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premieres voies, dans les endroits où se trouvent des humeurs arrêtées, croupissantes, pourries, alors le mal est topique : les boissons chaudes, copieuses, farineuses, détersives, légerement diaphoretiques, sont employées avec succès pour délayer, émousser, & dissiper les matieres acrimonieuses lorsqu’on ne peut pas y apporter remede extérieurement.

Si la douleur provient d’un corps étranger qui distend ou irrite les nerfs, il faut tacher d’en faire l’extraction, si elle est possible, par les secours de la Chirurgie, ou en excitant autour la suppuration, qui en opere l’expulsion.

La maniere la plus parfaite de guérir la douleur, est d’en emporter la cause sans qu’il se fasse aucune altération dans les organes du sentiment : mais quelquefois on ne connoît pas cette cause, même dans les plus grandes douleurs ; ou si on la connoît, on ne peut pas la détruire. Dans le cas où la douleur presse le plus, il faut cependant y apporter quelque remede, ce qui ne peut se faire qu’en rendant les nerfs affectés insensibles, ou en ôtant au cerveau la faculté de recevoir les impressions qui lui sont transmises de la partie souffrante.

On peut obtenir le premier effet par la section, ce qui est souvent l’unique remede dans les plaies où il y a des nerfs ou des tendons coupés en partie ; il faut en rendre la solution de continuité totale, pour faire cesser la trop grande tension des fibres qui restent entieres. On employe quelquefois le feu pour détruire le sentiment de la partie souffrante, en brûlant le nerf avec un fer chaud, comme on pratique pour les grandes douleurs des dents, ou avec des huiles caustiques. Hippocrate & les anciens medecins faisoient grand usage du feu actuel contre les douleurs, comme il en conste par leurs œuvres : les Asiatiques y ont encore souvent recours, comme curatif & comme préservatif, pour les douleurs de goutte & autres ; ils se servent pour cet effet d’une espece de cotton en forme de pyramide, qu’ils font avec des feuilles d’armoise, qu’ils appellent moxa ; ils l’enflamment après l’avoir appliqué sur la partie souffrante ; voyez Moxa. C’est un problème à résoudre, de déterminer si l’on a bien ou mal fait d’abandonner l’usage des cauteres actuels ; voyez Cautere. La compression est aussi très-efficace pour engourdir le nerf qui se distribue à la partie souffrante, par exemple, dans les amputations des membres.

Mais lorsqu’on ne peut pas détruire le nerf, ou qu’il ne convient pas de le faire ; lorsque l’on ne peut pas remédier à la douleur par aucun des moyens extérieurs ou intérieurs proposés, on n’a pas d’autre ressource que celle de rendre le cerveau inepte à recevoir les sensations, ensorte que le sentiment de la douleur cesse, quoique la cause subsiste toûjours. On produit cet effet, ou en engourdissant toute la partie sensitive de l’animal par le moyen des remedes appellés narcotiques, qui sont principalement tirés des pavots & de leurs préparations, comme l’opium, le laudanum, dont l’effet est généralement parlant aussi sûr & aussi utile lorsqu’ils sont employés à-propos & avec prudence, que leur maniere d’agir est peu connue ; sans eux la Medecine seroit souvent en défaut, parce qu’il est presque toûjours important de suspendre l’effet de la douleur, pour travailler ensuite plus aisément à en emporter la cause, si elle en est susceptible. Mais on doit avoir attention de faire précéder les remedes généraux, sur-tout les saignées, dans les maladies inflammatoires, dolorifiques, parce que les narcotiques augmentent le mouvement des humeurs ; d’ailleurs par l’effet de ces remedes tous les symptomes de la douleur cessent, comme l’inquiétude, les agitations, l’insomnie : quoique la cause soit toûjours appliquée, le relâchement des nerfs en diminue beaucoup l’effet topique, si la douleur est

accompagnée de spasme comme dans l’affection hystérique : on doit associer les anti-spasmodiques aux narcotiques, comme le castoreum, le succin, la poudre de Guttette, le sel sédatif de M. Homberg, &c. Voyez Convulsion, Hystéricité, Spasme, Narcotique, Anodin. Voyez sur la douleur en général, Wanswieten, comment. aphor. Boerhaave, & Astruc, pathol. therapeut. Cet article est extrait en partie des ouvrages cités de ces auteurs.

Douleur d’estomac. Voyez Cardialgie.

Douleur des intestins. Voyez Colique.

Douleur de reins. Voyez Reins & Nephrétique.

Douleur de tête. Voyez l’art. Cephalalgie.

Douleur des membres. Voyez Rhumatisme, Goutte. (d)

* Douleur : (Mytholog.) la douleur étoit, dans la Mythologie, fille de l’Erebe & de la Nuit.

DOUNEKAJA-GAUHAH, (Hist. nat.) arbrisseau des Indes, dont les feuilles ont deux doigts de large, & jusqu’à six piés de longueur : elles sont, dit-on, hérissées de pointes des deux côtés.

DOURAK, (Géog. mod.) ville de Perse, située au confluent de l’Euphrate & du Tigre. Long. 74. 32. lat. 32. 15.

DOURDAN, (Géog. mod.) ville de l’île de France ; elle est située sur l’Orge. Longitude 19. 42. lat. 48. 30.

DOURLACH, (Géog. mod.) ville de la Souabe, en Allemagne ; elle est située sur la riviere de Giezen. Long. 27. 3. lat. 48. 58.

DOUROU, (Hist. nat.) plante des Indes, qui se trouve dans l’île de Madagascar, qui ressemble assez à un paquet de plumes : ses feuilles ont deux piés de large, & quatre ou cinq de long. Les Indiens nomment son fruit voadourou : on dit qu’il ressemble à une grappe de raisin, & est de la même longueur qu’un epi de blé de Turquie : on retire de l’huile des baies de cette plante, ou bien on les écrase pour les réduire en farine, qui mêlée avec du lait fait une espece de bouillie qu’on mange. Hubner, dictionn. universel.

DOUTE, s. m. (Log. & Mét.) Les Philosophes distinguent deux sortes de doutes, l’un effectif & l’autre méthodique. Le doute effectif est celui par lequel l’esprit demeure en suspens entre deux propositions contradictoires, sans avoir aucun motif dont le poids le fasse pencher d’un côté plûtôt que d’un autre. Le doute méthodique est celui par lequel l’esprit suspend son consentement sur des vérités dont il ne doute pas réellement, afin de rassembler des preuves qui les rendent inaccessibles à tous les traits avec lesquels on pourroit les attaquer.

Descartes naturellement plein de génie & de pénétration, sentant le vuide de la philosophie scholastique, prit le parti de s’en faire une toute nouvelle. Etant en Allemagne, & se trouvant fort desœuvré dans l’inaction d’un quartier d’hyver, il s’occupa plusieurs mois de suite à repasser les connoissances qu’il avoit acquises, soit dans ses études, soit dans ses voyages ; il y trouva tant d’obscurité & d’incertitude, que la pensée lui vint de renverser ce mauvais édifice, & de rebâtir, pour ainsi dire, le tout à neuf, en mettant plus d’ordre & de liaison dans ses principes.

Il commença par mettre à l’écart les vérités revélées, parce qu’il pensoit, disoit-il, que pour entreprendre de les examiner, & pour y réussir, il étoit nécessaire d’avoir quelque extraordinaire assistance du ciel, & d’être plus qu’Homme. Il prit donc pour premiere maxime de conduite, d’obéir aux lois & aux coûtumes de son pays, retenant constamment la religion dans laquelle Dieu lui avoit fait la grace