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rendre la balance fausse. Dans la balance du sieur Galonde, on ne voit ni ces cordons, ni deux bassins mobiles, ni un support inutile, ni deux godets nuisibles, comme je l’ai remarqué dans ma traduction. Et en effet il est étonnant que M. Cramer n’ait pas fait attention à ce défaut. Dans la balance nouvelle le sol sur lequel portent les bassins est garni d’une glace, & encore ce corps-là n’est-il pas trop propre à remplir les vûes qu’on se propose, car il se charge d’une humidité que j’ai vû causer une erreur d’un quarantieme de grain. Mais on a remédié à ce défaut en contournant le porte-bassin de façon qu’il ne peut porter que sur le petit talon qui est inférieur au cercle. Sans cette correction, on eût été fort embarrassé à trouver un corps qui en même tems qu’il auroit été aussi poli que le verre, n’auroit point ainsi que lui réflechi l’humidité, & ne se seroit point déjetté.

Passons maintenant aux fourneaux d’essais, nous en donnerons de quatre especes : le premier sera celui de M. Cramer : le second sera celui des fournalistes de Paris : le troisieme celui de Schlutter qui est sans grille, & le quatrieme le fourneau d’essai à l’angloise, qui n’a encore été décrit nulle part, pas même par les Anglois que je sache. Ces fourneaux ont des différences réelles ; chaque espece a ses perfections & ses inconvéniens, qui peuvent la faire rechercher & abandonner.

Le principal fourneau d’un laboratoire docimastique, celui auquel on donne particulierement le nom de fourneau d’essai ou de coupelle, se construit de la maniere suivante. Voy. nos Planches de Chimie. Faites avec de la tole un prisme creux, quadrangulaire, large d’onze pouces, & haut de dix, aabb : ajoûtez à sa partie supérieure une pyramide tronquée de même matiere, également creuse & quadrangulaire bbcc, haute de sept pouces, & terminée par une ouverture de même diametre. Vous ferez ce sol, ou bas du fourneau aussi d’un morceau de tole quarré, & de grandeur capable d’en former la partie inférieure aa. Tout près de ce sol, pratiquez une ouverture e, haute de trois pouces, & large de cinq, pour le soupirail ou porte du cendrier. Au-dessus de cette porte, à six pouces du bas du fourneau, faites-en une autre f arquée par sa partie supérieure, ressemblant à un demi-cercle, large de quatre pouces à sa base, & haute de trois dans sa partie la plus élevée. Préparez trois bandes de tole dont chacune sera longue d’onze pouces. La premiere sera de la largeur d’un demi-pouce gg ; vous l’attacherez par son bord inférieur au moyen de quelques clous à la base du fourneau, ayant eu soin auparavant de la plier de façon qu’elle forme entre elle & le fourneau une rainure capable de laisser un libre exercice aux portes en coulisses kk qu’elle doit recevoir, lesquelles sont destinées à fermer le soupirail, & doivent être faites d’une tole épaisse. Vous placerez la seconde hh dont la largeur doit être de trois pouces, parallélement à la premiere, dans l’espace qui est entre la porte du cendrier & la bouche du foyer. Ses bords inférieurs & supérieurs doivent laisser également une rainure entre eux & le fourneau. La premiere, c’est-à-dire l’inférieure, devant recevoir la partie supérieure des portes ou coulisses du soupirail, & la seconde ou superieure, la partie inférieure des portes & coulisses fermant la bouche du feu. Appliquez la troisieme bande, de même largeur que la premiere immédiatement au-dessus de la porte de la moufle, de façon que sa rainure soit tournée vers la partie inférieure du fourneau. Vous ferez ensuite les fermetures en coulisses dont nous venons de parler. Il y en aura deux pour fermer chaque porte. Elles seront de tole ainsi que le reste, de telle épaisseur, & construites de façon kkll qu’elles puissent glisser li-

brement dans les rainures. Vous pratiquerez une ouverture

à la partie supérieure de chacune des fermetures ll de la porte de la moufle. L’une sera longue d’un pouce & demi, & large d’un cinquieme m ; & l’autre semi-circulaire, longue de 2 pouces n sur 1 de hauteur. Chaque coulisse sera munie d’une poignée, afin qu’on puisse la mouvoir avec facilité. Vers la partie inférieure de la porte de la moufle f, vous attacherez sur la bande hh un crampon x propre à recevoir un canal de tole forte b, & à l’appliquer vis-à-vis la même porte. Ce canal sera long de six pouces, large de quatre, & aura ses côtés hauts de trois. Il sera garni d’une dent y que l’on engrenera dans ce crampon a, quand il sera nécessaire de le placer devant la porte de la moufle. Vous ferez au fourneau cinq autres trous ronds d’un pouce de diametre, deux à la partie antérieure du fourneau oo, deux autres à la postérieure, à la distance de 5 pouces de sa base, & de 3 pouces & demi de chacun de ses côtés, & le dernier p, un pouce au-dessus du bord supérieur de la porte du foyer f. Le fourneau devant être garni de lut en-dedans ; pour l’y faire tenir, vous placerez à 3 pouces les uns des autres de petits crochets de fer d’un demi pouce de long. Vous adapterez à l’ouverture supérieure du fourneau, un dome creux, quadrangulaire q, de la hauteur de 3 pouces, large de 7 par sa base, ainsi que la partie supérieure de la pyramide d qui doit le recevoir, & se terminant en un tuyau ou cheminée r de 3 pouces de diametre, sur 2 de haut, un tant-soit-peu plus gros à son origine qu’à son extrémité. Ce commencement de tuyau est fait pour être reçu dans un autre également de tole, plus petit à sa partie supérieure qu’à sa base, de 2 piés de haut t, & destiné à rendre le feu de la derniere violence, étant adapté au précédent, qu’il doit embrasser très-exactement de la longueur d’un pouce & demi ou 2, ou à le diminuer par son absence. Ce dome q doit être garni de deux anses ss, afin de pouvoir l’ôter ou le remettre à volonté avec les tenailles. Vous aurez la précaution aussi pour rendre ce dome stable sur l’ouverture du fourneau, d’attacher à ses bords droits & gauches, une bande de tole que vous réfléchirez vers le fourneau, de façon qu’elle forme une rainure ouverte par le devant & par le derriere, capable de recevoir les bords latéraux du dome, de l’assujettir, & de permettre qu’on lui fasse faire un petit mouvement, en l’inclinant tantôt en arriere, & tantôt en avant ; quand il sera question de le mettre ou de l’ôter, vous attacherez aux parois intérieurs du fourneau, à la hauteur du bord supérieur du soupirail e, une bande de tole forte qui régnant tout autour, formera un quarré dont chaque côté sera large d’un pouce & demi. Ses fonctions seront de soûtenir la grille du cendrier & le garni du fourneau. Vous la ferez de deux pieces, afin d’avoir la commodité de l’introduire dans le fourneau, où elle sera soûtenue par des clous qui le perceront de toutes parts, à la hauteur dont nous avons parlé, & sailliront d’un pouce en-dedans. Reste maintenant à lui donner le garni que nous avons indiqué ci-dessus. Voyez Garni.

Le fourneau d’essai des Fournalistes de Paris est aussi représenté dans nos Pl. Il est tout en terre & à trois portes à son cendrier. Sa pyramide n’est pas aussi haute que celle du fourneau de Cramer ; & il n’a point de dome, à moins qu’on ne donne ce nom à sa pyramide. Il est susceptible de recevoir un tuyau pour augmenter le jeu de l’air & la vivacité du feu. Il est un peu plus long d’arriere en avant, que large. Du reste, les proportions sont à-peu-près les mêmes dans l’un & dans l’autre, où nous remarquons le même défaut. Il consiste en ce qu’il ne peut tenir sous la moufle qu’une couche de charbon de 2 pouces tout au plus, au lieu qu’il en faut 4 ou 5 pour