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comme cette élévation se peut faire du moins de trois manieres dans les systèmes reçus, il y a trois sortes de dièses ; savoir, 1. le dièse enharmonique mineur, ou simple dièse qui se figure par une croix de S. André, ainsi Selon tous nos Musiciens, qui suivent la pratique d’Aristoxene, il éleve la note d’un quart de ton : mais il n’est proprement que l’excès du semi-ton majeur sur le semi-ton mineur : ainsi du mi naturel au fa bémol, il y a un dièse enharmonique, dont le rapport est de 125 à 128.

2. Le dièse chromatique, double dièse, ou dièse ordinaire, marqué par une double croix , éleve la note d’un semi-ton mineur : cet intervalle est égal à celui du bémol, c’est-à-dire, la différence du semi-ton majeur au ton mineur ; ainsi pour monter d’un ton depuis le mi naturel, il faut passer au fa dièse. Ce rapport de dièse est de 24 à 25. Voyez sur cet article une remarque importante au mot Semi-ton.

3. Le dièse enharmonique majeur, ou double dièse, marqué par une croix triplée , éleve selon les Aristoxéniens, la note d’environ trois quarts de ton. Zarlin dit qu’il l’éleve d’un semi-ton mineur : ce qui ne sauroit s’entendre de notre semi-ton, puisqu’alors ce dièse ne différeroit en rien de notre dièse chromatique.

De ces trois dièses, dont les intervalles étoient tous pratiqués dans la musique ancienne, il n’y a plus que le chromatique qui soit en usage dans la nôtre, l’intonation des dièses enharmoniques étant pour nous d’une difficulté presque insurmontable.

Le dièse, de même que le bémol, se place toûjours à gauche devant la note qui le doit porter, & devant ou après un chiffre, il signifie la même chose que devant une note. Voyez Chiffrer. Les dièses qu’on mêle parmi les chiffres de la basse-continue, ne sont souvent que de simples croix, comme le dièse enharmonique : mais cela ne sauroit causer d’équivoque, puisque ce dernier n’est plus en usage.

Il y a deux manieres d’employer le dièse ; l’une accidentelle, quand dans le cours du chant, on le place à la gauche d’une note : cette note se trouve le plus communément la quatrieme du ton dans les modes majeurs ; dans les modes mineurs, il faut ordinairement deux dièses accidentels, savoir un sur la sixieme note, & un sur la septieme. Le dièse accidentel n’altere que la note qui le suit immédiatement, ou tout au plus celles qui, dans la même mesure, se trouvent sur le même degré sans aucun signe contraire.

L’autre maniere est d’employer le dièse à la clé : alors il agit dans toute la suite de l’air, & sur toutes les notes qui sont placées sur le même degré que lui, à moins qu’il ne soit contrarié par quelque dièse ou béquarre accidentel, ou que la clé ne change.

La position des dièses à la clé n’est pas arbitraire, non plus que celle des bémols ; autrement les deux semi-tons de l’octave seroient sujets à se trouver entre eux hors de la distance prescrite. Il faut appliquer aux dièses un raisonnement semblable à celui que nous avons fait au mot bémol, & l’on trouvera que le seul ordre qui peut leur convenir à la clé, est celui des notes suivantes, en commençant par fa & montant de quinte, ou descendant de quarte jusqu’au la auquel on s’arrête ordinairement ; parce que le dièse du mi qui le suivroit, ne differe point du fa dans la pratique.

Ordre des dièses à la clé.
FA, UT, SOL, RÉ, LA.

Il faut remarquer qu’on ne sauroit employer un dièse à la clé, sans employer aussi ceux qui le précedent ; ainsi le dièse de l’ut ne se pose qu’avec celui du fa, celui du sol qu’avec les deux précédens, &c.

Nous avons donné au mot Clé une formule pour

trouver tout d’un coup si un ton ou mode donné doit porter des dièses à la clé, & combien. (S)

DIESPITER, s. m. nom de Jupiter. Ce nom, selon quelques-uns, est la même chose que dios pater, Jupiter pere ; car Jupiter est grec, ζεὺς ou δεὺς, d’où viennent les cas obliques διὸς, &c. D’autres disent que Diespiter est la même chose que Dieipater, pere du jour. S. Augustin tire ce nom de dies, jour, & partus, production, enfantement ; parce que c’est Jupiter qui produit le jour. Servius & Macrobe sont du même sentiment. Le premier dit que dans le langage des Osques on disoit Lucetius, & Diespiter en latin.

Struvius (Antiq. rom. chap. j.) prétend ce semble que Diespiter est Pluton ; mais il s’est trompé sur la leçon du mot : car dans Cicéron, aussi bien que dans l’inscription qu’il cite d’après Gruter, il n’y a que Dispater, & non pas Diespiter. Chambers & Trév. (G)

DIESSENHOFEN, (Géog. mod.) ville de Suisse au canton de Schaffouse ; elle est située sur le Rhin. Long. 26. 25. lat. 47. 45.

DIEST, (Géog. mod.) ville du Brabant sur la Demer. Long. 22. 35. lat. 50. 59.

* DIETE, s. f. (Hist. anc.) chez les Romains, c’étoit une petite salle à manger, pratiquée à côté d’une grande, & prise tantôt au-dedans, tantôt au-dehors de celle-ci. On mangeoit dans la grande salle à manger ou dans une diete, selon le nombre des convives.

Diete de l’Empire, (Droit publ. & Hist. mod.) comitia imperii : on nomme ainsi l’assemblée générale des états de l’empire, convoquée par l’empereur pour traiter des affaires qui regardent tout l’empire, ou quelques-uns des membres qui le composent.

Autrefois l’empereur seul avoit droit de convoquer la diete ; mais aujourd’hui il faut qu’il s’assûre du consentement des électeurs, & qu’il convienne avec eux du lieu où elle doit s’assembler ; & même dans de certains cas, les électeurs ont le droit de convoquer la diete sans le consentement de l’empereur. La raison de cette différence, comme l’a fort bien remarqué un auteur moderne, « c’est que l’intérêt général des principaux membres doit être le même que celui de tout le corps en matiere de politique ; au lieu que l’intérêt du chef n’a souvent rien de commun avec celui des membres, & lui est même quelquefois fort opposé ». Voyez le droit public germanique, tom. I. pag. 231. Dans quelques occasions, les électeurs ont invité l’empereur à convoquer une diete. Dans l’absence de l’empereur, le droit de convocation appartient au roi des Romains s’il y en a un d’élu ; & en cas d’interregne, il ne paroît point décidé si ce droit appartient aux électeurs ou aux vicaires de l’empire.

Quand l’empereur s’est assûré du consentement des électeurs, & est convenu avec eux du lieu où la dieté doit se tenir, il doit inviter tous les états à comparoître six mois avant que l’assemblée se tienne. Autrefois cette convocation se faisoit par un édit général ; mais depuis Fréderic III. les empereurs sont dans l’usage d’adresser les lettres d’invitation à chaque état qui a droit de suffrage & de séance à la diete de l’empire. On voit par-là que les électeurs, les princes ecclésiastiques & séculiers, les comtes & prélats immédiats du second ordre, & enfin les villes impériales, doivent être invités.

Les princes ecclésiastiques doivent être appellés à la diete, même avant que d’avoir été confirmés par le pape ; pendant la vacance des siéges épiscopaux, on invite le chapitre qui a droit de s’élire un évêque. Quant aux princes séculiers, ils peuvent être invités, même avant d’avoir pris l’investiture de l’empereur. Si. un prince état est mineur, la lettre d’invitation s’adresse à son tuteur, ou à l’administra-