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force à l’estomac, arrêtent le flux de ventre qui vient du relâchement des fibres, & fortifient les intestins : c’est par leur douceur mêlangée d’astriction, qu’elles secourent assez efficacement dans la toux, en adoucissant les organes du poumon. C’est encore à cette même vertu que l’on doit rapporter les bons effets qu’elles produisent, appliquées extérieurement. Enfin c’est par ces qualités qu’elles sont quelquefois utiles dans les maladies des reins & de la vessie. Prosper Alpin détaille tout cela. Dioscoride parmi les anciens, est un de ceux qui s’est le plus étendu à exalter les vertus medicinales des dattes ; & les modernes en le copiant, suivant leur coûtume, ont encore renchéri sur ses éloges : c’est pourquoi on a fait entrer les dattes dans le looch de santé, le syrop résomptif, les especes appellées diathamaron Nicolai, l’électuaire diaphénic, le diaphénic solide, & autres préparations barbares, plus propres à donner du ridicule à la Medecine qu’à soulager un malade. Rejettons toutes ces compositions grotesques ; & puisque nous ne vivons point dans le pays des dattes thébéennes & égyptiennes, contentons-nous d’employer celles qui nous viennent de Tunis, ou extérieurement en cataplasme pour amollir, ou intérieurement avec les figues, les jujubes, les raisins secs, dans les décoctions pectorales : alors choisissons pour ces décoctions les dattes qui ne seront point percées, vermoulues, cariées ; car celles de Salé, par exemple, de Provence & d’Italie, sont presque toûjours gâtées, & celles d’Espagne sont rarement cueillies mûres. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

DATURA ou STRAMONIUM, (Jardin.) Voyez Stramonium.

DAUBE, s. f. en terme de Cuisine ; est le nom qu’on donne à une maniere d’apprêter une piece de volaille ou autre viande. On la fait cuire à moitié dans du bouillon, de fines herbes & des épices ; on la retire ensuite de ce bouillon pour la passer dans le sain doux, puis on acheve de la faire cuire dans son premier bouillon. Les volailles à la daube sont ordinairement piquées de lard, & farcies.

DAUCUS, s. m. (Botan.) Voyez Carotte.

Daucus de Candie, daucus Creticus, (Pharm. & matiere medic.) Il n’y a que la semence du daucus de Candie ou de Crete qui soit en usage dans la Pharmacie. Elle entre dans beaucoup de compositions officinales ; savoir, dans la thériaque, le mithridate, le diaphœnix, le philonium romanum, l’électuaire de baies de laurier, le syrop d’armoise, l’eau hystérique, &c. Cette semence est une des quatre petites semences chaudes. Voyez Semences chaudes.

La semence de daucus est recommandée pour les douleurs & les maladies de la matrice, dans la toux chronique, le hoquet & la colique venteuse. Geoffroy, mat. med.

Il y a une autre espece de daucus connue sous le nom de daucus vulgaris, en françois chyrouis, carotte sauvage. On substitue souvent la semence de celui-ci à celle du daucus de Candie.

DAUGREBOT, (Mar.) Voyez Dogre-bot.

DAVID, (Saint-) Géog. mod. ville d’Angleterre au pays de Galles, dans le comté de Pembrock, non loin de la mer. Long. 12. 22. lat. 52. 5.

David, (Saint-) Géog. mod. fort des Indes orientales sur la côte de Coromandel, au midi du fort Saint-Georges : il appartient à la compagnie des Indes orientales d’Angleterre. Longit. 97. 30. lat. 11. 30.

DAVIDIQUES, Davidies, s. m. (Hist. ecclésiast.) sorte d’hérétiques sectateurs de David George vitrier, ou, selon d’autres, peintre de Gand, qui en 1525 commença à prêcher une nouvelle doctrine. Il publioit qu’il étoit le vrai Messie envoyé pour rem-

plir le ciel, qui demeuroit vuide faute de gens qui

méritassent d’y entrer.

Il rejettoit le mariage avec les Adamites ; il nioit la résurrection, comme les Saducéens ; il soûtenoit avec Manès, que l’ame n’étoit point souillée par le péché, & il se mocquoit de l’abnégation de soi-même, tant recommandée par J. C. C’étoient-là ses principales erreurs.

Il se sauva de Gand, & se retira d’abord en Frise, puis à Bâle, où il changea de nom, prenant celui de Jean Bruch. Il mourut en 1556.

Il laissa quelques disciples, auxquels il avoit promis de ressusciter trois ans après sa mort. Il ne fut pas tout-à-fait faux prophete en ce point ; car les magistrats de Bâle ayant été informés au bout de trois ans de ce qu’il avoit enseigné, le firent déterrer, & brûler avec ses écrits par la main du bourreau. Il y a encore des restes de cette secte ridicule dans le Holstein, sur-tout à Friederikstadt, où ils sont mêlés avec les Arminiens. Voyez Adamites, Arminiens, &c. Dictionn. de Trév. & Chambers. (G)

DAVIER, s. m. instrument de Chirurgie qui sert à l’extraction des dents ; c’est une espece de pincette dont le corps à jonction passée, divise l’instrument en extrémités antérieure & postérieure.

L’extrémité antérieure qui fait le bec de la pincette, ressemble à un bec de perroquet. Il y a deux mâchoires ; la supérieure, qui est la continuité de la branche femelle, est plus grande & beaucoup plus courbée que l’inférieure, puisque l’arc qu’elle forme fait plus du demi-cercle, & qu’à peine l’inférieure forme un segment de cercle. Pour concevoir la courbure de cette mâchoire, il faut supposer une corde qui aille d’une des cornes du cercle à l’autre ; elle aura dans un instrument bien construit neuf lignes de longueur, & le rayon qui viendra du centre du cercle à celui de la corde, aura cinq lignes.

Comme cet instrument doit être très-fort, la largeur de la mâchoire supérieure près de la jonction, est de quatre lignes sur trois lignes d’épais ; elle va ensuite en diminuant un peu de largeur & d’épaisseur, pour se terminer par une extrémité qui est divisée en deux dents, ce qui lui donne plus de prise sur la rondeur de la dent.

La mâchoire inférieure est moins grande que la supérieure ; elle a huit lignes de long, la même largeur & épaisseur, diminuant en tous sens à mesure qu’elle approche de son extrémité, où elle est, de même que la précedente, divisée en deux dents : sa courbure est fort petite, & à peine le rayon de son arc a-t-il une ligne.

Il faut que les mâchoires dont nous venons de parler soient d’une trempe très-dure, afin de résister à l’effort qu’elles font sur les dents.

L’extrémité postérieure, ou le manche de l’instrument, est composée de deux branches qui sont plus ou moins contournées, pour rendre la prise plus commode. La branche supérieure, ou branche mâle, a une courbure qui regarde le dedans, & est si légere qu’à peine s’éloigne-t-elle de l’axe de cinq lignes. La branche femelle a une courbure beaucoup plus grande qui l’éloigne de l’autre, pour donner de la prise & de la force à l’instrument.

La longueur de ces extrémités postérieures est au moins de trois pouces sept lignes, & celle de tout l’instrument n’a pas plus de cinq pouces deux lignes. Chaque branche est plate & va en augmentant, ayant à sa fin sept lignes de largeur. Voyez Pl. XXV. de Chirurgie, fig. 10 & 11.

Cet instrument qui forme une pincette des plus fortes, parce que la résistance est fort proche du point fixe, & que la puissance en est éloignée, sert à pincer & à embrasser exactement une dent qu’on