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défilé, il suit immédiatement, parce qu’en cette rencontre, & à cause du service, l’officier des gardes le laisse passer avant lui. Le Roi passant sur un pont étroit, l’écuyer met pié à terre & vient tenir l’étrier de Sa Majesté, de crainte que le cheval du Roi ne bronche ou ne fasse quelque faux pas. Si le grand ou le premier écuyer suivoit le Roi, il tiendroit l’étrier de la droite, & l’écuyer de quartier ou de jour, celui de la gauche.

Si-tôt que le Roi a des éperons, s’il ne met pas son épée à son côté, l’écuyer de jour la prend en sa garde. Si le Roi de dessus son cheval laisse tomber quelque chose, c’est à l’écuyer à la lui ramasser, & à la lui remettre en main. A l’armée l’écuyer du Roi sert d’aide de camp à Sa Majesté : un jour de bataille, c’est à l’écuyer à mettre au Roi sa cuirasse & ses autres armes.

Ecuyer, premier Ecuyer-tranchant, (Histoire mod.) Le premier écuyer-tranchant exerce, ainsi que le grand-pannetier & le grand-échanson, aux grands repas de cérémonie, comme à celui du sacre du Roi, le jour de la cene ; & aux jours d’une grande célébrité, tel que seroit le jour d’une entrée du Roi & de la Reine.

Dans le nombre des gentilshommes-servans pour le service ordinaire du Roi, il y a douze gentilshommes-pannetiers, douze gentilshommes-échansons, & douze appellés écuyers-tranchans. Voyez Gentilshommes-servans.

Les provisions de M. de la Chesnaye de Rougemont, aujourd’hui premier écuyer-tranchant, sont de porte cornette blanche & premier tranchant.

On voit dans une ordonnance de Philippe-le-Bel, de 1306, que le premier valet tranchant, que nous appellons aujourd’hui premier écuyer-tranchant, avoit la garde de l’étendart royal, & qu’il devoit dans cette fonction marcher à l’armée « le plus prochain derriere le Roi, portant son panon qui doit aller çà & là par-tout où le Roi va, afin que chacun connoisse où le Roi est ».

Ces deux charges étoient possédées par la même personne sous Charles VII. & sous Charles VIII & l’ont presque toûjours été depuis. C’étoit sous cet étendart royal, nommé depuis cornette-blanche que combattoient les officiers commensaux du Roi, les seigneurs & gentilshommes de sa maison, & les gentilshommes volontaires.

Les charges de premier écuyer-tranchant & de porte-cornette blanche, étoient possédées en 1660 jusqu’en 1678, par le marquis de Vandeuvre, du surnom de Mesgrigny. En 1680 le comte de Hombourg avoit la charge de premier écuyer-tranchant, sans avoir celle de porte-cornette blanche, comme il paroît par l’état de la France de cette année ; ce qui dénote que le marquis de Vandeuvre pourroit lui avoir vendu l’une & s’être réservé l’autre.

Après sa mort, en 1685, ces deux charges furent réunies en la personne de M. de la Chesnaye, en faveur de qui M. le comte de Hombourg se démit de celle de premier tranchant ; c’est ce que portent les provisions de M. de la Chesnaye, qui marquent en même tems que la charge de cornette blanche étoit vacante par le décès du marquis de Vandeuvre. Edit. de l’état de la France, de 1749.

Ecuyer-Bouche : la fonction de cet officier est lorsque le Roi mange à son grand couvert en grande cérémonie, de poser en arrivant sur une table dressée à un des coins de la salle, du côté de la porte, les plats, pour les présenter proprement aux gentilshommes-servans qui sont près de la table du Roi. Ceux-ci font faire l’essai de chaque plat à chacun de ces officiers de la bouche en présence de Sa Majesté, à mesure qu’ils les leur remettent pour être présentés sur la table du Roi.

Ecuyer, (Manége.) titre dont on seroit plus avare & que l’on prostitueroit moins, si l’on considéroit tous les devoirs auxquels il engage, & tous les talens qu’il suppose. Non-seulement on l’accorde aux personnes à l’état & à la place desquelles il est attaché, mais on le donne libéralement à tous ceux à qui l’on confie le soin d’un équipage, qui courent & galopent des chevaux, & qui n’ont d’autre mérite que celui d’avoir acquis par l’habitude, la tenue & la fermeté dont nos moindres piqueurs sont capables. Nous voyons même que les auteurs du dictionnaire de Trévoux, dont les décisions à la vérité n’ont pas toûjours force de loi, qualifient ainsi les personnes du sexe : On dit aussi d’une femme qui monte hardiment à cheval, que c’est une bonne écuyere.

Il semble qu’on n’a jamais fait attention aux suites ridicules de notre facilité & de notre foiblesse à souscrire à l’usurpation des titres. Ils satisfont l’amour propre, & cet objet une fois rempli, la plûpart des hommes ne veulent rien de plus : ainsi, tant que l’épigrammatiste sera regardé comme poëte, le déclamateur ou le rhéteur de collége comme orateur, le répétiteur d’expériences comme physicien, le disséqueur comme anatomiste, l’empyrique comme medecin, le maçon comme architecte, le journaliste comme un critique éclairé, le palefrenier ou le piqueur comme écuyer, &c. les progrès des Sciences, des Lettres & des Arts seront toûjours très lents ; en effet ces progrès ne dépendront alors que d’un très-petit nombre de génies privilégiés, moins curieux & moins jaloux d’un nom qui les confondroit avec le peuple du monde littéraire, que de l’avantage de penser, d’approfondir & de connoître. (e)

Ecuyer, (Jardin.) est une perche ou un piquet mis à un arbre pour le conduire. (K)

Ecuyer, (Œcon. rust.) faux bourgeon qui croît au pié d’un sep de vigne ; quelquefois il réussit, & répare le ravage de la gelée.

Ecuyer, (Ven.) c’est un jeune cerf qui souvent en accompagne un vieux.

ED

EDAM, (Géog. mod.) ville des Pays-bas hollandois sur le Zuiderzée. Long. 52. 33. latit. 22. 28.

* EDEN, s. m. (Géog. & Hist.) contrée d’Orient où étoit le paradis terrestre. Ceux qui dérivent l’étymologie de Jourdain des mots jor, & ader, ruisseau, & aden ou eden, prétendent que l’Eden étoit situé sur les bords du Jourdain & du lac de Genesareth, ou de gennar-sara, c’est-à-dire le jardin du prince. Les Musulmans admettent aussi l’Eden ; ç’a été l’occasion pour leurs docteurs de débiter beaucoup de visions. Eden est encore une ville du mont Liban, située dans un lieu très-agréable. Voy. l’art. Paradis terrestre.

* EDESSE, s. f. (Géog. anc. & mod.) ville de la Mésopotamie, fondée par Séleucus-le-Grand dans l’Osrhoëne, environ 400 ans avant J. C. Abgare roi d’Edesse, converti, dit-on, par saint Thomas, avoit commencé, dit-on, à croire en J. C. sur sa seule réputation ; les Grecs du bas empire ont débité là-dessus bien des fables. Edesse s’appelle aujourd’hui Orsa.

EDHEMITES ou EDHEMIS, s. m. (Hist. ecclés.) sorte de religieux mahométans, ainsi nommés d’Ibrahim Edhem leur instituteur, dont ils racontent des choses fort singulieres, & entr’autres qu’en méditant l’alcoran il prononçoit souvent cette priere : « O Dieu ! tu m’as donné tant de lumieres, que je connois évidemment que tu prends soin de ma conduite, & que je suis sous ta protection ; c’est pourquoi je me voue à la méditation de la Philosophie,