Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/617

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut-être bien percer la pierre : on en a trouvé de fort petits dans des corps assez durs.

La coquille des dails n’occupe que la moitié inférieure de leur trou ; il y a dans l’autre moitié une partie charnue de figure conique, qui s’étend jusqu’à l’orifice du trou, & rarement au-delà : l’extrémité de cette partie est frangée ; le dedans est creux & partagé en deux tuyaux par une cloison ; l’animal attire l’eau par le moyen de ces tuyaux, & la rejette par jet. Mém. de l’acad. roy. des Scienc. année 1712.

Les dails, dactyli Plinii, ont la propriété d’être lumineux dans les ténebres, sans qu’il y ait d’autre lumiere que celle qu’ils répandent, qui est d’autant plus brillante que le coquillage renferme plus de liqueur : cette lumiere paroît jusques dans la bouche de ceux qui mangent des dails pendant la nuit, sur leurs mains, sur leurs habits, & sur la terre dès que la liqueur de ce coquillage se répand, n’y en eût-il qu’une goutte ; ce qui prouve que cette liqueur a la même propriété que le corps de l’animal. Hist. nat. Plin. lib. IX. cap. lxj.

Ces faits ont été vérifiés nouvellement sur les côtes de Poitou, & se sont trouvés vrais dans tous les détails. On n’a vû sur ces côtes aucune autre espece de coquillage, qui fût comme les dails lumineux dans l’obscurité ; il n’y a même aucun poisson ni aucune sorte de chair d’animaux qui ait cette propriété avant d’être pourris, tandis que les dails n’en répandent jamais plus que lorsqu’ils sont plus frais, & ils ne jettent plus aucune lumiere lorsqu’ils sont corrompus à un certain point. L’animal dépouillé de la coquille est lumineux dans toutes les parties de son corps, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ; car si on le coupe, il sort de la lumiere du dedans comme du dehors. Ces coquillages en se desséchant perdent la propriété d’être lumineux. Si on les humecte, il reparoît une nouvelle lumiere, mais elle est beaucoup plus foible que la premiere ; de même celle que jette la liqueur qui sort de ce coquillage s’étend peu-à-peu à mesure que cette liqueur s’évapore. Cependant on peut la faire reparoître par le moyen de l’eau, par exemple, lorsqu’on a vû cette lumiere s’éteindre sur un corps étranger qui avoit été mouillé de la liqueur du coquillage, on fait reparoître la même lumiere en trempant ce corps dans l’eau. Mém. de l’acad. roy. des Scienc. année 1723. (I)

D’AILLEURS, DE PLUS, OUTRE CELA, (Gramm. Synon.) Ces mots désignent en général le surcroît ou l’augmentation. Voici une phrase où l’on verra leurs différens emplois. M. un tel vient d’acquérir par la succession d’un de ses parens dix mille livres de rente de plus qu’il n’avoit ; outre cela, il a encore hérité d’ailleurs d’une fort belle terre. (O)

DAILLOTS ou ANDAILLOTS, s. m. pl. (Marine.) ce sont des anneaux avec lesquels on amarre la voile, qu’on met dans le beau tems sur les étais. Ces anneaux font le même effet sur l’étai, que font les garcettes sur la vergue. Dict. de Trév. (Z)

DAIM, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) dama recentiorum, cervus platyceros ; animal quadrupede, différent de celui que les anciens appelloient dama, & qui étoit une espece de bouc ; il avoit les cornes dirigées en avant, & la queue s’étendoit jusqu’au jarret.

L’animal auquel nous donnons le nom de daim, ressemble beaucoup au cerf, mais il est plus petit, & il en differe sur-tout en ce que ses cornes sont larges & plates par le bout. On a comparé cette partie a la paume de la main, parce qu’elle est entourée de petits andouillers en forme de doigts, c’est pourquoi on appelle ces cornes cornua palmata. Voyez Cerf.

Willughby a distingué des daims de quatre especes, qui étoient en Angleterre dans une ménagerie : 1°. des daims d’Espagne ; ils étoient aussi grands que des cerfs, mais ils avoient le cou plus mince & une

couleur plus brune ; leur queue étoit plus longue que celle des daims ordinaires, & de couleur noirâtre, sans qu’il y eût de blanc en-dessous : 2°. des daims qui avoient différentes couleurs, telles que le blanc, le noir, & une couleur d’arene : 3°. des daims de Virginie, qui étoient plus grands & plus forts que les daims ordinaires ; ils avoient le cou plus grand, & leur couleur approchoit plus de la couleur cendrée que de celle de l’arene ; leurs membres & leurs testicules étoient plus gros que ceux des autres : 4°. enfin il y avoit des daims dont les sabots des piés de derriere étoient marqués d’une tache blanche ; ils avoient les oreilles grandes, la queue longue, les cornes branchues, & l’enfoncement qui se trouvoit entre les yeux peu profond ; on les nourrissoit avec du pain, des pommes, des poires, & d’autres fruits. Ray, Synop. anim. quad. (I)

Daim, (Venerie.) lorsque cet animal se sent poursuivi des chiens, il ne fait pas si longue fuite que le cerf : il recherche toûjours son pays ; il fuit les voies autant qu’il peut, & prend sur-tout le change des eaux où il se laisse forcer.

Quand on veut quêter un daim, on va volontiers le chercher dans le pays sec où il se met en hardes avec les autres, à la réserve du mois de Mai jusqu’à la fin d’Août ; pendant ce tems il se retire dans des buissons pour se garantir de l’importunité des moucherons qui le piquent dans cette saison.

Il faut quêter le daim comme le cerf ; & à la réserve du limier & de la suite, on pratique la même chose à l’égard du daim.

On remarque seulement que pour y réussir, il suffit de prendre cinq ou six chiens des plus sages pour lui donner en chasse ; & si l’on rencontre par hasard l’endroit où le daim aura fait son viandis le matin, ou bien de relevée, ou celui de nuit, on laissera pour lors faire les chiens, observant seulement qu’ils prennent le droit pié, car autrement ce seroit en vain qu’on chercheroit cet animal. Voyez l’article Cerf. On appelle ses petits danneaux.

Daim, (Art méchaniq. Chamoiseur.) le daim fournit dans le commerce les mêmes marchandises que le cerf. Sa peau est assez estimée après qu’elle a été passée en huile chez les Chamoiseurs, ou en mégie chez les Mégissiers. On en fait des gants, des culotes, & autres ouvrages semblables. Voyez l’article Chamoiseur.

DAINTIERS, s. m. pl. (Venerie.) ce sont les testicules du cerf. On dit aussi dintier.

DAIRI ou DAIRO (le), s. m. Hist. du Jap. c’est aujourd’hui le souverain pontife des Japonois, ou comme Kœmpfer l’appelle, le monarque héréditaire ecclésiastique du Japon. En effet, l’empire du Japon a présentement deux chefs ; savoir, l’ecclésiastique qu’on nomme dairo, & le séculier qui porte le nom de kubo. Ce dernier est l’empereur du Japon, & le premier l’oracle de la religion du pays.

Les grands prêtres sous le nom de dairi, ont été long tems les monarques de tout le Japon, tant pour le spirituel que pour le temporel. Ils en usurperent le throne par les intrigues d’un ordre de bonzes venus de la Corée, dont ils étoient les chefs. Ces bonzes faciliterent à leur dairi le moyen de soûmettre toutes les puissances de ce grand empire. Avant cette révolution il n’y avoit que les princes du sang ou les enfans des rois, qui pussent succéder à la monarchie : mais après la mort d’un des empereurs, les bonzes ambitieux éleverent à cette grande dignité un de leurs grands-prêtres, qui étoit dans tout le pays en odeur de sainteté. Les peuples qui le croyoient descendu du soleil, le prirent pour leur souverain. La religion de ces peuples est tout ce qu’on peut imaginer de plus fou & de plus déplorable. Ils rendirent à cet homme des hommages idolatres : ils se persuaderent