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ment avec changement de couleur de la peau, comme dans la rougeole, les taches scorbutiques, & autres de cette nature. Voyez Exantheme. (d)

EFFLOTÉ, adj. (Marine.) se dit d’un navire qui s’est écarté d’une flote avec laquelle il alloit de compagnie ; mais ce terme n’est guere d’usage. (Z)

EFFLUVES, s. m. pl. effluvia, se dit quelquefois en Physique, pour désigner la même chose qu’on entend par émanations. Voyez Emanations. Ce mot est formé des mots ex, de, & fluo, je coule. (O)

EFFONDRER, v. act. (Jardinage.) une terre, un jardin, c’est renverser la terre sens-dessus-dessous, y mettant au fond un lit de fumier & la comblant des meilleures terres du pays. On peut encore mettre à part celles du dessus, pour les jetter dans le fond, & mettre les mauvaises dessus, qui, par ce remuement & les bons engrais qu’on leur donnera, deviendront comme les autres. Ce travail s’est fait de tous tems ; Ciceron, de senect. lib. VI. en a fait mention. Voyez Améliorer. (K)

EFFORT, s. m. (Méchan.) terme fréquemment usité parmi les Philosophes & les Mathématiciens, pour désigner la force avec laquelle un corps en mouvement tend à produire un effet, soit qu’il le produise réellement, soit que quelque obstacle l’empêche de le produire.

On dit en ce sens qu’un corps qui se meut suivant une courbe, fait effort à chaque instant pour s’échapper par la tangente ; qu’un coin qu’on pousse dans une piece de bois fait effort pour la fendre, &c.

L’effort paroît être, suivant quelques auteurs, par rapport au mouvement, ce que le point est par rapport à la ligne ; au moins ont-ils cela de commun tous les deux, que comme le point est le commencement de la ligne ou le terme par où elle commence, l’effort est aussi, selon ces auteurs, le commencement de tout mouvement : mais cette derniere idée ne peut s’appliquer tout au plus qu’aux efforts qui tendent à produire une vîtesse infiniment petite dans un instant, comme l’effort de la pesanteur, celui de la force centrifuge, &c. Si l’on veut entendre par le mot effort toute tendance au mouvement, ce qui est bien plus exact & plus naturel, alors la mesure de l’effort sera la quantité de mouvement qu’il produit ou qu’il produiroit si un obstacle ne l’en empêchoit, ou, ce qui est la même chose, le produit de la masse par la vîtesse actuelle du corps ou par sa vîtesse virtuelle, c’est-à-dire par la vîtesse qu’il auroit sans la résistance de l’obstacle. Voyez Force, Action, Percussion, Pesanteur, &c. (O)

Effort, (Medecine.) ce terme est employé dans la physique du corps humain, pour signifier les mouvemens extraordinaires de la nature, tendant à opérer des effets utiles pour le bien de l’économie animale ; ou à procurer des changemens avantageux, en surmontant, en écartant les résistances qui empêchent l’ordre dans l’exercice des fonctions lésées ; en expulsant ou en corrigeant les causes morbifiques, par la coction & les crises qui la suivent.

C’est sur ce principe, fondé sur l’histoire des maladies exactement recueillie pendant plusieurs siecles, « que la nature a la faculté de faire, & fait réellement des efforts salutaires dans le cours des maladies ; & que les mouvemens en quoi consistent ces efforts, s’operent avec un certain ordre, tant que la puissance qui les produit, conserve la faculté d’agir », in quantùm superest natura sana in corpore ægro. C’est sur ce principe, dis-je, que la plûpart des anciens & des plus célebres medecins d’entre les modernes, qui en ont été convaincus par leurs propres observations, ont établi leur méthode de traiter les maladies. Ils ont subordonné les secours de l’art aux indications que fournit la nature, c’est-à-dire qu’ils ont borné ces secours à seconder

les efforts qu’elle employe pour détruire les causes des maladies. Ils ont distingué soigneusement parmi les phénomenes qui ne subsistent constamment que dans le cas de lésion de fonctions, ceux qui ne sont que des efforts salutaires auxquels la cause morbifique donne lieu, mais qu’elle ne produit pas, d’avec les symptomes, qui sont des effets immédiats de cette cause, qui sont par conséquent toûjours nuisibles, qu’il est aussi toûjours nécessaire de faire cesser. Ils ont laissé agir la nature, dans tous les cas où elle a & où elle employe des moyens suffisans pour combattre efficacement les causes morbifiques, par les différens efforts qu’elle fait. Ils n’ont fait que suppléer à son défaut, par les secours propres à lever les obstacles qui rendent ses efforts inutiles ; ils ont secondé, aidé, excité ceux qu’elle peut faire avec avantage, lorsqu’elle a cependant besoin d’être renforcée, d’être réveillée ; ensorte que les effets de l’art ne sont jamais qu’une imitation de la méthode que suit la nature lorsqu’elle se suffit à elle-même, ainsi qu’il arrive dans la guérison d’une infinité de maladies, qu’elle opere sans aucun secours : méthode que le medecin doit connoître avant toutes choses.

La fievre, les spasmes, les convulsions, sont les trois especes de mouvemens extraordinaires auxquels on peut rapporter ceux qui forment les différens efforts que la nature employe pour détruire les diverses causes morbifiques. Ces trois sortes de mouvemens ne doivent cependant être regardés, & ne sont en effet qu’une augmentation, une intensité plus ou moins considérables, diversement combinées, des mouvemens systaltique, tonique, & musculaire, qui sont les agens nécessaires de la vie saine, & de sa conservation ; d’où il suit que par une admirable disposition de la Providence, ce qui paroît un desordre dans l’économie animale, est très-souvent un effet des moyens employés par la nature pour réparer ce desordre.

En effet, la cause de la maladie étant établie, c’est-à-dire la matiere morbifique qui cause la fievre, par exemple, étant formée dans le corps, il est plus nécessaire, par la disposition de la machine, que les efforts de la nature, c’est-à-dire les mouvemens extraordinaires des organes de la circulation du sang, à laquelle cette cause morbifique est opposée ; que ces efforts, dis-je, soient employés, qu’il n’est nécessaire que les alimens étant portés dans l’estomac, il s’excite dans cet organe des mouvemens propres à en procurer la digestion : ensorte que lorsqu’on arrête, qu’on empêche de quelque maniere que ce soit les efforts fébriles, avant que la coction de la matiere morbifique soit faite, on cause un desordre plus réel que n’étoit la fievre elle-même ; & on peut dire de ce desordre qu’il est plus grand dans les secondes voies, que ne seroit dans les premieres celui que l’on y causeroit en suspendant l’ouvrage de la digestion par quelque moyen que ce puisse être.

Tout se passe en mouvemens digestifs dans toutes les parties du corps humain. La chylification, la sanguification, les secrétions & excrétions, sont autant de différentes digestions. Tant que rien ne s’oppose à ces mouvemens & à leurs effets naturels, ils sont modérés, & conformes aux regles de la santé. Dès que ces mouvemens trouvent de la résistance, qui tend à les diminuer ou à les faire cesser, au détriment de l’économie animale, la puissance motrice, par une plus grande dépense de forces, augmente ces mouvemens, les rend plus considérables que dans l’état de santé, à proportion des obstacles à vaincre : dès-lors ce sont des efforts, conamina. Ainsi, comme toutes les différentes digestions (dénomination sous laquelle on peut comprendre, comme il vient d’être dit, toutes les préparations des hu-