu’on le veut mettre en deux, on tire le premier & le troisieme lacs, le second & le quatrieme ; ce qui s’appelle les croiser.

CROISERIE, s. f. (Vann.) ouvrages de croiserie ; ce sont des ouvrages à jour que les Vanniers appellent de ce nom, parce qu’ils sont faits de brins d’osier croisés les uns sur les autres de différentes manieres.

CROISÉS, adj. pris subst. (Hist. mod.) c’est ainsi qu’on appelle dans l’histoire, depuis le onzieme jusqu’à la fin du treizieme siecle, les gentilshommes & les soldats qui s’unissoient pour faire le voyage de la Terre-sainte, ou pour y combattre contre les infideles. On les nommoit ainsi d’une croix d’étoffe qu’ils portoient cousue sur l’épaule.

Ce mot signifie la même chose dans les anciennes coûtumes d’Angleterre. Il désigne aussi les chevaliers de S. Jean de Jérusalem, qui portoient cette croix sur l’estomac, & protégeoient les pélerins. On entend encore par ce terme tous les nobles qui sous les regnes d’Henri II, de Richard premier, de Henri III, & d’Edouard premier, se croiserent, cruce signati, c’est-à-dire se consacrerent aux guerres entreprises pour le recouvrement de la Terre-sainte. V. Croisade. (G)

CROISETTE, subst. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante qui ne differe du caille-lait & du grateron, que par le nombre de ses feuilles, qui naissent quatre à quatre à chaque nœud des tiges. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Caille-lait, Grateron, Plante. (I)

Croisette, (Mat. med.) cette plante passe pour vulnéraire, astringente, dessicative : on la recommande sur-tout dans les cas où le scrotum est gonflé par la descente de l’intestin.

La décoction prise dans du vin est bonne dans les descentes. Cette plante est très-rarement, ou plutôt n’est jamais prescrite par les medecins. (b)

Croisette, (Marine.) quelques marins donnent ce nom à la clé ou cheville qui sert à joindre & entretenir le bâton du pavillon avec le mât qui est au-dessous. (Z)

Croisette, terme de Blason, petite croix. Il y a des écus semés de croisettes. Les faces & autres pieces honorables sont quelquefois chargées ou accompagnées de croisettes. Menetr. & Trév. (V)

CROISIC, (le) Géog. mod. petite ville maritime de France, dans la province de Bretagne, avec un port.

CROISIERS, s. m. pl. (Hist. eccl.) nom d’une congrégation de chanoines réguliers. Voyez Chanoine.

Il y a trois ordres qui ont porté ou portent encore ce nom. L’un est d’Italie, l’autre a pris son origine dans les Pays-Bas, & le troisieme en Boheme.

Ils prétendent venir de S. Clet, & ajoûtent que S. Quiriace Juif, qui montra à S. Helene le lieu de la vraie croix, & qui se convertit ensuite, les réforma. Ce qu’il y a de certain, c’est que cet ordre étoit établi en Italie avant qu’Alexandre III. montât sur la chaire de S. Pierre, puisque ce pontife fuyant la persécution de l’empereur Fréderic Barberousse, trouva un asyle dans le monastere des croisiers, qu’il prit ensuite sous sa protection en 1169, lui donnant la regle de S. Augustin.

Pie V. l’approuva de nouveau ; mais la discipline réguliere s’y étant extrèmement affoiblie, Alexandre VII. les supprima tout-à-fait en 1656.

Mathieu Paris dit que des croisiers ou religieux porte-croix, portant des bâtons au bout desquels il y avoit une croix, vinrent en Angleterre en 1244, se présenter au synode que tenoit l’évêque de Rochester, pour être reçus.

Dodswarth & Dugdale parlent de deux monasteres de cet ordre en Angleterre, l’un à Londres, l’autre au bourg de Ryegate ; celui-ci fondé en 1245, & l’autre en 1298. Quelques-uns en comptent un troisieme à Oxford, où ils furent reçus en 1349. M.